Alors que l’ensemble des personnels des hôpitaux et Ehpad publics ont bénéficié d’une hausse salariale dite « socle » de 183 euros net mensuels à la suite de la consultation estivale, le champ du handicap s’estime quant à lui délaissé.
Ce jeudi 29 avril lors d’une conférence de presse à l’Institut d’éducation motrice (IEM) d’Eysines, 19 associations girondines des professionnels, familles et usagers, représentant 7000 salariés et 25 000 personnes accompagnées, ont lancé une mobilisation pour demander la généralisation des mesures du Ségur.
« Une concurrence déloyale »
La consultation ouverte par le gouvernement entre le 25 mai et le 10 juillet 2020 aurait selon elles « exacerbé les difficultés » du champ du handicap, qui pâtit d’un manque d’attractivité pour les professionnels. Si ces représentants se félicitent des augmentations salariales dans les secteurs hospitaliers et du soin aux personnes âgées, ils estiment néanmoins que cet écart soumet le secteur du handicap à « une concurrence déloyale » en raison des écarts de rémunérations, l’empêchant de recruter.
Dominique Espagnet, directeur de l’Association régionale pour l’intégration des personnes en situation de handicap (ARI), évoque le cas d’un infirmier travaillant en hôpital pour enfants qui voulait se rapprocher d’un Institut médicoéducatif sur le bassin d’Arcachon où il réside.
« Mais il aurait perdu 183 euros en intégrant le champ du handicap, et s’est vu obligé de refuser. En plus des difficultés à recruter, nos établissements sont également confrontés aux démissions et à la paupérisation des salariés. Tout cela amène à une baisse d’attractivité du secteur. »
Si le personnel soignant du champ du handicap a entretemps pu bénéficier d’une augmentation salariale au 13 avril dernier, là encore, les professionnels estiment qu’une fracture se crée au sein des mêmes structures entre personnels médicaux bénéficiant des apports du Ségur et accompagnateurs, relevant du champ social.
« A titre d’exemple, un aide-soignant et une aide médico-psychologique auront une rémunération différente alors qu’ils font partie d’une même équipe et accompagnent les mêmes personnes », expliquent les dix-neuf associations dans un communiqué.
Michel Keisler, directeur général de l’Association Pour Adultes et Jeunes Handicapés de Gironde (APAJH) souligne également « qu’en revalorisant uniquement les salaires des professionnels de santé le gouvernement privilégie le soin au détriment des interventions éducatives ».
« Rendre aux personnes handicapées leur dignité »
Ce manque de valorisation met directement « en danger les usagers et professionnels » en sous-effectif. Mais les difficultés traversées par le secteur ne sont pas récentes, déplore Jeanne Alba, éducatrice spécialisée à la Maison d’Accueil Spécialisée Le Junca à Villenave d’Ornon :
« En temps normal, on a déjà du mal à assurer les besoins fondamentaux des personnes que l’ont accompagne. On souhaiterait vraiment leur offrir des moments de loisirs en plus, de la joie. Les conditions dans lesquelles nous sommes amenés à travailler sont un manque de respect pour les résidents des établissements et pour les travailleurs médico-sociaux. »
La crise sanitaire a également fait payer un lourd tribut aux personnels et aux personnes souffrant de handicap.
« On a dû essayer de réadapter notre travail à cause des gestes barrières, explique Elodie Ducazaux, aide médico-psychologique du Foyer d’Accueil Médicalisé des Lilas à Lormont. C’est également très dur pour les résidents qui sont maintenus éloignés de leurs familles et dont les seuls moments de loisirs, comme les balades en plein air ou les activités sportives extérieurs sont fortement limitées ».
« On est malheureux de voir le personnel aussi épuisé » explique également Jacqueline Grenier, résidente du FAM.
Les dix-neuf associations ont adressé une lettre ouverte au Premier Ministre, au Ministre de la Santé et à la Secrétaire d’Etat en charge des Personnes handicapées. Elles espèrent par ce biais pouvoir porter leurs revendications à l’échelle nationale et disent avoir déjà reçu des marques de solidarité de professionnels médico-sociaux d’autres régions, se disant prêts à rejoindre leurs actions. Un rassemblement devrait également se tenir début mai devant la préfecture de Gironde.
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