Sur le parvis Louis-et-Henri-Pouyanne, les riverains traversent le passage entièrement recouvert de noir sans prêter attention. Michel, employé dans une brasserie du quartier, avoue ne pas l’avoir remarqué « ni en arc-en-ciel, ni en noir ».
« On n’a pas eu le temps de s’y habituer si vous me dites qu’il a été fait la semaine dernière. Je ne suis ni pour ni contre un passage comme celui-là, je me demande quand même pourquoi certains ont besoin de venir le couvrir et afficher autant de haine et de bêtise. »
Le passage piéton aux couleurs arc-en-ciel du parvis Louis-et-Henri-Pouyanne venait d’être inauguré ce mercredi 30 juin. Dans la nuit de dimanche à lundi 5 juillet, il a été repeint en noir. Vendredi 2 juillet, celui du cours du Chapeau-Rouge a été recouvert de fleurs de lys (un symbole royaliste, utilisé notamment par l’Action française, mouvement impliqué dans des actes homophobes ailleurs en France).
Ce passage venait d’être restauré après une dégradation volontaire le 8 juin dernier. Ces signalisations dans l’espace public ont été réalisées en soutien à la communauté LGBTQI+ (lesbien, gay, bi, trans, intersexes), d’abord cours du Chapeau-Rouge sous la mandature précédente, et ensuite à Saint-Augustin et à Nansouty/Saint-Genès par l’équipe de Pierre Hurmic.
La mairie dépose plainte
Pour Olivier Escots, adjoint au maire chargé du handicap et de la lutte contre toutes les discriminations, ces dégradations « montrent qu’il y a un besoin de faire ces passages face aux idées obscurantistes toujours vivaces ». L’élu municipal communiste affirme le besoin de « travailler davantage à visibiliser ces minorités que certains veulent invisibiliser ».
« A chaque fois qu’ils seront vandalisés, on les remettra en état. Et on va poursuivre l’installation de passage dans chaque quartier de Bordeaux. Notre volonté est d’accompagner le calendrier LGBTQI+. Après Saint-Augustin le 17 mai pour la Journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, et Nansouty pour le mois des fiertés, le prochain est prévu en septembre pour la gay pride, on est en train de voir dans quel quartier. Le but est aussi de faire de ces installations un point d’appui pour travailler avec les associations du quartier ».
Un budget de 2000€ est nécessaire pour la mise en œuvre de chaque passage et pour la remise en état, « c’est selon ». Celui de Nansouty « devrait être nettoyé facilement sous 24 heures ». A la question de savoir qui sont les auteurs de ces dégradations, Olivier Escots répond :
« Je ne sais pas si ce sont des groupes organisés. En tout cas le drapeau bleu-blanc-rouge début juin et les fleurs de lys maintenant, c’est quand même des idées distinctives de certains courants extrémistes. »
La Ville de Bordeaux a l’intention de déposer plainte, « comme à chaque fois » conclut l’élu.
Chargement des commentaires…