« Une infirmière du CHU de Bordeaux gagne 1,07€/heure de prime de nuit ! » peut-on lire sur un tweet qui dénonce la rémunération du personnel hospitalier la nuit. Le commentaire accompagne un extrait d’un bulletin de salaire d’une infirmière (qui n’est pas la propriétaire du compte twitter) travaillant à l’hôpital Haut-Lévêque (entité du CHU de Bordeaux, à Pessac).
Jointe par Rue89 Bordeaux, l’infirmière, qui préfère rester anonyme, explique :
« L’indemnité chaussure était de 2,46€ en février 2016 et est passée à 2,73€ en mars 2016 et n’a pas bougé depuis. L’indemnité dimanche et jour férié était à 44,32€ en 2016 et depuis avril 2017, elle est à 44,86€. Pour les primes de nuit, c’est encore plus affolant, 1,07 €/h au moins depuis 2006 car avant je n’en faisais pas. Et tout cela en brut ! Non seulement le travail de nuit n’est pas rémunéré mais la nouvelle politique est de supprimer des postes vacants de nuit puisqu’ils n’en trouvent pas et d’obliger les personnels de jour à tourner de nuit sous prétexte de la continuité des soins. »
Lettre à Véran
Pascal Gaubert, secrétaire général de Force ouvrière au CHU de Bordeaux, rejette la responsabilité sur la politique gouvernementale, précisant que la situation à l’hôpital se dégrade à une vitesse « jamais vue ». Egalement secrétaire du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) et au CTE (comité technique d’établissement), ce membre du conseil de surveillance du CHU vient d’écrire une lettre à Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé.
« C’est impensable que les personnels de nuit (surtout les paramédicaux) soient considérés seulement, à hauteur d’une centaine d’euros par mois en étant de nuit, alors que dans le privé, en Gironde, les structures proposent 400 euros de prime pour nous “arracher“ nos personnels. Pour remonter à la surface, il nous faut une augmentation rapide de 3€50 net de l’heure, minimum. »
Soulignant que le « CHU de Bordeaux ne peut prendre une telle décision statuaire », il alerte le ministre sur « la détresse, la dépression, la perte d’envie professionnelle, la perte de volonté de se “donner” de l’ensemble de nos collègues sur le terrain ». Selon lui, cela se traduit par « des arrêts et des départs chaque jour ». Au risque, prévient-il Olivier Véran, que chaque bâtiment de l’hôpital devienne « une coquille vide sans personnel pour faire tourner les secteurs », comme « c’est le cas pour le nouvel hôpital pédiatrique ».
Plan blanc
Par ailleurs, alors que le Plan Blanc vient d’être annoncé par le CHU Bordeaux, le syndicat Sud relève « l’extrême précarité et vulnérabilité de notre système hospitalier actuel ». Dans un communiqué, il estime que « ces plans blancs à répétition démontrent clairement les insuffisances de moyens matériels et humains de l’Hôpital en général ».
« Tout le personnel – soignant / administratif/technique – subit une nette dégradation des conditions de travail. Le taux important d’absentéisme et les nombreux burnout en sont la preuve. »
Le syndicat en appelle « à un plan de survie sous peine d’assister à un effondrement pur et simple de notre hôpital public », en dénonçant au passage « la gestion calamiteuse de la crise par le gouvernement, les ARS ainsi que les directeurs », l’ancien et l’actuel.
Les revendications détaillées dans le communiqué exigent des financements supplémentaires : « former et embaucher des professionnel.les à hauteur des besoins ; augmenter les salaires de manière concrète et revalorisation du travail de nuit et des indemnités week-end ; ouvrir des lits et des structures », et enfin « la réintégration de tous nos collègues suspendu.e.s » pour non vaccination.
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