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Un « drame humain » en vue en cas d’expulsion de la Zone Libre

Le collectif de soutien de la Zone Libre a alerté ce mercredi sur l’imminence d’une expulsion des 300 occupants de ce squat de Cenon, dont 80 familles et 110 enfants, qui pourrait intervenir dès ce jeudi 11 février. Dénonçant l’absence d’évaluation sociale pour assurer le relogement, ils appellent dans un communiqué à « empêcher ce drame humain ».

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Un « drame humain » en vue en cas d’expulsion de la Zone Libre

« Alors que nous sommes en plein hiver, que la trêve hivernale est prolongée jusqu’à fin juin pour raison sanitaire, que la Covid circule fortement, qu’un couvre feu sévère est en place, que la crise économique jette chaque jour plus de personnes dans la pauvreté, des informations convergentes nous amènent à redouter que la préfète Fabienne Buccio s’apprête à procéder à l’expulsion du squat du haut Cenon », ex résidence pour personnes âgées propriété du bailleur social Enéal (ex Logevie).

Jointe par Rue89 Bordeaux, la préfecture n’a pas souhaité confirmer cette information, pas plus que d’autres affirmations avancées par le collectif. Selon ce dernier, « aucune évaluation sociale n’a eu lieu alors que des engagements avaient été pris il y a plusieurs mois par la préfecture ». Or une telle démarche permet d’aiguiller au mieux les occupants vers des solutions de relogements en fonction de leurs statuts.

En outre, la préfète « ne s’est jamais engagée sur des délais, laissant en toute connaissance de cause des familles entières dans l’angoisse permanente », poursuivent les organisations soutenant le lieu de vie (collectif Bienvenue, Cimade, Réseau Education Sans Frontière, Médecins du Monde, Ligue des Droits de l’Homme, groupes des élu.e.s  écologiste et communistes de Bordeaux Métropole…).

80 familles à la rue ?

« 80 familles avec 110 enfants la plupart en bas âge, des personnes en situation de handicap, des femmes enceintes, des personnes malades, ont trouvé refuge dans ce lieu à l’automne 2019 pour échapper à la rue,  n’ayant aucune autre solution d’hébergement », rappellent-elles.

Le collectif soulignent que « cette stabilité géographique a permis une scolarisation massive de tous les enfants, une inscription dans les démarches administratives avec un réel suivi social et médical pour toutes les familles ». D’autres occupants ont depuis leur arrivée à Cenon « trouvé un logement, d’autres ont obtenu des titres de séjour ». 

A contrario, les familles évacuées de ce lieu « ne vont pas disparaître » et « vont se retrouver à la rue, sans solution, dans les parcs, sous des tentes », relève le collectif dont la pétition « Mise à l’abri » a déjà recueilli plus de 30 000 signatures. Régulièrement mobilisé face à l’éventualité d’une expulsion, il appelle par ailleurs tous ses soutiens « à se mobiliser dès aujourd’hui pour empêcher la mise en œuvre d’une décision incompréhensible, dramatique, inhumaine, en contradiction totale avec l’urgence sociale, sanitaire, économique et l’impératif de solidarité ».

Mise en danger

Ce mercredi, deux parlementaires de Gironde, Monique de Marco, sénatrice EELV, et Loïc Prud’homme, député France insoumise, ont dans un communiqué commun appelé la Préfète « à revenir sur cette décision ».

« En pleine crise sanitaire et au milieu de la trêve hivernale cette décision
d’expulsion met en danger des centaines de personnes. Les hébergements d’urgence sont actuellement saturés, la Préfecture ne peut donc pas garantir de relogement à toutes ces personnes. »

Quant aux élu·e·s du groupe Écologie & Solidarités de Bordeaux Métropole, ils se demandent « quelle est l’urgence d’abandonner ce public déjà vulnérable et isolé, dans un contexte de grand froid et de crise sanitaire qui ne fera que renforcer sa détresse et l’exposer à encore davantage de dangers et de précarité ? ». Ils demandent à la Préfecture un « diagnostic social qu’elle s’était engagée à conduire », rappelant que « les évacuations précédentes, sans concertation ni solution définie au préalable, ont toutes montré un report direct et désordonné de ces populations vulnérables sur la voie publique ».

Dans l’urgence, les associations ont demandé aux habitants de la Zone libre « de préparer une valise avec le plus important : vêtements chauds, papiers, médicaments… » et demandé à tous les soutiens d’être « présents ce jeudi pour 6h avec leurs voitures et fourgons s’ils en ont, et s’ils peuvent, héberger et/ou stocker des affaires des familles chez eux ».


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