« J’ai perdu mon statut d’intermittent », explique Aurélien Matifas, percussionniste. Comme lui, ils étaient une trentaine à se réunir sur les marches du Grand Théâtre, mercredi 19 janvier, pour dénoncer l’urgence sociale qui impacte les mondes de la culture et du spectacle, après deux ans de crise sanitaire.
Dans une lettre ouverte adressée à la ministre de la Culture, les syndicats demandent, notamment, la prolongation de l’année blanche au-delà du 1er janvier et la prolongation des aides du Fonds national pour l’emploi pérenne dans le spectacle (Fonpeps) aux salles jusqu’à 600 places.
Reconversions
Alors que le calendrier est peu lisible pour le monde de la culture à l’aune de la cinquième vague, le milieu déplore l’arrêt des aides sociales et des aides à l’emploi. Timo Metzemakers est le secrétaire général de la SAMNA-CGT :
« Nos principales revendications concernent la continuité de toutes les mesures de soutien à l’emploi qu’il y a eu pendant la crise sanitaire et qui ont pris fin au 31 décembre. Par ailleurs, la CGT défend la vaccination, mais se positionne contre l’obligation d’un pass sanitaire ou vaccinal. Nous avons des collègues qui ne sont pas vaccinés, nous ne sommes pas d’accord pour que ça leur coûte leur emploi. »
Selon la CGT, la masse salariale dans le spectacle vivant a baissé de 66% depuis le début de la crise sanitaire. Timo Metzemakers évoque, lui, les reconversions de plus en plus nombreuses :
« Les reconversions commencent à arriver, notamment chez les entrants. Il y a eu des mesures très faibles pour accompagner les jeunes. Il y a eu un abaissement du seuil pour accéder à l’intermittence, mais assorti de conditions draconiennes pour le prolonger. Certaines jeunes se reconvertissent ou d’autres font le choix de se tourner vers l’enseignement. »
Annulations et reports
Le secteur subit à nouveau des contraintes qui causent divers préjudices. Depuis le 3 janvier, les jauges sont limitées à 2000 personnes en intérieur (et 5000 personnes en extérieur), et les concerts debout sont interdits. Ainsi de nombreux concerts ont été annulés ou reportés, comme à l’Arkea Arena de Bordeaux ou au Rocher de Palmer à Cenon.
Mais les acteurs des musiques actuelles craignent avant tout que ces mesures de restrictions, annoncées jusqu’au 23 janvier, soient prolongés. Une pétition lancée par la fédération des lieux de musiques actuelles (Fedelima), « Les concerts assis, ça ne tient pas debout », a déjà recueilli plus de 11000 signatures.
D’après une enquête commandée par le gouvernement et publié le 27 octobre 2021, près d’un Français sur deux ne s’est pas rendu dans un lieu culturel depuis le 21 juillet 2021, date de l’entrée en vigueur du passe sanitaire. Avant la crise sanitaire, ils étaient 88% à le faire. À Bordeaux, les musiciens et artistes présents au rassemblement évoquent surtout la situation difficile du spectacle privé. Aurélien Matifas, percussionniste, détaille :
« Le spectacle subventionné tient le coup. Or, il est loin de représenter la majorité. Dans le privé, les organisateurs sont frileux pour proposer des représentations, surtout avec un protocole inapplicable. Les annulations s’enchaînent, nous ne sommes plus appelés et encore moins payés. »
Aux contraintes des consignes, s’ajoutent les contaminations chez les artistes et les techniciens. Ce qui a provoqué une série d’annulations de la Scène nationale Carré-Colonnes à Saint-Médard-en-Jalles et Blanquefort, au Grand Théâtre de Bordeaux.
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