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Le squat Kabako saturé face à l’afflux de jeunes étrangers sans-abri

En moins de deux semaines, le squat de la rue Camille-Godard a accueilli une dizaine de nouveaux jeunes étrangers à la rue après avoir été reconnus majeurs, une décision qu’ils contestent en justice. Le collectif qui gère le Kabako presse les collectivités d’agir au plus vite pour les héberger. Le conseil départemental de la Gironde demande de son côté à l’Etat de prendre en charge l’évaluation de minorité.

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Le squat Kabako saturé face à l’afflux de jeunes étrangers sans-abri

Amal (le prénom a été modifié) a été accueilli le 24 février dernier au Kabako, lieu de vie pour mineurs isolés étrangers, rue Camille-Godard. Originaire de Guinée-Conakry, il est arrivé à Bordeaux en janvier dernier. Après un mois dans un hôtel à Mérignac, il s’est retrouvé à la rue, ayant reçu une notification de refus de l’aide sociale à l’enfance (ASE), car il n’est pas considéré comme mineur par le Département de la Gironde. Depuis quelques semaines, comme Amal, ils sont une dizaine à avoir trouvé refuge ici.

Une situation intenable

« On a eu six arrivées de jeunes, la semaine dernière, dénombre Claire, militante du Kabako. Depuis lundi, sept autres sont arrivés. Demain, on attend deux autres personnes. La situation n’est pas tenable. On ne peut pas accueillir, dans des bonnes conditions, tous les mineurs dont le dossier est en recours. »

C’est à dire dont l’évaluation de majorité est contestée par les jeunes. Mardi 23 février, le conseil municipal de Bordeaux a voté une motion pour une meilleure prise en charge des mineurs dont le dossier est en cours d’instruction. Pour Claire, c’est un premier pas :

« C’est très bien que cette motion ait été adoptée, que la mairie décide de secouer les collectivités. Mais il y a surtout une énorme urgence : qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Il faut que le Département cesse ces mises à la rue, surtout en période de trêve hivernale et de Covid. »

La piste de conventionner le bâtiment, comme cela a été proposé par Philippe Poutou du groupe Bordeaux en Luttes, n’est pas envisagée, les locaux « n’étant pas destinés à l’habitat », selon le conseil départemental. Le Kabako est sous le coup d’une procédure d’expulsion, avec un délai accordé par le tribunal de Bordeaux jusqu’à mi-juillet. Le Département n’est pas en mesure d’indiquer la capacité d’accueil du lieu. Le collectif de soutien au Kabako lui, ne souhaite pas communiquer sur le nombre de personnes hébergées actuellement.

Le Département renvoie la balle à l’Etat

Pour l’heure, dans le bureau du Kabako, des bénévoles contactent le 115 pour essayer de trouver des places d’hébergement d’urgence, faute de capacités d’accueil suffisantes rue Camille-Godard. Mais cette solution est loin d’être idéale et pérenne, étant donné les délais de traitement des recours auprès du Juge des Enfants. Gabriel Lassort, avocat au barreau de Bordeaux, suit des mineurs isolés :

« Ces jeunes sont livrés à eux-mêmes. Le Département et les services de l’Etat se renvoient la balle. S’il n’y avait pas le Kabako, des dizaines de mineurs isolés seraient à la rue. L’attente d’un statut sur un recours peut durer jusqu’à deux mois. J’attends de voir ce que vont donner les évaluations effectuées par le CDEF. »

Des jeunes accueillis au Kabako, mercredi 24 février Photo : VB/Rue89 Bordeaux

Depuis le 1er février, et après des dysfonctionnements constatés au Service d’accueil et d’évaluation des mineurs non-accompagnés (Saemna), cette évaluation est confiée au Centre départemental de l’enfance et de la famille (CDEF). Le Département assure que les jeunes arrivés récemment au Kabako sont tous passés par le Saemna, qui doit encore évaluer entre 20 et 30 jeunes.

Par ailleurs, le 23 février dernier, Jean-Luc Gleyze, président du Département de la Gironde, a adressé une lettre au secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles, Adrien Taquet. Dans ce courrier, il est demandé à l’Etat « la prise en charge de la phase d’évaluation de la minorité des MNA, et l’engagement de conditions réelles d’une mise à l’abri des majeurs en recours soient inscrits dans le cadre de la loi 4D« .

Le président du Département dresse le constat de « l’impossibilité, pour un Département dont la compétence est la protection de l’enfance, de réaliser une évaluation réelle et certaine de la minorité ».


#CDEF

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