Si le débat public sur Horizeo se tenait aujourd’hui, en pleine guerre en Ukraine et débat sur l’indépendance énergétique de la France, les conclusions auraient-elles été les mêmes ? La question a sous-tendu la conférence de presse de la Commission nationale du débat public, qui a présenté ce mercredi à Bordeaux son rapport sur le projet de plateforme photovoltaïque, à l’issue de la concertation menée du 9 septembre 2021 au 9 janvier dernier.
« C’est sûr que si le débat commençait aujourd’hui, il aurait une teneur un peu différente, estime Chantal Jouanno, présidente de la CNDP. L’actualité impactera directement la concertation nationale que va entraîner la relance de la politique nucléaire, et l’argument revient déjà : si on multiplie les sites nucléaires, on va multiplier les risques. »
Si de nouveaux EPR doivent être construits, ils ne verront pas le jour avant 2035, alors qu’ »il ne faut pas 50 ans pour faire du photovoltaïque », abonde Jacques Archimbaud, président de la commission particulière du débat public sur Horizeo.
« C’est un outil flexible dont on maîtrise la technologie, les pouvoirs publics vont à coup sûr s’intéresser à sa montée en puissance ».
Valideront ils le projet de « plateforme bas carbone » à Saucats, au sud de Bordeaux, site choisi pour sa proximité avec un transformateur électrique ? Cette centrale solaire géante permettrait en effet la production de 1 gigawatt (GW) d’électricité, quand le parc photovoltaïque français actuel n’est que de 10 GW et qu’il devra être porté entre 70 et 200 GW en 2050, afin d’atteindre la neutralité carbone à cette date, selon les scénarios de RTE (réseau de transport de l’électricité). La centrale prévoit aussi d’intégrer des « briques » de production d’hydrogène, de batteries ou encore un data center.
Rendez-vous dans trois mois
Mais encore faut-il que ses promoteurs, Engie et Neon, confirment leur intérêt. Les entreprises ont trois mois pour répondre aux recommandations de la CNDP, présenter un projet modifié, ou renoncer. A l’Etat de valider ensuite, ou non, l’opération. La commission souligne l’intérêt de tenir compte des observations du public, alors que le débat a suscité un fort intérêt (plus de 3000 participants et des centaines de milliers de personnes informées par la presse, notamment) et révélé de fortes oppositions.
« Le point dur du projet est sa localisation au cœur de la forêt, relève le bilan du débat. Le défrichement nécessaire à sa réalisation [NDLR : de 1000 hectare] est difficilement compréhensible pour le grand public. A cela s’ajoutent de nombreux questionnements sur les risques induits par ce projet de plateforme pour lequel il n’existe pas de retour d’expérience. Loin de convaincre, le concept de plateforme a semblé synonyme de cumul de risques : risque incendie, couloirs de vents, îlot de chaleur, gestion de l’eau, etc. »
Le débat a aussi vu s’imposer l’idée de la sobriété, de très nombreuses interventions misant sur les économies d’énergie pour sacrifier le moins d’espaces naturels possible, voire pour se passer d’Horizeo, selon la CNDP.
Celle-ci, qui n’a pas d’avis à rendre sur le fond du dossier, adresse donc 16 recommandations aux maîtres d’ouvrages, mais aussi à l’Etat et aux collectivités locales – qui outre la commune de Saucats, sont toutes « très réservées », selon la commission. Objectif : répondre aux principales objections soulevées lors de ces quatre mois d’échanges.
« Il faut que le maitre d’ouvrage les étudient de façon minutieuse, prévient Jacques Archimbaud. Un projet maintenu sous cette forme actuelle et dans ses conditions de gouvernance ne rencontrera pas plus de succès qu’il n’en a eu jusqu’à présent. »
Voici les principaux points sur lequel Horizeo achoppe.
1 – L’avenir de la forêt, principale pomme de discorde
« C’est toujours problématique d’installer quelque chose dans la forêt, et c’est la localisation d’Horizeo qui est questionnée, pas le principe des énergies renouvelables, estime Chantal Jouanno. C’est nouveau. Il y a deux ou trois ans, on aurait encore eu des contestations sur l’intérêt même du photovoltaïque. Aujourd’hui, le public veut une transition énergétique et écologique, mais pas dans un milieu fragile, et le sujet est le même pour les éoliennes en Méditerranée. »
A Saucats, commune de 3000 habitants, plus de 500 adultes se sont intéressés au débat, relève la CNDP. Elle observe que « Horizeo est souvent perçu localement comme un projet industriel venu de l’extérieur altérant le paysage, le patrimoine, le caractère rural et forestier de la commune ». L’association Horizon Forêt a ainsi mobilisé une cinquantaine de personnes de la commune.
