Ancien rédacteur en chef de Sud Ouest et fondateur du site d’informations Aqui.fr, Joël Aubert vient de décéder des suites d’une longue maladie, a-t-on appris ce mercredi 24 février. Il avait 77 ans.
« Il avait le métier, mieux, la passion, du journalisme chevillée au corps et à l’âme », témoigne sur son site l’équipe d’Aqui. Cette dernière salue un « patriarche bienveillant et humaniste, soucieux de transmettre sa passion vive et intacte du journalisme. Un métier comme il aimait à le dire “qui ne le lâchait pas”, jusqu’aux derniers jours de vie ».
Diplômé de l’ESJ (école supérieure de journalisme) de Lille, Joël Aubert passe par l’Equipe avant d’entrer au service des informations générales de Sud Ouest fin 1968. Il deviendra en 1993 directeur de la rédaction du quotidien régional, puis en 2000, directeur général adjoint.
Homme de terroir
Le journaliste quitte Sud Ouest le 9 septembre 2001. Il lance deux ans après le mensuel Aqui, dont la version électronique deviendra en 2007 un des tout premiers « pure players » – journal exclusivement en ligne – régionaux de France.
« Il aimait mettre en lumière “les trains qui arrivent à l’heure”, et s’inscrire dans le mouvement du monde et d’une région et ses terroirs qu’il affectionnait tant », poursuivent ses collègues du site d’information.
Vice-président socialiste du conseil départemental de la Gironde, Jean-Marie Darmian rend sur sa page Facebook hommage à son ami, natif du même village :
« Habitant de Sadirac au Moulin il fut pour quelques jeunes de la commune à laquelle il restait très attaché et dans laquelle il s’était investi, un déclencheur de vocations. Homme ancré dans la terre girondine éclairant et partageur, porteur des valeurs essentielles que sont la simplicité et la proximité il a été pour moi un compagnon de route précieux durant plus de plus de 50 ans. »
« Sa moustache trahissait ses impatiences »
L’ancien maire de Créon célèbre une certaine vision du journalisme :
« Joël allait jusqu’au bout de ses convictions, de son attachement au journalisme de proximité, respectueux des gens qui agissent, qui construisent, qui positivent. Aqui.fr qui a usé toutes ses forces en est l’illustration. Il arpentait les allées des pouvoirs avec lucidité. Il suffisait que l’on cherche son regard pour comprendre. Sa moustache trahissait ses impatiences, ses contentements ou ses déceptions. »
Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, décrit un « homme charismatique, érudit, fin connaisseur de la vie politique ». « Joël Aubert va terriblement nous manquer », témoigne également dans un tweet Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine, qu’Aqui.fr s’employait à couvrir.
De son côté, Jean-Luc Gleyze, président du département de la Gironde, « salue sa présence discrète mais permanente pour rendre compte de la vie girondine ». Dans un communiqué, il précise :
« Chroniqueur infatigable de la vie économique et politique régionale, journaliste passionné, Joël Aubert a suscité la vocation de nombreux jeunes. C’est cette jeunesse qui l’habitait qui lui a permis de suivre l’air du temps et de sentir avant beaucoup d’autres l’importance de créer un média uniquement digital : Aqui.fr, il y a déjà 14 ans. »
« Son béret vissé sur la tête »
Joël Aubert « faisait honneur à notre profession de journaliste », abonde Jean-Marie Dupont, ancien président de la Société des rédacteurs du Monde et ancien directeur de France 3 Aquitaine.
« Il avait les deux qualités essentielles du journaliste : une grande capacité d’émerveillement et une grande capacité d’indignation. C’était un passionné mais jamais un sectaire. Il avait un côté poète et pouvait être un distrait sympathique à la Pierre Richard. Je me souviens d’un voyage ensemble avec Juppé à Moscou dont il a dû rentrer précipitamment ; il avait tout oublié à l’hôtel, je lui ai ramené sa valise et ses dossiers. C’était un homme généreux qui aimait les autres. Ce fût, à mes yeux un grand rédacteur en chef de Sud Ouest, très injustement écarté de cette fonction. »
« Nous sommes incontestablement nombreux ce jour à être tristes d’avoir perdu Joël, son béret vissé sur la tête, son sourire bienveillant, sa moustache éternelle et ses yeux doux et rieurs qui exprimaient tant de sa personnalité », conclut Jean-marie Darmian, qui adresse ses pensées à ses filles, Marie et Amélie, et à sa petite fille Valentine.
Chargement des commentaires…