« La ville commencera d’ici quelques semaines à dessiner le futur visage de la rue de la Rousselle », a annoncé le maire de Bordeaux, lors d’un point presse vendredi 4 février. Entouré de représentants de la Métropole, de la préfecture et du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), Pierre Hurmic a détaillé l’avancée des travaux de sécurisation rue de la Rousselle et annoncé le lancement d’une étude de diagnostic sur l’état du bâti ancien dans la ville.
Enlèvement des gravats
La troisième, et dernière, phase des travaux de sécurisation doit débuter le 14 février prochain. Avant la réouverture de la rue, le chantier consiste en l’évacuation des gravats de la dent creuse des immeubles effondrés. À l’instar des phases de travaux précédentes, le chantier se déroulera sous captation vidéo afin de conserver les preuves, nécessaires aux expertises des procédures judiciaires. Deux fois par jour, un huissier se rendra également sur les lieux pour recenser les objets trouvés.
Jean-Jacques Chautant, directeur des Bâtiments à Bordeaux Métropole, a détaillé la teneur de la troisième phase des travaux rue de la Rousselle :
« L’objectif est de lever le danger que représentent les bâtiments. On démarre l’étape d’enlèvement des gravats et de confortement des murs en simultané. L’avancée se faire par tranches de 2,5 mètres. On vient mettre en place un système de butonnage, qui permet de restituer les fonctionnalités qui existaient avant les effondrements, pour répartir les éventuelles poussées des murs encore en place. »
Au total, les travaux de sécurisation représentent un coût de plus de 1,4 million d’euros sur les 1,7 millions d’euros engagés par la Ville de Bordeaux, qui s’est notamment substituée aux propriétaires et à leurs assureurs. La troisième phase de travaux, qui doit durer trois mois, ouvrira l’accès aux piétons, permettant l’accès aux commerces, fermés depuis juin dernier.
L’expérience marseillaise
La mairie de Bordeaux a également annoncé le lancement d’un audit sur le bâti ancien, réalisé par le CSTB, en partenariat avec Bordeaux Métropole et soutenu par la préfecture. Pour Pierre Hurmic, le lancement de cette étude s’ancre dans une « vision résiliente de la ville », à savoir une ville qui « s’adapte, jauge les impacts du réchauffement climatique ». L’État participe à hauteur de 134 000 euros au financement de l’étude, estimée à 240 900 euros HT.
Romain Mège, docteur en dynamique des structures et membre du CSTB, a piloté les actions réalisées à Marseille, rue d’Aubagne, où deux immeubles se sont effondrés le 5 novembre 2018, causant la mort de huit personnes. Sollicité par les élus bordelais, il a explicité les objectifs d’une telle étude :
« Le but est de récupérer des éléments concrets pour comprendre l’état du bâti. L’étude va se dérouler en plusieurs phases. La première est de comprendre quel est le bâtiment ancien, comment il a été conçu, comment il a évolué depuis deux siècles et demi. L’étude portera sur la rue de la Rousselle, mais aussi en dehors, pour avoir une diversité de cas pathologiques. »
Résultats en 2023
L’audit comprend, entre autre, une étude géotechnique des sols, une analyse de la typologie des bâtiments anciens dégradés et une réalisation d’un diagnostic des réseaux enterrés.
À l’instar de Marseille, un collectif d’experts (avec géotechniciens, architectes du patrimoine, service de secours..) sera constitué dans le mois de février, pour analyser les données techniques afin que « la ville et l’ensemble des décideurs puissent avoir des éléments sur la marche à suivre ». Les données et discussions techniques seront également accessibles aux experts judiciaires. La publication des rapports est attendue pour 2023.
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