« La décision exécutoire de Libourne est maintenant assortie d’une somme exorbitante qui vaut caution de droit d’appel, c’est gravissime et inédit », a réagi ce mercredi 10 novembre Valérie Murat, qui avait convié la presse devant le siège du CIVB (conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux).
Saisie par ce dernier et d’autres organisations et propriétaires de la viticulture bordelaise, la cour d’appel de Bordeaux n’a pas retenu la bonne foi mise en avant par la militante. Pour s’acquitter de sa peine, elle verse en effet depuis le mois d’avril 800 euros par mois.
Mais même en versant l’intégralité de son seul salaire, il lui faudrait 10 ans pour payer la totalité des 125000 euros infligés par le tribunal de Libourne, « la plus lourde condamnation en Europe » dans une affaire de ce genre, estime Valérie Murat.
Liquidation de patrimoine
« Ils cherchent à me faire vendre la maison où vit ma mère, le patrimoine familial de mon défunt père, mort à cause des pesticides », conclut-elle, rappelant que ses adversaires avaient produit à l’audience l’acte notarial et la photo de cette maison pour prouver qu’elle serait en capacité de payer la somme exigée.
Alerte aux toxiques a récolté 8000 euros de dons depuis le début de la procédure, qui ont permis de payer les frais d’avocat. Elle va lancer un appel au soutien financier afin de continuer à mener la bataille judiciaire, et a deux ans pour réunir le montant exigé. C’est selon Valérie Murat précisément l’objectif d’un « procès-bâillon » :
« Pour le CIVB, qui a 19 millions d’euros de budget, le but n’est pas de gagner, mais de me faire taire, et je ne me tairai jamais. Cette affaire évite de parler des vrais problèmes, l’utilisation de pesticides parmi les plus dangereux pour fabriquer un produit de plaisir, et la pollution environnementale que cela génère. »
Deux poids, deux mesures ?
Valérie Murat a été condamnée pour dénigrement pour avoir publié des analyses montrant la présence de résidus de pesticides dans des vins labellisés HVE (haute valeur environnementale) dans une vingtaine de bouteilles de bordeaux. Un « deux poids deux mesures » insupportable pour les associations anti-pesticides, qui relèvent que les Vins de Bordeaux ne se sont pas attaqués à d’autres organismes ayant mené des tests similaires (France 2, UFC-Que choisir, etc.).
Joint par Rue89 Bordeaux, le CIVB n’a pas souhaité faire de commentaire.
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