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Covid-19 : en Gironde, l’heure n’est toujours pas à la fête avant Noël

A deux jours des vacances scolaires, l’épidémie de Covid-19 n’est pas en décrue sur le territoire girondin, comme en atteste l’augmentation des patients en réanimation. Les professionnels de santé s’inquiètent du brassage de population pour les fêtes, et de la fatigue du personnel soignant, qui pourrait être mobilisé pendant les congés. 

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Covid-19 : en Gironde,  l’heure n’est toujours pas à la fête avant Noël

D’emblée, Yann Bubien a décrit à Bordeaux une épidémie qui, si elle avait montré des prémices de repli, repart à la hausse comme partout en France :

« Après une décrue que l’on a connu il y a plus d’un mois, on a constaté un plateau et des petits pics d’augmentation, qui incitent à beaucoup de prudence. »

Plus de patients à l’hôpital

En Gironde, selon les derniers chiffres de l’ARS, le taux d’incidence était en hausse à 65,3 cas pour 100 000 habitants (quand le seul d’alerte est à 50), un chiffre qui dépasse les 150 dans le Lot-et-Garonne et s’en approche dans les Landes.

Du côté du nombre de patients Covid-19, il est au CHU de Bordeaux est de 143 dont 43 en réanimation (sur 73 en Gironde), lorsqu’ils étaient 123 hospitalisés le 9 décembre dernier. L’augmentation est également plus importante chez les plus de 75 ans.

« Les indicateurs ne sont pas très bons à la veille des vacances de Noel et des retrouvailles », a ajouté Yann Bubien.

Tout l’enjeu de cette seconde vague consiste à déprogrammer le moins possible d’opérations, tandis que la stratégie est orientée vers les plus fragiles, a développé le directeur du CHU.

Beaucoup d’espoirs étaient attendus de ce début de décrue de l’épidémie, comme l’a ajouté Nicolas Grenier, nommé ce 15 décembre à la tête de la Commission Médicale d’Etablissement du CHU de Bordeaux.

« Les nouvelles ne sont pas très bonnes, c’est une déception pour tout le monde. Cette période a été compliquée par rapport à la première vague car il a fallu maintenir l’activité, jongler entre déprogrammation et maintenir de la programmation. Ce sont des conditions d’organisation complexes à gérer pour les équipes.

conférence de presse au CHU de Bordeaux le 16 décembre 2020 Photo : CM/Rue89 Bordeaux

Vaccination dès janvier

Côté vaccins, Yann Bubien a indiqué que l’organisation logistique de la campagne de vaccination était en cours, pour débuter début 2021.

« Nous nous organisons avec l’ARS (Agence Régionale de Santé) sur le ciblage de la vaccination pour les résidents des Ehpad et des plus de 50 ans ainsi que pour le personnel soignant. »

Pourtant, si le Royaume-Unis a débuté sa campagne de vaccination grâce à une autorisation temporaire d’urgence, le reste de l’Union européenne reste pour l’heure suspendue à la décision de L’Agence européenne des médicaments, qui doit se prononcer le 21 décembre sur le sort du vaccin des laboratoires américain Pfizer et allemand BioNTech. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a indiqué que la campagne de vaccination pourrait débuter le même jour pour l’ensemble des pays européens.

A Noël, encore plus de gestes barrières

La période des fêtes de fin d’année inquiète particulièrement les professionnels de santé, tandis que de nombreux girondins vont se retrouver en famille. La stratégie est donc tout d’abord le dépistage « si l’on est cas contact ou symptomatique » a précisé Yann Bubien, arguant qu’il y aurait suffisamment de tests pour ceux qui en auront besoin.

Le maire de Bordeaux a ajouté que les deux centres de dépistage mis en place place Pey Berland et cours Mably en partenariat avec l’ARS ne sont pas pris d’assaut.

« Le dépistage n’est pas une solution miracle qu’on sortirait du chapeau a précisé » Pierre Hurmic, par ailleurs président du CHU, appuyant les propos du directeur de ce dernier, selon lequel un test négatif n’était pas un passeport d’immunité.

Alors, que faire pour pouvoir retrouver sereinement ses proches pour les fêtes ? Se faire tester oui, mais uniquement si l’on est cas contact ou symptomatique. Car si pour l’heure les centres de dépistage n’affichent pas complet, les demandent affluent auprès des laboratoires et organismes agréés.

De surcroît, il faut être encore plus rigoureux sur les gestes barrières (lavage régulier des mains, distanciation physique et port du masque) en particulier dans les lieux clos où la contamination est plus importante. Bien sûr, à l’apparition de tout symptôme, s’isoler immédiatement le temps de réaliser le test recommandé.

« Une plus grande vigilance doit être de mise lorsqu’on se rend dans des rues fréquentées en particulier dans le centre-ville de Bordeaux, où des médiateurs ont été déployés pour inciter les gens à respecter les gestes barrière », a souligné Pierre Hurmic.

Le personnel soignant épuisé

Le personnel de santé est soumis, pour cette seconde vague, à une véritable course de fond épuisante ont expliqué l’ensemble des professionnels réunis à cette conférence de presse.

« Les équipes sont fatiguées et vont peut-être devoir reporter leurs congés, selon Nicolas Grenier. Ils sont mobilisés en dehors de leurs services comme en gériatrie, où il y a eu beaucoup de travail de fait. Il a fallu en permanence s’adapter à la situation. »

Le docteur Catherine Fleureau, précédemment à la tête de la Commission Médicale d’Etablissement du CHU de Bordeaux a renchéri :

« En temps normal, la capacité des lits de réanimation diminue pendant les fêtes car le personnel soignant prend des congés. Mais si besoin, on sera obligés de rappeler du personnel, ce qui serait catastrophique pour eux. »

Nathalie Salles, cheffe du pôle de gériatrie du CHU de Bordeaux, a abondé :

« Les équipes médicales et paramédicales sont sur le pont. Il y a une souffrance du personnel soignant, un grand stress et une anxiété. Les 3/4 des équipes interrogées expliquent leur crainte de contaminer les plus fragiles et de se contaminer entre eux. »

Pr Patrick DEHAIL, conseiller médical du directeur général de l’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine, Yann Bubien directeur du CHU de Bordeaux, le maire de Bordeaux Pierre Hurmic, Pr Denis MALVY, responsable de l’unité maladies tropicales et du voyageur du CHU de Bordeaux et Pr Nathalie SALLES, cheffe du pôle de gériatrie du CHU de Bordeaux Photo : CM/Rue89 Bordeaux

La culture attendra

« Nous n’attendons pas d’applaudissements mais la réappropriation de ces mesures barrière que la population connaît et qui a été bénéfique et vertueuse, estime le professeur Denis Malvy. Il faut faire en sorte que notre vie ne soit pas une survie. »

Alors que la seconde phase de déconfinement a démarré le 15 décembre sans la réouverture des lieux culturels, réclamée par tous les acteurs du secteurs et de nombreux élus, dont le maire e Bordeaux, le chef du service maladie infectieuse au CHU a plaidé pour la prudence :

« Je ne sais pas si cette mesure (de fermeture des lieux culturels, NDLR) est nécessaire. Mais nous sommes sur un plateau qui ne descend plus, loin de là. Personnellement, j’attends la réouverture des musées. Mais la période de transmission du virus sous-entend le fait qu’on ne peut pas contrôler un virus qui se remet à circuler. Ce que je souhaite, c’est que les malades et mes collègues puissent prendre des vacances car ils sont épuisés. J’attends le moment où ceux qui ne peuvent pas prendre de congés pourront de nouveau aller dans les musées. « 


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