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Deux ans après son agression par un policier, Cyd demande justice

Rouée de coup lors d’une intervention de la police à Bordeaux en 2018, une jeune sans-domicile tente aujourd’hui de faire reconnaître ces faits par l’administration, afin de montrer qu’il ne peut plus être « aussi facile pour un agent de taper quelqu’un gratuitement ».

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Deux ans après son agression par un policier, Cyd demande justice

La maraude avait « mal tourné », selon le témoignage – relayé par Rue89 Bordeaux – d’une bénévole ayant assisté médusée à l’intervention musclée de la police, ce mois de mai 2018 sur le cours Victor-Hugo. Une jeune sans abri, Cyd, avait eu le tort de répliquer à un agent intervenu pour séparer une bagarre entre SDF, et s’était faite traiter en retour de « sale shootée ». Cela dégénéra rapidement.

« C’est vrai que je ne fermais pas ma gueule alors il m’ont mis au sol et roué de coups de pied et de coups de poing, se rappelle-t-elle aujourd’hui. J’ai eu mal partout pendant plusieurs jours, comme après une grosse branlée, quoi. Malheureusement quand on est à la rue, une altercation avec les flics, ça arrive régulièrement. »

Aussi, Cyd ne réagit pas dans l’immédiat, persuadée que son intervention ne peut lui apporter que des ennuis. C’est Juliette, la bénévole participant à la maraude, qui s’adresse en tant que « citoyenne inquiète » au commissariat de police de Bordeaux.

L’intervention musclée de la police contre les sans-abri (DR)

Délai « anormal »

Sans retour de leur part, elle insiste et menace de diffuser la vidéo qu’elle a tournée de la scène. Elle est finalement reçue par le comité de déontologie – qu’elle croit être l’IGPN (inspection générale de la police nationale) -, et fait une déposition. On lui promet une réponse dans les six mois, mais n’a plus de nouvelle. Juliette comprend ensuite que les Gilets jaunes font passer son dossier bien en dessous de la pile.

Il y a deux mois, la vision d’ « Un pays qui se tient sage », le documentaire de David Dufresne sur la politique de maintien de l’ordre en France, la pousse à relancer ses démarches. Un commissaire lui conseille d’envoyer un mail et une lettre recommandée à la DDSP,

« Contre toute attente on me répond en s’excusant du délai de deux ans anormal, mais en m’indiquant qu’après exploitation des vidéos de la ville et des vôtres il n’est pas possible d’inculper l’agent », explique-t-elle

« Casseur de SDF »

La police aurait par ailleurs souligné sa difficulté à travailler avec « les marginaux », un terme qui fait bondir Juliette et Cyd, à qui elle communique ces échanges. Ce qui la motive à réactiver l’affaire en saisissant le Défenseur des droits, et à témoigner :

« On travaille, on fait de l’intérim, on essaie de s’en sortir », souligne la jeune femme qui touche 460 euros de RSA et vit en couple dans un squat à Bègles – elle a été prévenue qu’elle aurait plus de 5 ans à attendre un logement social.

Cyd et Juliette (Ken Wong-Youk-Hong/DR)

« Maintenant je voudrais juste leur montrer que ce n’est plus aussi facile de taper quelqu’un gratuitement », poursuit Cyd, selon laquelle les sans-domicile sont fréquemment la cible de violences de la part des forces de l’ordre – le policier en cause dans son agression aurait ainsi une réputation de « casseur de SDF ».

« Nous si on tabasse un flic ou si on l’insulte, on fait de la garde à vue, on passe au tribunal, on va en prison. Je ne veux pas que ce flic perde son boulot ni détruire sa vie, mais qu’il comprenne. Ce n’est pas normal qu’il s’en tire sans un blâme. Les policiers sont là pour protéger la population, et on en fait partie. »

Signalement à l’IGPN ?

C’est aussi ce qui motive aujourd’hui Juliette à accompagner cette démarche :

« Je suis hyper déçue de la réaction de la police. Ce genre d’histoire n’est peut-être pas si important, en tous cas ça arrive tous les jours. Mais quand on voit que l’administration est inattaquable, c’est fou. C’est un scandale qu’il ne se passe rien. »

Si la démarche entreprise auprès du Défenseur des droits n’aboutit sur rien, Cyd envisage de faire un signalement à l’IGPN, et de porter plainte auprès du procureur de la République.


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Photo : SB/Rue89 Bordeaux

Photo : WS/Rue89 Bordeaux

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