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Après 20 ans d’existence, la Maison des Femmes de Bordeaux reste une porte ouverte à toutes

Créée en 2001 à Bordeaux, la Maison des Femmes fête cette année ses 20 ans. Initiée par le Collectif bordelais pour le droit des femmes, en réaction aux commandos anti-IVG dans les hôpitaux de Bordeaux, et dans l’effervescence des mouvements sociaux des années 1990, la Maison des Femmes assure aujourd’hui le suivi de femmes victimes de violences tout en étant un lieu d’accueil et d’orientation socio-professionnelle.

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Après 20 ans d’existence, la Maison des Femmes de Bordeaux reste une porte ouverte à toutes

Ce lundi en fin d’après-midi, elles sont encore quelques unes à ranger leurs affaires après avoir assisté à l’atelier arts plastiques. Les murs jaunes du local sont d’ailleurs parsemés de toiles réalisées lors de ces ateliers, et font l’objet d’un vernissage chaque année. Implantée place du Palais, la Maison des Femmes a vu le jour en 2001. 20 ans après, ce lieu géré par des femmes et destiné aux femmes, compte trois salariées et une quinzaine de bénévoles.

Marylise Berthelot co-préside la Maison des Femmes avec Catherine Tenneguin. Toutes les deux bénévoles, elles évoquent un espace ressource pour les femmes :

« Elles peuvent s’y retrouver, avoir du temps pour elles. Les ateliers proposés vont de l’art au bien-être, en passant par le chant. Il n’y aucune régularité demandée, une femme peut venir une fois ou revenir autant de fois qu’elle le souhaite. »

Réaction féministe spontanée

Catherine Tenneguin fait partie des fondatrices de la Maison des Femmes. À la genèse de l’association, elle décrit les commandos anti-IVG qui sont intervenus à l’hôpital Saint-André et à la clinique Bagatelle au début des années 90 :

« Ils s’enchaînaient aux tables d’opération, occupaient les salles d’attente… C’était violent. Il y a eu une réaction spontanée de la part de militantes féministes, de syndicats et de partis politiques comme le PS et le PCF. »

En 1992, suite à de nombreuses actions des commandos anti-IVG dans les hôpitaux français, une loi est votée, statuant le délit d’entrave à l’IVG.

Trois ans après, le pays connaît un nouveau mouvement politico-social en réaction au Plan Juppé de réforme de la Sécurité sociale. C’est dans ce contexte que naît le Collectif national français pour le droit des femmes, regroupant des organisations syndicales et des partis politiques.

À Bordeaux, la branche locale se réunit d’abord au Café des Arts, comme le détaille Catherine Tenneguin :

« Nous étions une quarantaine à nous retrouver au café, on était un peu à l’étroit. La Maison des Femmes a été créée après, après avoir obtenu des subventions du Conseil régional. En 2001, nos premiers locaux étaient rue de la Rousselle. »

Catherine Tenneguin et Marylise Berthelot, co-présidentes de la Maison des Femmes Photo : VB/Rue89 Bordeaux

Du temps pour soi

C’est en 2007 que la Maison des Femmes s’installe quelques mètres plus loin, à l’angle de la place du Palais et du cours d’Alsace-et-Lorraine. Catherine Tenneguin, qui a toujours mené de front les combats féministes parallèlement à son métier de technicienne de laboratoire, décrit un lieu marqué par un « volet culturel important » :

« Nous avons toujours donné la possibilité d’exposer à des femmes artistes qui n’auraient pas eu les moyens de le faire ailleurs. Dès le début, nous avons accueilli des artistes engagés sur la question des droits des femmes, des LGBT… et organisé des conférences sur ces sujets. »

Un lieu de débats et d’idées donc, mais aussi d’accueil et d’écoute pour les femmes, comme le précise Marylise Berthelot, co-présidente de la Maison des Femmes. À la retraite depuis deux ans, elle s’est investie dans le milieu associatif :

« Il y a deux accueils spécifiques : l’un pour l’insertion socio-professionnelle, l’autre est dédié aux femmes victimes de violences. Sur ce dernier accueil, nous avons observé une hausse des demandes. Les femmes qui nous sollicitent sont, par ailleurs, de plus en plus en jeunes. »

629 femmes accueillies en 2020

La Maison des Femmes de Bordeaux est adhérente à la Fédération Nationale Solidarité Femmes, qui compte plus de 70 associations spécialisées et engagées sur la question de la lutte contre les violences faites aux femmes. C’est ainsi que l’association bordelaise est l’un des relais locaux du numéro d’écoute 3919.

En 2020, ce sont 629 femmes qui ont été accueillies et accompagnées au sein de la Maison des Femmes. 82% des entrées dans l’association se sont faites via l’accueil dédiée aux violences. Depuis le féminicide de Chahinez Daoud, à Mérignac en mai dernier, l’association a vu les choses évoluer localement :

« Nous sommes en lien avec le pôle psycho-social du commissariat de Mériadeck. En 2022, les services de police pourront se déplacer dans les associations pour prendre les plaintes des femmes victimes de violence. C’est une bonne chose. »

Pour une loi globale

Les deux femmes militent en faveur d’une « loi globale » sur les violences conjugales, à l’instar de l’Espagne où un parquet spécialisée a vu le jour. Les féminicides y ont d’ailleurs chuté de 25%. Pour Catherine Tenneguin, la question des moyens alloués à la justice doit aussi se poser :

« Les problématiques liées aux violences sexuelles devraient être prises en compte globalement : éducation sur ces questions dès l’école, suivi social des enfants dont la mère subit des violences, hébergement… Seulement, pour ça, il faut des moyens, et aujourd’hui la justice française a déjà du mal à traiter les affaires. »

En 2022, la Maison des Femmes espère pouvoir réaménager son local pour optimiser les conditions d’accueil des femmes. Vendredi 7 janvier, à 18h30, l’association organise dans ses locaux le vernissage de l’exposition de l’artiste plasticienne Marie-Laure Drillet dont les œuvres seront visibles du 3 au 28 janvier.

maison.des.femmes@wanadoo.fr / 05 56 51 30 95
27 cours d’Alsace-et-Lorraine 33000 Bordeaux

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