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François Mary : « A la précarité vient s’ajouter la fragilité économique des compagnies »

François Mary, chargé de production, diffusion et administrateur de tournée, livre son témoignage et ses attentes à l’appel de Rue89 Bordeaux en vue du Forum des acteurs culturels à Bordeaux. Cette initiative indépendante vise à fournir une synthèse des contributions pour les débats et les réflexions sur la politique culturelle locale.

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François Mary : « A la précarité vient s’ajouter la fragilité économique des compagnies »

Les diverses interdictions depuis début mars, et maintenant le reconfinement, ont eu pour effet l’annulation de 90 % des dates de spectacles dits des arts de la rue pour la saison 2020. Les tournées de la saison à venir étant quasiment bouclées au printemps, c’est un an de travail et de préparation réduit à néant. Les équipes artistiques ayant des contrats de travail journaliers, chaque annulation est une mise au chômage de chacune des personnes.

A la précarité de l’emploi vient s’ajouter la fragilité économique des compagnies ayant pour statut l’association à but non lucratif, pas toutes conventionnées. Au-delà de cela, sans rencontres, il n’y a pas d’échanges d’informations, de visionnages et de retours sur les spectacles. Les éléments clés qui permettent de préparer les saisons sont manquants. Les métiers du spectacle vivant étant le moteur du rapprochement social, la distanciation creuse jour après jour le fossé de l’éloignement.

La solution : nous permettre de nous rassembler pour pouvoir travailler, comme cela a pu être le cas pour les spectacles maintenus au Festival des Arts de Bordeaux par exemple, ou artistes, public et professionnels se sont déplacés en nombre, notamment grâce au travail conjoint du Carré- Colonnes et de l’Oara.

Décentraliser et coopérer

Bordeaux est en déficit d’outils et de moyens pour les pratiques et la création artistique populaire, à savoir le cirque, la marionnette, le théâtre de tréteaux, les arts de la rue. Pas de lieux de fabrique, pas, ou peu, de collectifs ou compagnies basées ici et soutenus. Un projet culturel par quartier serait bienvenu, avec rencontres et coopérations entre les acteurs, à l’instar du collectif Bordonor.

Une délégation culturelle aux mairies de quartier permettrait de décentraliser, d’avoir une réflexion et un travail de proximité avec les habitants (cf. le projet de Chahuts). Ceci en s’appuyant sur les structures existantes : centres d’animation, théâtres ou autres lieux culturels (Pont tournant, Pergola, Glob, L’Œil a la Lucarne, La Manufacture, Bains Douche, Fabrique Pola…). Transversalité entre les communes mitoyennes en gommant les frontières administratives.

Travailler en coopération avec le département pour relier la ville et la campagne (Saint-André-de-Cubzac, Libourne, Créon, Langon, La Réole, Marcheprime, et les communes du Médoc). Favoriser la création de réseaux transversaux et attribuer des lieux de vie et de fabrique pensés pour les usages et avec les usagers. Et enfin, associer les habitants volontaires aux choix et projets, sans limiter les prises de décisions aux experts. C’est tout le sens de l’éducation populaire et de l’école du spectateur.


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