« Zemmour ne cesse de multiplier les propos sexistes, racistes et particulièrement islamophobes sur les plateaux de télévision, soutenu par les grands propriétaires de média comme Vincent Bolloré », estiment les signataires de l’appel à manifester ce jeudi à 16h place Pey-Berland (Il est encore temps, Union communiste libertaire, Attac, CGT, ANV-Cop 21…).
Ils rappellent que le polémiste, officiellement en tournée de promotion pour son dernier livre, et qui fait planer le doute sur sa candidature à la présidentielle, a été condamné à deux reprises pour provocation à la discrimination raciale, puis à la haine religieuse contre les musulmans.
Eric Zemmour comparaîtra prochainement devant le tribunal de Paris pour provocation à la haine raciale, suite à ses propos sur les MNA (mineurs non accompagnés), qualifiés sur CNews de « violeurs », de « voleurs » et d’ « assassins ». Il est poursuivi par 38 parties civiles, parmi lesquelles 22 départements (dont celui de la Gironde), en charge de l’aide à l’enfance.
« Meeting de la honte »
Dans une lettre ouverte à la mairie de Bordeaux et à Bordeaux Métropole, les organisateurs de la manifestation demandent donc aux élus de « se positionner contre la venue d’un tel personnage, dangereux et manipulateur […] et de lui refuser l’accès à une salle qui est propriété de la Ville et de la métropole ».
Dans un communiqué publié ce mercredi 10 novembre, la France insoumise appelle également « Monsieur Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, et Madame la préfète Fabienne Buccio à interdire la venue du polémiste dans notre ville de Bordeaux pour ce meeting de la honte, qui est un trouble à l’ordre public ».
Le Palais des congrès appartient à la Sbepec, société publique locale détenue à 80% par Bordeaux Métropole et à 20% par la Ville. Mais Pierre Hurmic, interpellé ce mardi en conseil municipal par Philippe Poutou, a laissé comprendre qu’il n’avait aucun pouvoir pour faire interdire ce meeting, tout en lui précisant que « le maire de Bordeaux est étranger à cet événement » :
« N’essayez pas de faire prospérer l’idée d’une complicité entre monsieur Zemmour et la municipalité au motif que monsieur Zemmour a choisi Bordeaux, comme d’autres villes, pour faire son meeting de pré-candidat », a-t-il lancé au candidat NPA à la présidentielle – une idée soulignée par certains visuels circulant sur les groupes Facebook d’extrême gauche. Et d’ajouter, « si vous pouviez contribuer à faire éviter une manifestation devant l’Hôtel de ville, je vous en serais gré… »
L’élu Bordeaux en luttes lui a rétorqué en retour « ce sera plus pratique pour vous pour venir », invitant le maire écologiste à se joindre à la manifestation afin de s’opposer publiquement à Éric Zemmour.
Libertés fondamentales
Jointe par Rue89 Bordeaux, la métropole bordelaise n’a pour sa part précisé « n’avoir rien à voir là dedans » :
« La Sbepec ne s’occupe que de la gestion immobilière du Palais des congrès, du Hangar 14 et du Parc des expositions, et intervient par exemple sur les travaux de rénovation. La gestion commerciale et l’exploitation de ces espaces ont été confiées à Congrès et exposition de Bordeaux (CEB) qui décide seule des locations ».
De son côté, CEB « tient à rappeler » à Rue89 Bordeaux que « les conférenciers, responsables politiques, syndicaux ou religieux que nous accueillons sur nos sites doivent bénéficier d’une pleine et entière liberté d’expression, la liberté d’expression et la liberté de réunion constituant des principes fondateurs de notre démocratie ».
« Congrès et Expositions de Bordeaux n’exerce pas de contrôle d’opportunité sur l’accueil de tels événements. Sur le plan juridique, la liberté de réunion est une liberté publique fondamentale que l’autorité investie du pouvoir de police ne peut limiter qu’en cas de risque de trouble grave à l’ordre public. »
Risque contentieux
L’existence de tels troubles et l’impossibilité de les prévenir par des mesures de police appropriées, deux critères retenus par la jurisprudence pour empêcher une manifestation, ne sont selon CEB pas réunis dans ce cas précis.
« Il n’y a donc pas de motif juridique légitime justifiant le refus de louer un espace de réunion à l’association qui organise la conférence. Un tel refus aurait du reste créé un risque contentieux avec l’association. »
C’est pour des raisons similaires que le Femina ne s’était pas opposé à la location du théâtre lors du dernier passage de l’ancien journaliste à Bordeaux. Sa venue avait entraîné des manifestations.
Un nouveau rassemblement aura lieu le 12 novembre à 18h30 devant le stade Matmut Atlantique. En amont de son meeting de ce vendredi, les militants antiracistes et antifascistes ont appelé à s’inscrire massivement puis à ne pas se rendre sur place pour qu’Eric Zemmour se retrouve face à une salle dégarnie. Et vendredi, ils souhaiteraient perturber la tenue de l’évènement à l’instar de ce qui s’est récemment produit à Nantes.
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