Plusieurs centaines de personnes ont défilé ce dimanche 28 mars de la place Stalingrad aux quais devant la place des Quinconces, réclamant une loi climat plus ambitieuse que le projet du gouvernement débattu à partir de ce lundi 29 mars à l’Assemblée nationale.
« Et un et deux et trois degrès, c’est un crime contre l’humanité ; et quatre et cinq et six degrés, c’est la fin de l’humanité ! » ; « Travaille, consomme et ferme ta gueule, c’est ça le message qu’on donne aux jeunes »… Les slogans traditionnels des marches pour le climat ont rythmé cette manifestation très festive, avec batucada, fanfare et DJ.
Selon les organisateurs (Alternatiba, Greenpeace, ANV-Cop21, Il est encore temps Gironde…), près de 2000 personnes, dont beaucoup de jeunes, se sont mobilisées, rivalisant d’imaginations dans les slogans peints sur les corps, les pancartes ou collés sur les murs : « les calottes sont cuites », « on vous balancerait bien des tomates mais c’est pas la saison », « la croissance n’est pas la solution mais le problème », « sauve un panda, mange un bourgeois »…
Sans filtre
En tête de cortège, une banderole reprenant la promesse du président de la République – « Je soumettrai sans filtre les propositions de la Convention citoyenne pour le climat » – flanquée des termes « enfumage ! » et « complice des pollueurs ». Le gouvernement n’a retenu qu’une partie des 149 suggestions de la Convention, ce qui lui a valu des critiques de toutes part, notamment du Haut conseil pour le climat.
« Le rendu de la Convention est aujourd’hui réduit à un reliquat de mesurettes qui ne permettront pas de réduire de 40% nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 comme initialement prévu », rappellent les militants d’ANV-Cop21 Gironde.
Avant la manifestation, ceux-ci ont collé des affiches sur les murs de la permanence de Catherine Fabre, députée La République en marche de Bordeaux, pour « mettre la pression à l’ensemble des députés locaux LREM qui voudraient voter le projet de loi dans l’état actuel ».
Dans l’après-midi, une grande banderole est déployée porte Dijeaux par Extinction Rebellion. Rappelant l’objectif qu’Emmanuel Macron avait assigné aux 150 membres tirés au sort de la Convention citoyenne – réduire de 40% nos émissions d’ici 2030 (par rapport à 1990) dans un esprit de justice sociale -, elle interpelle les députés de Gironde : « Et vous, comment y répondez-vous ? Nous vous surveillons et demanderons des comptes ! »
3,3/10
Les débats en commissions parlementaires n’ont pas permis d’enrichir le projet de loi du gouvernement, au contraire. Plus de 230 personnalités politiques, dont le maire de Bordeaux Pierre Hurmic et le député de la Gironde Loïc Prud’homme (tous deux présents à la manifestation ce dimanche, ainsi que Jean-Luc Gleyze, le président du département), ont donc lancé un appel pour « une vraie loi climat », permettant à la France de respecter l’accord de Paris pour lutter contre le réchauffement planétaire.
Les anciens « conventionnels » préviennent également qu’ils seront attentifs au devenir de leurs travaux. A la fin de la manifestation sur les quais de la Garonne, les trois bordelaises qui ont participé à la Convention citoyenne ont fait part de leur inquiétude au micro :
« Nous avons attribué une note de 3,3 sur 10 au gouvernement pour la reprise de nos propositions. Si mes gosses me ramènent une note comme ça au brevet, j’aurai les boules ! », lâche Sandrine, une employée de bureau qui a pris un congé sans solde pour participer à la Convention.
Déception
Après des mois de travail auprès des meilleurs spécialistes du climat, de l’énergie, des transports…. « tout a été bradé et rabaissé », poursuit-elle.
« On est déçu car on y a cru, on avait confiance en Emmanuel Macron. Mais on a quand même vécu un truc extraordinaire. On n’y connaissait rien, on n’était pas des militantes. Maintenant, on a des convictions et on est juste là pour vous transmettre tout ça. On compte sur vous ! » lance-t-elle à la foule.
Le groupe auquel participait Sandrine, influencée par les conclusions de la sociologue du travail Dominique Méda, avait proposé à la Convention citoyenne la réduction du temps de travail hebdomadaire à 28 heures, proposition finalement rejetée par la convention elle-même.
Les conventionnels toujours mobilisés aimeraient désormais que d’autres suggestions fondamentales pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre reviennent sur le tapis, comme l’interdiction de la publicité pour « tous les biens et services manifestement incompatibles avec la transition », comme les SUV, ou encore l’obligation de rénovation énergétique pour toutes les passoires thermiques.
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