La Gironde et d’autres départements comme la Dordogne, les Landes et le Lot-et-Garonne, rebondissent sur une résolution adoptée le 26 novembre dernier par la majorité (LREM) à l’Assemblée nationale, demandant l’ouverture d’un débat national sur « la création d’un mécanisme de revenu universel ».
« Je m’en réjouis mais ces propos sont édifiants, commente ce lundi Jean-Luc Gleyze. Il y a deux ans nous étions avec 18 départements devant l’Assemblée nationale pour engager un débat sur l’expérimentation du revenu base. Christelle Dubos (alors secrétaire d’État auprès du ministre des Solidarités et de la Santé redevenue depuis députée de Gironde, NDLR) disait que le modèle inconditionnel et universel que nous souhaitions n’était pas le modèle [souhaité par le gouvernement] et refusait d’ouvrir le débat. Or la résolution soumise par Richard Ferrand (président marcheur de l’Assemblée nationale, NDLR) reprend exactement ce que nous voulons ! »
Ce texte – adopté par 106 voix pour et 11 contre – stipule en effet que « la crise sanitaire du Covid‑19 a vu l’émergence du besoin de mettre en place un filet de sécurité inconditionnel et universel pour tous », face à un « risque d’appauvrissement général sans précédent ».
Socle citoyen
Actant « qu’un consensus politique émerge en France sur la mise en place d’un mécanisme de revenu universel », la résolution « invite le Gouvernement à ouvrir et organiser un débat national et citoyen en 2021 sur la création, l’expérimentation, le financement, la mise en œuvre et l’évaluation » d’un tel mécanisme, rebaptisé “socle citoyen” ».
Chiche, répondent les présidents de conseils départementaux, qui plutôt que de lancer un nouveau débat national appellent à « rattraper le temps perdu » :
« Nous sommes désormais 24 à vouloir expérimenter, voire généraliser sur nos territoires ce filet de sécurité, martèle le socialiste Jean-Luc Gleyze. La crise de la Covid vient de générer un million de pauvres supplémentaires, dont plus de la moitié sont des jeunes de moins de 25 ans qui n’ont pas accès au RSA et que la situation prive de perspectives. Nous proposons de tester ce revenu ouvert aux 18-25 ans. »
Explosion de la pauvreté
Se fondant sur les modèles réalisés en 2018 par des chercheurs de la Paris School of Economics, les départements volontaires réclament un revenu de base selon trois principes : inconditionnalité et automatisation du versement, ouverture aux jeunes de moins de 25 ans, et dégressivité en fonction des revenus d’activité.
Le gouvernement privilégiait pour sa part une refonte des aides existantes (APL, RSA, prime d’activité…) dans un « revenu universel d’activité » dont le versement aurait été conditionné à la recherche d’emploi. Un principe contesté par certains économistes, et dont l’efficacité parait compromise à l’heure d’un probable retour à une précarité et un chômage de masse.
Le département de la Gironde table ainsi sur 3000 nouveaux allocataires du RSA en 2020, soit une augmentation de 6 à 9% de leur nombre, pour un coût estimé à 12 millions d’euros supplémentaires.
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