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Une première ferme urbaine éclot à Bordeaux

En mars dernier, la municipalité a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour installer un maraîchage sur une parcelle agricole de quatre hectares, au Haillan. C’est le projet de La P’tite ferme, une entreprise d’insertion basée à Léognan depuis 2014, qui a été sélectionné. Cette ferme urbaine s’inscrit dans la volonté, plus large, de la municipalité de créer un nouveau système d’alimentation, en développant l’emploi vers les circuits-courts et l’agriculture biologique.

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Une première ferme urbaine éclot à Bordeaux

Le terrain de quatre hectares, situé à l’arrière du Centre de culture de Bordeaux, ressemble encore à une friche. Et pourtant, c’est sur cette parcelle, libérée suite au réaménagement de la pépinière de la Ville, que des fruits et légumes biologiques vont pousser. Mardi 31 août, le maire de Bordeaux, accompagné d’Ève Demange, conseillère municipale déléguée à la résilience alimentaire, ont présenté le projet de La P’tite ferme, porté par Ali Yaici, qui a remporté l’appel à manifestation d’intérêt. 25 candidats étaient en lice.

Ali Yaici, entouré de Pierre Hurmic et d’Ève Demange, sur le terrain du Haillan Photo : VB/Rue89 Bordeaux

« Ville nourricière »

Le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, a tenu à rappeler l’implication de la Ville dans la résilience alimentaire, un axe de la feuille de route Bordeaux grandeur nature, qui définit la stratégie à suivre en matière de végétalisation et de développement durable :

« En politique, on ne s’improvise pas promoteur d’une agriculture urbaine. En 2016, alors que nous étions dans l’opposition, nous avions fait 20 propositions sur l’agriculture urbaine. Ce maraîchage urbain en faisait partie. »

Et de faire des circuits-courts des vecteurs d’emplois :

« Les petits producteurs sont désormais les bienvenus à Bordeaux. Il y a un besoin urgent de jeunes agriculteurs engagés dans une agriculture durable. Cela passe par un changement du système alimentaire local : moins de pesticides, moins de transports, création d’emplois locaux non délocalisables. Nous devons construire la ville nourricière. »

Une première étape

Première délégation de ce type à être créée à la mairie de Bordeaux, une enveloppe de 100 000 euros est allouée, pour l’année 2021, à la résilience alimentaire. En comparaison, la métropole de Lyon vient d’investir 10 millions d’euros, sur cinq ans, dans son plan politique agricole et alimentaire.

Mais à Bordeaux, le maraîchage du Haillan est une première étape, selon Ève Demange, soulignant la création prochaine de fermes urbaines à Bastide-Niel et Euratlantique.

« Le Haillan est la première grande ferme biologique sur Bordeaux consacrée au circuit court. C’est un acte symbolique qui lance l’agriculture au cœur de la ville. Nous souhaitons engager un cercle vertueux, montrer qu’un jeune agriculteur peut gagner sa vie. La P’tite Ferme, qui découle de l’association Les P’tits Cageots, connaît bien le terrain et la problématique de la préservation de la biodiversité. »

Afin de ne pas limiter l’exploitation agricole à la saison estivale, des serres seront implantées. À compter du mois d’octobre, la Ville louera la parcelle de quatre hectares à La P’tite Ferme, sous la forme d’un bail agricole à clause environnementale.

Premières récoltes en 2022

Ali Yaci, lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt, a fondé, en 2009, Les P’tits Cageots, entreprise qui distribue des paniers bio dans la métropole bordelaise. En 2014, il crée La P’tite Ferme, à Léognan, conventionnée Atelier Chantier d’Insertion (ACI), qui accompagne un public éloigné de l’emploi. Une soixantaine de personnes sont employées. Au Haillan, les premières récoltes devraient avoir lieu au printemps 2022. D’ici là, Ali Yaici est en phase de recrutement :

« Nous cherchons une dizaine de personnes pour le site du Haillan. Le projet ne se réduit pas seulement à l’alimentation, il y a aussi une dimension sociale. Aujourd’hui, les consommateurs aspirent à mieux consommer, mais il y a une carence dans les productions locales. Le foncier agricole est un vrai problème. Il est difficile de faire à la fois du bio et du local. Nous, on veut montrer que faire les deux, c’est possible. »

Le nouveau maraîcher du Haillan a été sélectionné par plusieurs acteurs du secteur de l’agriculture et du circuit-court : la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer), la direction des espaces verts de la ville de Bordeaux, l’association girondine pour l’agriculture paysanne, l’association technique des fruits et légumes, l’association Terres de liens, et la Chambre d’agriculture de Gironde.

D’après la mairie, l’agriculture urbaine est 15 fois plus productive que l’agriculture « classique ». En 2020, suite à la crise sanitaire et au confinement, le nombre de consommateurs de produits issus de l’agriculture biologique a augmenté de 12%, selon la Fédération régionale d’agriculture biologique.


#agriculture

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