Tout y était : les drapeaux, la sono, les flashs des photographes, les slogans… Tout, sauf la candidate. Positive au Covid, Valérie Pécresse n’était pas présente à son meeting bordelais organisé au Parc des Expositions. L’événement a donc été animé par Patrick Stefanini, son directeur de campagne (éphémère préfet de la Gironde de mai à juillet 2012) et Thibaut de Montbrial, avocat et conseiller de la candidate.
Des politiques locaux étaient également au premier rang, dont Nicolas Florian, conseiller régional et ex-maire de Bordeaux, proche de la candidate, Yves Foulon, maire d’Arcachon, ou encore Chantal Bourragué, ancienne député de la première circonscription de Gironde.
Devant des gradins à moitié vide et un parterre de militants clairsemés – surtout des retraités ou des Jeunes Républicains – les remplaçants de la candidate LR ont développé les marronniers de droite de cette campagne présidentielle : immigration, sécurité et justice.
Chiffres et quotas
Après une brève apparition en vidéo pour saluer ses militants, et leur rappeler d’aller aux urnes pour une « élection qui n’est pas encore jouée », Valérie Pécresse a laissé sa place à son directeur de campagne, Patrick Stefanini. Le premier tacle est adressé à Emmanuel Macron et les « sujets d’autorité » que l’actuel président, qui « n’est pas de droite », a « complètement négligé ». C’est donc « naturellement » que la rhétorique glisse sur l’immigration :
« Pour que la France soit forte, il faut d’abord qu’elle soit forte à ses frontières. Aux termes du quinquennat d’Emmanuel Macron, jamais l’immigration n’a été aussi importante dans notre pays. »
Patrick Stefanini évoque alors « tous les records battus en 2019 » avec « 270 000 titres de séjours délivrés » cette année-là, d’après les stats du ministère de l’Intérieur. Un chiffre en hausse, notamment liée à la progression des délivrances de titres de séjour pour les étudiants. Mais s’il y a un « record » qui n’a pas été évoqué pour l’année 2019, c’est le nombre d’expulsions qui ont progressé de 19% en un an, avec plus de 23 000 éloignements.
Après les chiffres « inquiétants », les « solutions ». Patrick Stefanini a embrayé sur la « mise en place de quotas » prônée par la candidate de la droite à la présidentielle :
« Valérie Pécresse propose de modifier la Constitution et d’y inscrire le principe des quotas migratoires. […] La France disposera d’un moyen de pression sur les pays d’origine. Pour les pays qui ne veulent pas coopérer pour la reprise de leurs clandestins, ce sera quota zéro. »
Fidélité
Valérie Pécresse souhaite également conditionner le versement des aides sociales non-contributives, comme les allocation logements ou familiales, aux « étrangers qui résident en France régulièrement depuis 5 ans ». Des propositions radicales, proches de celles portées par les candidats d’extrême-droite, mais qui ne désarçonnent pas les quelques militants rencontrés.
Pour cette habitante d’Arcachon, « fidèle depuis toujours au parti », le programme LR n’a « rien à voir » avec celui « d’une Le Pen ou d’un Zemmour ». « On ne veut pas d’une immigration zéro contrairement aux extrêmes, parce que c’est impossible. On veut une immigration qui soit contrôlée », explique t-elle.
Un autre militant, âgé de 80 ans, et qui a fait la route depuis le Lot-et-Garonne, reconnaît que c’est aussi « un peu à la mode ». Positionné contre une primaire à droite, il aurait souhaité que ce soit Xavier Bertrand qui prenne la tête de la campagne, mais reste « loyal » à la droite et « ne votera jamais pour l’extrême ».
« Brigades coup-de-poing »
En revanche, la thématique sécurité semble mettre tout le monde d’accord. C’est l’avocat Thibault de Montbrial qui s’est fait l’ardent défenseur de la police et de la gendarmerie :
« Nous allons déployer un véritable plan urgence pour le matériel de nos amis policiers et gendarmes. Nous allons créer des brigades coup-de-poing, à savoir des unités constituées par les forces de l’ordre, appuyées par les blindés de la gendarmerie si nécessaire avec des gens du fisc pour aller reprendre les territoires perdus de la République. »
Dans cette dynamique du « Karsher », Valérie Pécresse compte également inscrire dans la Constitution « le droit à la sécurité pour tous ». « Si nous gagnons, nous ne reculerons pas devant les voyous », a prévenu Thibault de Montbrial. Une formule largement applaudie par les soutiens dans la salle, tout comme le « Tu casses, tu répares », en référence à la proposition de généraliser les retenues sur les salaires et les prestations sociales pour lutter contre les amendes impayées.
A voir si ce « à droite toute » ne risque pas de faire fuir les Républicains modérés vers Macron, ou inversement, inciter l’autre frange de son électorat à préférer l’original à la copie.
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