Lundi 28 février, le hashtag Bordeaux figure dans les premières tendances en France sur Twitter. La raison : une vidéo tournée devant la basilique Saint-Michel où un homme crache à la figure d’un prêtre bénissant le parvis. Dans un communiqué, le diocèse de Bordeaux confirme cette agression et fait savoir que « le prêtre qui a reçu le crachat ne souhaite pas porter plainte ». A propos de ce qu’il qualifie d’ « incident », le diocèse écrit :
« Le diocèse de Bordeaux réaffirme sa volonté de cultiver un climat de paix et de fraternité dans ce quartier Saint-Michel, en lien étroit avec la municipalité, les associations et les forces de l’ordre. »
Vendeurs à la sauvette
Ce dimanche, en raison des barrières qui délimitent un périmètre de sécurité devant la flèche Saint-Michel, les vendeurs à la sauvette s’étaient installés sur le parvis de l’église rendant difficile l’accès au lieu de culte. La police municipale est intervenue une première fois vers 11h pour les déloger.
« Cette opération était prévue de longue date et n’a aucun lien avec l’incident, affirme Amine Smihi, adjoint au maire chargé de la tranquillité publique et de la sécurité. La police est intervenue une deuxième fois vers 13h, j’étais sur place et je n’ai pas eu connaissance de ce qui s’était passé. »
Entre les deux interventions de la police, le prêtre qui célébrait la messe était, selon le diocèse, sorti « accompagné d’un servant d’autel pour ouvrir le passage tout en bénissant les personnes présentes ». En dehors de cet incident, l’initiative s’est déroulée dans le calme assure le diocèse.
« Actes christianophobes »
La Ville a « condamné vivement cette agression inacceptable » et fait savoir que Pierre Hurmic a apporté « tout son soutien » à l’archevêque de Bordeaux. Elle indique que « de nouvelles mesures de sécurité devront être mises en œuvre afin d’apaiser la situation dans les meilleurs délais ». Elle prévoit également de réfléchir à un lieu alternatif pour créer un « marché des biffins », afin d’encadrer le phénomène des ventes à la sauvette, qui « touche un public très vulnérable et en grande précarité ».
Si la mairie rejoint la position apaisée de l’Église catholique, sur Twitter, c’est une autre ambiance : la vidéo est abondamment relayée par l’extrême-droite, par le site Infos Bordeaux puis par le député Gilbert Collard, qui dénonce « la multiplication des actes christianophobes », ou par la responsable du Rassemblement national en Nouvelle-Aquitaine, Edwige Diaz, qui évoque « un quartier de Saint-Michel gangréné par l’immigration massive ».
Les images ont probablement été tournées et diffusées par un militant d’extrême-droite. Après le crachat, on entend l’auteur de la vidéo faire un commentaire : « les remplaçants sont bénis par les remplacés », allusion à la théorie nationaliste et identitaire du « grand remplacement ».
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