Le chapitre est clos pour le Groupe local de traitement de la délinquance de Saint-Michel mis en place en septembre 2020, et étendu par la suite aux quartier des Capucins. Un an plus tard, durée revue à la hausse pour cause de crise sanitaire, celui-ci a abouti à une amélioration de la situation laquelle, au deuxième trimestre 2020, devenait inquiétante pour les autorités avec augmentation des vols, ports d’armes, agressions sexistes entre autres.
« Cette opération a atteint une partie de l’objectif mais n’a pas éradiqué toute la délinquance » prévient Frédérique Porterie, procureur de la République. « Le but n’est pas d’aseptiser, mais face à une délinquance exacerbée, de mettre un coup d’arrêt fort », répond Eric Krust, chef d’État Major de la direction départementale de sécurité publique de la Gironde (DDSP33), avant de préciser qu’ « un GLTD clôturé ne veut pas dire qu’on va déserter le secteur. »
Tectonique des plaques
Les chiffres parlent d’eux mêmes, et il est inutile de chercher des comparaisons tant « la situation de chaque secteur est différente ». Eric Krust utilise, à propos de Saint-Michel, la métaphore de la « tectonique des plaques ».
« Il y a effectivement deux plaques différentes. Il y a le Saint-Michel populaire et cosmopolite, qui a affiché une accumulation de signaux de précarité et de dégradation ; et il y a un territoire investi par des acteurs économiques et des nouveaux habitants venus en nombre, avec un sentiment d’insécurité. Lorsqu’on gratte un peu, on découvre qu’il résulte des incivilités, des ordures mal ramassées, de la vente de stupéfiants, des faits de prostitution… »
Le Commissaire divisionnaire se félicite des nombreuses baisses observés :
« Les atteintes à l’intégrité physique ont baissé de 14% en 12 mois à Saint-Michel contre 4% sur l’ensemble de la ville. Les violences crapuleuses – des vols avec violences, des vols avec arme ou encore des extorsions de fonds –, ont baissé de 47% contre 21%. Les violences non crapuleuses – insultes, incivilités… – sont stables alors qu’elles ont augmenté de 4% dans toute la ville. Les cambriolages sont également en baisse de 31% à Saint-Michel contre 11% à Bordeaux – à noter que le secteur de la Victoire a enregistré une hausse de 77% de ce phénomène. »
Errance et squats
Le bilan juridique a suivi. « 488 procédures, 271 poursuites dont 60% impliquent un ou plusieurs mineurs, 140 condamnations dont 35 dès le premier mois », énumère la Procureur :
« Nous avons priviligié des voies de procédures rapides comme la comparution immédiate pour les majeurs. […] Alors qu’il y a des comparutions prévues encore jusqu’en 2022, on peut noter 80 peines d’emprisonnements prononcées, dont beaucoup de dossiers en flagrant délit. »
Deux affaires importantes révélées par le GLTD sont toujours en cours : une enquête sur un trafic de cachets de Prégabaline qui implique 8 personnes mises en examen et un préjudice de 58000€ pour la caisse de l’assurance maladie ; et une enquête sur une affaire de recel en bande qui implique 8 personnes dont 2 déjà en détention provisoire, qui donnera lieu à un jugement les 25 et 26 octobre prochain.
Eric Krust avance un complément d’informations, et non des moindres : « Les mineurs isolés constituent 10% de la population délinquante, chiffre loin de ceux hâtivement annoncés ». En revanche, « 30% des personnes mises en cause étaient sans domicile fixe ». L’errance, selon les termes du directeur, se trouve être un facteur important de la délinquance. Les squats sont également pointés du doigt.
Nouveau GLTD
Un nouveau GLTD est mis en place sur le secteur Marne – Saint-Jean (voir schéma). « Il ne s’agit pas d’un glissement de la délinquance, prévient Eric Krust, les délits n’étant pas des mêmes registres. »
« C’est un secteur qui, au nord, connait une logique de cambriolage assez puissante. On retrouve également plusieurs poches avec une recrudescence des vols avec violence : rue Elie-Gintrac, place des Capucins, rue des Douves, rue Tauziat… et enfin le parvis de la gare, jusqu’au quai de Paludate, où des faits d’outrage, de rébellion, de vols à la tire sont remarqués. »
Le principe de Groupe local de traitement de la délinquance a été créé en 1997 pour faire face à un croissance subite des vols et violences. Il consiste à faire collaborer ensemble, sur un secteur et pour une durée précise (souvent de trois mois), plusieurs services concernés (DDSP33, Police municipale de Bordeaux, Préfecture de la Gironde, Direction régionale de la police aux frontières). Il est mis en place par le parquet, sur décision du procureur de la République et permet de concentrer les moyens et de doubler les effectifs sur un quartier, ainsi que de traiter ses affaires en priorité. Frédérique Porterie ne cache pas son espoir que celui de Marne – Saint-Jean soit le dernier.
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