Média local avec zéro milliardaire dedans

« Un poignard dans la poche » ou le sens aiguisé de la famille

Au TNBA jusqu’au 16 octobre, en partenariat avec le Festival des arts de Bordeaux Métropole (FAB), la première création du collectif bordelais Les Rejetons de la reine se paye le schéma familial et l’ordre social.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Bordeaux, abonnez-vous.

« Un poignard dans la poche » ou le sens aiguisé de la famille

Le théâtre, c’est d’abord le jeu d’acteur. Et, heureusement, le collectif bordelais Les Rejetons de la reine a tout prévu pour sa première création : « Un poignard dans la poche ». Dans un décor modeste aux effets rudimentaires, cette nouvelle formation (créée en 2019) porte un texte sur mesure, habilement signé par Simon Delgrange, sur la scène du Studio de création du TNBA à Bordeaux et dans le cadre du FAB.

Julie Papin, Jérémy Barbier d’Hiver, Alyssia Derly, et Clémentine Couic, y livrent, avec une dramaturgie subtile de Franck Manzoni, une partition à la justesse millimétrée. Une nouvelle démonstration, s’il le faut, des talents dont fourmille régulièrement l’Ecole supérieur de théâtre de Bordeaux Aquitaine, les membres du collectif étant de la promotion 2013-2016 (Franck Manzoni est le directeur pédagogique).

Les Rejetons de la reine lors d’une présentation d’étape de « Un poignard dans la poche » Photo : WS/Rue89 Bordeaux

Famille d’accueil

Qu’est ce qu’une famille ? Qu’est ce qu’une réunion de famille ? Quels sont les secrets d’une famille ? « Un Poignard dans la poche » trifouille ce noyau et les rapports d’une femme avec son mari, d’un mari avec sa fille, d’une fille avec sa mère, et d’un enfant perdu aux incarnations étranges. La compagne de la fille, invitée à un repas à première vue quelconque, vient bousculer le schéma familial pour propulser le spectateur dans des causes et des questions contemporaines.

Dès les premiers échanges, le texte intrigue : des répliques répétées, des colères inattendues, des silences étranges, et des rôles inversés se mettent en boucle. Au fil des situations, à l’enchainement soudain, on assiste pêle-mêle à des prises de position : la politique, le « système », la domination, le patriarcat, l’économie… Ces sursauts d’activisime viennent pimenter un ordre apparement établi, celui d’une famille bourgeoise où l’homme sonne l’heure de l’apéro et la femme s’attable au plus près de la cuisine pour assurer le service.

Outre la forme absurde donnée avec malice à des phénomènes sociétaux de premier plan, et des interprétations tour à tour graves, tragiques et foutraques, l’équilibre de la mise en scène tient de la maitrise de chaque personnage, ses délires et ses folies. « Un poignard dans la poche » est un parfait exemple de la philosophie du collectif qui revendique le « plaisir d’un jeu commun ». Plaisir incontestablement communicatif.


#théâtre

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles
Partager
Plus d'options
Quitter la version mobile