Au bout d’un bras de fer judiciaire, la mairie va finalement pouvoir lancer les travaux dans l’ancienne annexe du lycée Montesquieu, rue Mandron. Installée dans les lieux depuis 2005, l’association Théâtre en Plus (TEP) contestait son expulsion demandée par la Ville de Bordeaux, propriétaire des locaux depuis 2017, qui a le projet d’y aménager une crèche et une annexe de l’école Montgolfier.
Les deux précédents feuilletons de la bataille remontent à juillet 2021 pour le premier, quand le Tribunal administratif de Bordeaux donne raison au théâtre et déboute la demande de la mairie ; et à novembre de la même année pour le deuxième, où le même tribunal valide l’expulsion. Entre les deux décisions, le théâtre espérait alors pouvoir rouvrir son école en octobre. Une rentrée qui n’a jamais eu lieu. Les occupants ont alors attaqué le dernier jugement.
« Décisions contradictoires »
La mairie de Bordeaux a obtenu gain de cause le 16 novembre 2021. Le TEP est alors condamné à quitter les locaux et rendre les clés de la rue Mandron, sous astreinte de 500 euros par jour de retard. Maître Sylvain Galinat, avocat de l’association, relève « deux décisions contradictoires rendues par la même juridiction à moins de trois mois d’intervalle ».
L’avocat effectue un recours auprès du Conseil d’État pour contester la dernière décision. Le 18 février 2022, la plus haute juridiction administrative rejette le pourvoi en cassation. De ce fait, maître Sylvain Galinat compte s’y prendre autrement :
« Nous allons faire un recours devant le Tribunal administratif de Bordeaux pour demander l’indemnisation d’une expulsion que nous considérons comme illégitime. »
Béatrice Benero, directrice artistique du théâtre, explique avoir « tout perdu » après « 16 ans de boulot ». Les gradins, les costumes et et les décors du théâtre sont entreposés dans un garde-meuble :
« Nous n’avons jamais pu rouvrir le théâtre. L’eau a été coupée depuis cet été et les sorties de secours ont été bloquées. Le garde-meuble me coûte 700 euros par mois. À cause du Covid, nous avons contracté un prêt garanti par l’État, que je comptais rembourser grâce à la reprise des cours. J’espère obtenir une indemnisation, au moins pour éponger les dettes. »
40 places de crèche
La mairie de Bordeaux se dit, elle, « satisfaite » de pouvoir entreprendre les travaux pour construire une crèche et une annexe de l’école Montgolfier. Delphine Jamet, adjointe au maire chargée de l’administration générale et de l’évaluation des politiques publiques, évoque une rénovation qui répond à des « besoins dans le secteur » :
« Il s’agit de la création de quatre classes, de la remise aux normes du réfectoire et de la création d’une crèche de 40 places. Aujourd’hui, des écoliers sont dans des préfabriqués dans la cour. »
La possibilité de « relogement » du théâtre par la mairie apparaît, en revanche, exclue. « Nous ne disposons pas, dans le patrimoine immobilier de la ville, de locaux aux normes pouvant accueillir du public », a détaillé l’élue. L’échéance de la date des travaux n’est, elle, pas encore connue.
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