Il y avait surtout des journalistes. Ce matin à 10 heures, les habitants du quartier des Aubiers regardent de loin les élus venus inaugurer la nouvelle permanence de la municipalité. « Les politiques qui font leur show, on connaît », siffle l’un d’eux. Mais Vincent Maurin, maire du quartier Bordeaux-Maritime et ancien habitant des Aubiers, veut y croire:
« La Ville de Bordeaux est la ville des quartiers. Nos élus seront là deux fois par mois, à l’écoute des habitants. La permanence sera un lieu de dialogue. »
L’inauguration intervient après la mort de Lionel, 16 ans, tué le 2 janvier dernier, lors d’une fusillade. Quatre autres jeunes ont été grièvement blessés. Avec l’ouverture de cette permanence, la municipalité souhaite réinvestir la puissance publique aux Aubiers, comme l’a expliqué le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic :
« Je refuse le fatalisme et le déni. Nous voulons agir, être au service des habitants. J’ai la conviction que la Ville doit être plus présente aux Aubiers. »
Le maire assure également rassembler tous les moyens pour que la Poste, incendiée lors de la nuit du Nouvel An, puisse de nouveau accueillir du public.
Développer la participation citoyenne
Des membres du conseil citoyen, des médiateurs sociaux et une association d’aide à la parentalité seront présents pour répondre aux besoins des habitants. Le 25 février prochain, la permanence accueillera un conseil de proximité. Crées en 2016 par la Ville, ces conseils permettent un échange direct entre les habitants du quartier et le maire-adjoint. Au cœur des discussions, il sera sans doute évoqué le projet de renouvellement urbain Aubiers-Lac.
Des visionnages à distance, par groupe de six personnes, seront proposés dans différents lieux du quartier pour suivre le conseil de proximité. Parmi eux, Emmaüs Connect, situé juste en face de la nouvelle permanence. Paul Soncourt est responsable territorial Gironde à Emmaüs Connect. Il aide les plus précaires à se former aux outils numériques :
« Les habitants qui le souhaitent pourront venir assister, en visio, au conseil de proximité. L’inclusion numérique, c’est notre champ de bataille. »
« Un bon signal »
Jacqueline tient un bureau de tabac aux Aubiers depuis 35 ans. Une témoin privilégiée de la vie du quartier :
« Malgré les récents événements, je reste toujours positive. L’ouverture de la permanence, c’est un bon signal. Ça ne peut être que bénéfique. »
Jacqueline est une oreille attentive pour les habitants qui viennent dans son commerce acheter des paquets de cigarettes ou gratter des jeux d’argent. Elle voit et entend beaucoup de choses, mais ne tient pas à s’exprimer sur son ressenti. Proche de la retraite, elle espère pouvoir trouver repreneur pour son bureau de tabac. Chose « qui n’est pas gagnée ».
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