« Enfumage, inaction, Bachelot démission », affiche la banderole déployée devant le Grand Théâtre de Bordeaux. A l’appel de la CGT Spectacle, un happening avec une dizaine de musiciens était organisé ce vendredi après-midi pour célébrer les « Défaites de la musique », en référence à la cérémonie des Victoires de la musique qui se déroule le soir même. Face à l’urgence sociale de leur statut, les intermittents du spectacle ont donné un concert silencieux.
« Trois cachets en un an »
Aurélien Matifas a 40 ans. Percussionniste, cela fait 15 ans qu’il est intermittent :
« Ma vie s’arrête le 31 août 2021, parce que le gouvernement ne veut pas prolonger l’année blanche. J’ai effectué trois cachets en un an. Il m’en manque 40 pour renouveler mon statut d’intermittent. »
Tous dénoncent le « mépris » du ministère de la Culture. Les intermittents demandent, notamment, la garantie de la continuité des droits sociaux et le recalibrage du fonds d’urgence afin de le rendre accessible à tous les artistes auteurs. Timo Metzemakers est secrétaire général de la SAMNA-CGT :
« On vient dénoncer l’attitude de la ministre de la Culture, qui écume les plateaux télé, alors qu’elle ne tient pas compte de nos propositions. »
Angoisse et colère, avant la manif du 4 mars
« En 40 ans de métier, c’est la première que je suis vraiment inquiet. » Serge Balsamo est guitariste. Il est venu accompagné de sa fille Violette, 16 ans, en section Théâtre, Musique, Danse (TMD), au lycée Camille-Jullian. Le musicien dénonce un « système entièrement grippé » :
« Notre activité ne pourra jamais reprendre comme avant. Certains vont se retrouver au RSA. Socialement, c’est très inquiétant. »
Le happening du jour est un préambule à l’action prévue le 4 mars, date anniversaire du premier décret qui a stoppé les spectacles en France. Un an de silence pour les artistes, comme William Theviot, 27 ans, pianiste à Bordeaux :
« Mes derniers revenus datent de l’été dernier. A 27 ans, je vis chez mes parents. Je ne sais plus par quel moyen il est possible de nous faire entendre. Il faut qu’il y ait un réveil collectif. »
William Theviot et les autres sont inquiets, mais pas résignés. Ils comptent faire entendre leurs voix car si « la culture est en danger, c’est la société entière qui souffre ».
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