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L’édition 2021 du FAB jette des ponts culturels entre Beyrouth et Bordeaux

Avec 30 spectacles, le Festival des Arts de Bordeaux va tourner à plein régime du 1er au 23 octobre. Après une soirée inaugurale gratuite ce vendredi à Pola, la sixième édition consacre une large place à la création contemporaine libanaise, touchée par les crises et l’explosion qui a ravagé Beyrouth en août 2020. Rencontre avec Charbel Samuel Aoun, architecte et plasticien libanais, venu mener une réflexion sur la nature et l’urbain autour de la Garonne, en toile de fond de ce FAB.

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L’édition 2021 du FAB jette des ponts culturels entre Beyrouth et Bordeaux

De l’actualité artistique, le Festival International des Arts de Bordeaux Métropole (FAB) est passé à l’actualité tout court, internationale de surcroît. Touchée par le sort des artistes libanais après la double explosion du 4 août 2020 sur le port de Beyrouth, et les crises sanitaire et économique, la directrice du festival Sylvie Violan leur consacre une large place dans cette 6e édition. Sous la bannière « Solidarité », cinq collectifs et artistes (un sixième a dû annuler) seront au programme avec la complicité de Hammana artist house, structure culturelle libanaise.

Le lancement de l’édition 2021 se fait ce vendredi 1er octobre avec « Love and Revenge » de Randa Mirza et Wael Koudaih : ce concert électro visuel en plein air devant la Fabrique Pola rendra hommage au glamour de l’âge d’or du cinéma arabe.

Les propositions libanaises se succèdent ensuite sur plusieurs registres : photographie avec l’exposition d’un collectif à Pola du 1er au 22 octobre, danse avec Khouloud Yassine dans le jardin de la Cité du vin le 7 et 8 octobre, musique avec Ibrahim Maalouf le 8 octobre au Carré à Saint-Médard-en-Jalles.

Enfin une proposition hybride mêlant architecture, sculpture, vidéo et « réalités sociales et environnementales » se tient tout au long du festival. Elle est signée de Charbel Samuel Aoun en collaboration avec le collectif Cancan.

Deuil

Rue89 Bordeaux a rencontré cet architecte et plasticien libanais de 41 ans. Il évoque tout d’abord un deuil, l’objet d’une performance sur le fleuve de Beyrouth (une vidéo sera projetée lors du FAB).

« Nahr Beyrouth a été canalisé entre deux murs en béton traversant la densité urbaine de la ville. Cela a totalement fait disparaître son caractère sauvage, au point qu’il a fini par s’éteindre. Lors de cette performance, j’ai retracé le niveau original du fleuve avec des bandes blanches pour rappeler sa présence et j’ai sculpté sur un mur une inscription funéraire : “Ici repose ce que l’eau a sculpté”. »

Ce deuil trouve un écho sur les rives de la Garonne. Invité par le FAB à intervenir durant le festival, Charbel Samuel Aoun a choisi d’inspecter le passé et le présent du cours d’eau qui traverse Bordeaux, « un fleuve qui coule tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre ».

« J’ai été frappé par ce phénomène des marées qui inverse le cours du fleuve. De là, j’ai voulu comprendre ce qu’il provoque sur son milieu et je suis allé à la rencontre de tous ceux qui ont un rapport avec lui : des métiers, des artistes, des ingénieurs, des historiens… J’ai retracé son activité et son évolution. A notre époque, la Garonne vit une dualité avec la ville. Comment l’urbain côtoie-t-il la nature ? Comment ce paysage paisible et vivant est-il envahi par le bruit de la circulation et de l’activité humaine ? Comment là aussi, à certains endroits, les hommes sont-ils empêchés d’accéder à l’eau ? Quels nouveaux rapports se créent ? »

Charbel Samuel Aoun Photo : WS/Rue89 Bordeaux

Unir les deux rives

Dans ce travail qui porte le tire « La Dispersion du milieu », l’architecte et plasticien libanais décortique les mutations du fleuve. A travers des workshops, en collaboration avec le collectif bordelais Cancan, il étudie des épisodes de l’histoire pour replacer des repères au cœur de la cité, comme retrouver le bras de l’eau qui alimentait la ville par la porte Cailheau et restituer ses sons et bruits pour rappeler son existence.

Il entend également « unifier les deux rives à travers la fabrication d’un mortier avec la terre sablonneuse de la rive gauche et celle argileuse de la rive droite pour imaginer une construction totem. » Ou encore entamer une procession « en traversant le fleuve avec des objets retrouvés d’une rive à l’autre ».

Si la restitution de ce travail est encore à l’étude et laissée aux conclusions des expérimentations qui seront menées, l’intention de Charbel Samuel Aoun relève d’une volonté de réconcilier la nature avec ceux qui la côtoient et retrouver une unité, souvent déchirée par les événements dans son pays.


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