Après le meurtre de Safia au Grand Parc, le 21 octobre 2019 au Grand Parc, Chahinez a aussi été victime de son ex conjoint, le 4 mai dernier à Mérignac. L’Assemblée féministe est déterminée à ce que de tels féminicides « ne se reproduisent jamais en Gironde » (ni ailleurs), affirme Axelle Perreaud, une militante de ce collectif regroupant plusieurs associations et syndicats (Planning familial, Collages féministes, FSU…).
« Le 26 novembre dernier nous étions déjà devant la préfecture pour demander des moyens afin de lutter contre les violences sexistes, mais rien ne bouge », estime la jeune femme, s’exprimant devant la banderole « Pas une de plus ».
Ce mardi 11 mai, une centaine de manifestants s’est donc retrouvée devant l’hôtel de la préfecture de la Gironde, pour mettre la pression sur Fabienne Buccio à la veille d’une réunion de la cellule dédiée à la prise en charge opérationnelle des femmes victimes de violences conjugales.
Contexte tendu
Ce dispositif instauré par le Grenelle des violences conjugales est censé améliorer la coordination entre police, justice et travailleurs sociaux. Et cette réunion – initialement prévue le 6 mai dernier et repoussée pour cause de visite en Gironde de Marlène Schiappa -, intervient dans un contexte tendu : les circonstances de la mort de Chahinez interpellent sur les moyens de protection mis en œuvre, et une mission d’inspection des dde fonctionnementeux ministères concernés doit faire la lumière.
Attendues ce mardi, les conclusions d’un rapport d’étape de la mission menée par l’inspection générale de l’administration et l’inspection générale de la justice, n’ont pas encore été rendues publiques. Mais le ministère de la justice a indiqué ce mardi dans un bref communiqué qu’il révélait des « dysfonctionnements » :
« Il révèle une suite de défaillances qui peut être reprochées à différents acteurs dans la communication et la coordination entre les services. La mission doit se poursuivre pour caractériser ces dysfonctionnements et proposer les initiatives propres à y remédier ».
Le rapport définitif sera remis le 10 juin. Mais le parquet avait mis en avant certains points troublants, notamment le fait que Mounir B., le meurtrier de Chahinez, ait avoué lors de ses rendez-vous au SPIP (service pénitentiaire d’insertion et de probation) être entré en contact avec son ex femme, malgré l’interdiction qui lui avait été faite.
« Et Chahinez a déposé plainte le 15 mars dernier contre son mari, qui s’est pourtant pointé ensuite à deux rendez-vous avec le SPIP, souligne ce mardi Monique Nicolas, du Planning Familial. Alors qu’il aurait immédiatement dû être mis en garde à vue à cette occasion, la police ne savait pas où le trouver ! Quand elle met les moyens, elle sait pourtant où dénicher les Colleuses féministes ou les femmes et les enfants à expulser de la Zone libre. »
Protéger les femmes qui dénoncent
Pour l’ancienne présidente du Planning Familial Gironde, dans 30% des affaires de fémicides, les auteurs ont déjà été condamnés, ce qui est le cas du meurtrier de la jeune mérignacaise, qui sortait de prison pour violences sur sa femme.
« Et 41% des victimes avaient déjà dénoncé des violences antérieures, souvent classées sans suite par la police, poursuit Monique Nicolas. Ainsi, Safia a été tuée en octobre 2019 par son ex conjoint, contre lequel elle avait porté plainte en avril, mais qui ne devait être jugé qu’en janvier 2020. Une femme qui dénonce doit être protégée. »
L’Assemblée féministe plaide notamment pour que la France s’inspire de l’Espagne, où une loi cadre a permis la création de tribunaux spécialisés dédiés aux violences faites aux femmes, et fait ainsi reculer le nombre de féminicides. Et, dans l’immédiat, que les bracelets anti-rapprochement dédiés aux conjoints violents ou les téléphones grave danger soient déployés plus rapidement.
Pour alerter en amont, Laurence Laborde, du syndicat enseignant FSU, demande que soient placardées devant toutes les écoles des affiches informant les femmes sur le 3919 et les associations locales. L’idée, soumise lors d’une précédente réunion de la cellule girondine, avait été validée par la sous-préfète de l’époque, sans être suivie d’effet par la suite, selon Mme Laborde :
« La préfecture avait la possibilité et la volonté de le faire, pourquoi ne s’est-il rien passé ? »
Réponse – peut-être – ce mercredi.
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