Il y a encore un mois, Michel Cahen, Basile Perrot, Virgile Mouquet et Amélie Rousselle ne se connaissaient pas. Pour autant, ils sont tous signataires d’un des appels à la constitution d’une primaire populaire pour la gauche et les écologistes, à l’instar de 2022 vraiment en commun, Unité alternative pour 2022, ou de la plus récente Primaire populaire, soutenu par des personnalités comme Cyril Dion, Julia Cagé ou Dominique Méda.
L’idée : sur la base d’un socle programmatique commun, élire un candidat unique, porté par la société civile. Jeudi 1er juillet, à Bordeaux, le collectif Unité 2022 a inauguré son lancement girondin.
L’union fait la force
Face à une gauche divisée et un électorat de gauche désespéré, des citoyens ont décidé d’agir. Michel Cahen est directeur de recherche émérite à Sciences Po Bordeaux et au CNRS :
« Malgré les guerres d’égo, nous pensons que les partis sont prêts à présenter un candidat unique. Si ce ne sont pas les partis politiques, ce se sont les citoyens. Selon un récent sondage publié dans l’Obs, 90% des électeurs qui ont déjà voté à gauche souhaitent une candidature unique pour les présidentielles. C’est cette pression des électeurs qui peut aussi jouer sur la décision des partis. »
L’objectif est dans un premier temps de convaincre un maximum de citoyens de signer l’appel, pour mettre les appareils partisans aux pieds du mur.
Cet élan populaire pourrait être la source d’un changement de paradigme, et permettre d’arbitrer entre un PS en perte d’hégémonie, des Verts ascendants et d’autres mouvements de gauche. Basile Perrot est étudiant en géographie, à l’université de Bordeaux :
« Le but est d’avoir une réelle alternative sociale, écologique et démocratique à travers une primaire ouverte. Il faut éviter le duel Le Pen/Macron qui semble se dessiner. Nous voulons sortir de cette impasse et manifester une rupture. »
Pour l’heure, aucun parti politique n’a fermé la porte à cette initiative. Si certains sont plus réticents, à l’instar de Jean-Luc Mélenchon, d’autres, du côté des Verts, soutiennent une primaire populaire, comme Sandrine Rousseau, candidate à l’élection présidentielle, aux côtés de Yannick Jadot et d’Eric Piolle, récemment déclarés.
Pour les citoyens présent à Bordeaux, l’enjeu d’une telle primaire est aussi d’éviter les fractures au sein d’un même parti. En 2017, Manuel Valls n’avait ainsi pas apporté son soutien à Benoît Hamon, vainqueur de la primaire de la gauche.
Les législatives dans le viseur
Au-delà de l’enjeu national de la présidentielle, les comités locaux visent aussi à rassembler les nuances de rose, de rouge et de vert lors des législatives, avec 12 candidats dans les 12 circonscriptions en Gironde :
« Il est logique d’avoir la même démarche pour ces deux scrutins. Les comités locaux seront indispensables. Notre idéal c’est d’avoir 12 candidats, soit un par circonscription réunis autour du socle commun. Ce dernier sera enrichi avec des comités locaux, qui affineront les propositions selon les problématiques du territoire », détaille Michel Cahen.
Virgile Mouquet, co-référent de l’appel Unité 2022 pour la Gironde, a rappelé la nécessité de ces ancrages locaux :
« Localement, un des enjeux est de poser un cadre pour les négociations. On veut éviter des discussions bilatérales, comme aux Régionales. Nous voulons créer un consensus, basé sur des idées et des valeurs communes. »
Les bénévoles de ces mouvements ont commencé à se réunir et s’organiser, et six comités locaux devraient voir le jour prochainement : dans le Sud-Gironde, Nord Gironde, Bordeaux Nord, Bordeaux centre, Rive droite, Bordeaux Sud et le Bassin. Dans une démarche empirique, Unité 2022, souhaiterait former des comités dans chaque circonscription.
En septembre prochain, le collectif compte organiser une réunion publique, à l’Athénée municipale, où les 10 propositions seront commentées et débattues par tous les partis de gauche.
Chargement des commentaires…