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La navette Bordeaux-Paris, c’est vraiment fini

Le gouvernement confirme l’arrêt définitif de la liaison Air France Bordeaux-Orly, au grand dam du président de la métropole, Alain Anziani. La fin des vols intérieurs en cas d’alternative en train de moins de 2h30 doit être adoptée dans le cadre de la loi climat, mais son impact fait débat.

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La navette Bordeaux-Paris, c’est vraiment fini

Le ministre des transports Jean-Baptiste Djebarri a confirmé par courrier à Alain Anziani la fermeture de la ligne Air France entre l’aéroport de Bordeaux-Mérignac et l’aéroport d’Orly.

Interrompue suite à la crise sanitaire, celle-ci va en effet tomber sous le coup de la loi « Climat et résilience », en cours de discussion à l’Assemblée nationale, et qui prévoit d’interdire les vols intérieurs lorsqu’il existe une alternative ferroviaire de moins de 2h30.

« 550000 passagers par an, cela ne s’efface pas d’un trait de plume, cela montre bien un besoin », a tonné le président de Bordeaux Métropole lors d’une conférence de presse. Avec le président de la Région Nouvelle-Aquitaine et celui de la CCI, il plaidait pour le maintien de quelques aller-retours sur les 10 initiaux, et l’avait écrit au Premier ministre, puis au président de la République. Sans réponse jusque récemment.

Correspondance

« Scandalisé d’avoir été aussi mal traité par ce gouvernement », Alain Anziani a rappelé le rôle de la navette pour les salariés de l’aéronautique, et en particulier de Dassault, mais aussi pour « la communauté antillaise importante dans la métropole », qui transite par Orly, un hub vers l’Outre-Mer.

Néanmoins, le gouvernement considère que ces vols Bordeaux-Orly ne sont pas « principalement utilisés pour réaliser des correspondances », et ne peuvent donc, contrairement aux liaisons vers Roissy, être exclus de la règle des 2h30 qu’il s’est fixée. Et il assure que la liaison ne pourra être reprise par d’autres compagnies, sauf si elle démontre un taux de correspondance important.

La navette d’Air France entre Bordeaux et Paris Photo : Dylan Agbagni/flickr/CC

Le ministre des transports précise que l’interdiction ne sera effective qu’après le vote de la loi et la parution des décrets d’application, et si la commission européenne lui donne son accord préalable. Alain Anziani, qui voit « une absurdité » dans cette décision, en doute :

« Si une compagnie low-cost veut exploiter la ligne Bordeaux-Paris, que dira le gouvernement ? Cela m’étonnerait que l’Europe lui permette d’interdire à une entreprise de s’installer. Et les conséquences immédiates, ce sont 200 emplois supprimés par Air France en partie à cause de la suppression de la navette. »

89000 tonnes presque évitées

Le maire de Mérignac redoute en outre que les entreprises du secteur aéronautique n’aillent se développer sous d’autres cieux, ou n’affrètent des Falcon pour des voyages d’affaires, au risque selon lui d’émettre davantage de CO2 que des lignes régulières. Il martèle d’ailleurs que « l’ensemble des lignes intérieures pèse peu » dans le bilan carbone du pays.

Sur la centaine de vols intérieurs existants, la mesure ne devrait concerner que cinq lignes. Outre Bordeaux-Orly, Paris-Lyon, Paris-Nantes, Paris-Rennes et Lyon-Marseille, selon les projections du Réseau Action Climat (RAC). Cela se traduirait par une réduction de 6,6 % des émissions de CO2 issues des vols métropolitains, et de 0,5 % des émissions de l’ensemble des vols au départ de la France.

La Convention citoyenne pour le climat voulait d’ailleurs aller plus loin que la disposition finalement retenue par le gouvernement, en interdisant les vols intérieurs dès lors qu’une alternative en train existe en moins de quatre heures. Cela aurait notamment entraîné la fin des vols Paris-Marseille – 1,5 million de voyageurs en 2019, et 127 000 tonnes d’équivalent CO2, quand les lignes Bordeaux-Paris (Orly plus Roissy) émettent 89 000 tonnes, pour 1,2 million de voyageurs.

Train+Air = Massy-Palaiseau

Reste qu’un voyageur effectuant Bordeaux-Paris en avion émet 60 fois plus d’équivalent CO2 qu’un autre empruntant le train, selon un rapport de Greenpeace. Et que son impact est sans doute plus important encore, relève l’ONG :

« L’aviation a aussi des impacts “hors CO2” sur le climat, liés notamment à l’émission à haute altitude d’oxydes d’azote, de vapeur d’eau et de particules fines, précise Greenpeace dans un rapport récent. Ainsi, la dernière étude scientifique en date évalue que, pour avoir une idée du poids total du transport aérien dans le réchauffement climatique, il faudrait probablement multiplier par un facteur trois l’impact des seules émissions de CO2. »

Dans son courrier à Alain Anziani, Jean-Baptiste Djebarri souligne que des discussions vont s’engager pour améliorer la desserte ferroviaire, à l’instar de l’offre Train+Air lancée en décembre dernier, dans laquelle Air France et la SNCF proposent aux voyageurs un TGV pour Massy, avant de rallier Orly en taxi. Le ministre précise enfin qu’il veillera à l’amélioration des accès, notamment en transports en commun, de la gare Saint-Jean et de l’aéroport de Mérignac.


#aéroport de Bordeaux-Mérignac

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Photo : Arthur Chi Yen/Flickr/CC

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