« En tant que sylvicultrice, j’ai d’abord envie de défendre cette forêt parce qu’on nous dit que cette forêt landaise a très peu d’intérêt, rapporte une de ses représentantes, citée dans le rapport. Alors, effectivement, telle qu’elle est menée avec des coupes qui sont de plus en plus rapprochées, ses intérêts s’appauvrissent, mais la forêt avec la sylviculture que je mène sur ma propriété, avec des arbres qui ont 70 ans et toute une diversité qui s’installe, c’est-à-dire qu’il y a quand même une dizaine d’espaces d’arbres et une vingtaine d’espèces d’arbustes. »
« Ce n’est pas la forêt de Bambi »
« Vous parlez tous de forêt, mais pour moi et pour mes collègues riverains, on n’est pas en face d’une
forêt, on est en face de sylviculture intensive », estime au contraire un autre habitant.
« Des engins arrivent (…) ils font des coupes rases et des bulldozers vont venir les dessoucher. (…) ce n’est pas la forêt, ce n’est pas la forêt amazonienne, ce n’est pas la forêt de Bambi, ce n’est pas du tout cela. »
Ce même riverain rappelle en outre que le propriétaire de la forêt, qui serait prêt à louer à Horiezo (pour 4000 euros l’hectare, tarif ni confirmé ni infirmé), un terrain également dévolu à de la chasse commerciale – « Des gens qui viennent faire des cartons, qui payent 500 € le sanglier, 2 500 € les cerfs ».
Mais cette position est relativement isolée, constate le rapport des commissaires :
« Les opposants – plus nombreux – au défrichement de 1 000 hectares que nécessiterait la réalisation du projet Horizeo, invoquent les impacts négatifs que cela aurait sur la filière forêt-bois, sur la biodiversité et sur le climat. »
Dans un massif des Landes de Gascogne qui, principalement à cause de l’urbanisation, perd 1 176 ha par an depuis 2000 (quatre fois la surface de la ville de Bordeaux en 20 ans), un tel défrichement alerte l’interprofession France Bois Forêt : « Réduire la surface de la forêt ne peut qu’avoir un effet défavorable sur la disponibilité de la ressource en bois et donc sur cette économie productrice d’un matériau décarbonant. » Les petites scieries pourraient notamment être impactées.
Sept espèces protégées
L’effet serait économique mais aussi écologique. « On a pu vérifier une certaine richesse de cette forêt en termes de biodiversité », souligne ainsi Jacques Archimbaud, président de la Commission particulière du débat public. Des études faune-flore de l’Office français de la biodiversité a en effet relevé 263 espèces végétales différentes sur le site, dont 7 espèces protégées.
« Elles nous confortent dans l’idée que nous nous faisons de ce site qui n’est pas du tout détruit par la gestion forestière, a déclaré lors d’un atelier de restitution de cette étude Daniel Delestre, le président de la Sepanso Gironde. C’est un site assez riche en biodiversité et ça justifierait peut-être l’abandon de ce projet. »
Les maîtres d’ouvrage se sont quant à eux engagés à replanter physiquement 2 000 hectares pour compenser le défrichement Horizeo, précisant par exemple rechercher des parcelles non forestières à l’abandon, des peuplements existants pour améliorer leur productivité ou des forêts dépérissantes.
Reboiser la Gironde
Il est toutefois impossible de répondre précisément à la question de l’emplacement des boisements compensateurs, note la CPDP. C’est « compréhensible à ce stade du projet », mais « suscite des craintes, voire des procès d’intention, certains intervenants mettant en doute la réalité des boisements compensateurs passés et futurs et le contrôle par l’État de leur exécution ». Ce sera un vrai challenge, selon Jacques Archimbaud :
« Ces 2000 hectares de parcelles qu’on peut reboiser seront déjà difficiles à trouver et à tracer, il faudra en trouver des milliers d’autres pour les deux branches des LGV [Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax] ».
La commission recommande aux maîtres d’ouvrages d’indiquer comment il tiendra compte des demandes du public sur la localisation et la qualité de ces boisements compensateurs, notamment sur le fait qu’ils doivent prioritairement intervenir en Gironde. Elle lui signifie également de « compléter ou de s’engager à compléter les études sur l’évitement des impacts biodiversité ».
2 – Des effets à démontrer sur le climat
« Avec les conséquences sur la filière sylvicole et les risques pour la biodiversité, l’impact sur le climat est le troisième motif d’opposition au défrichement de 1 000 hectares de forêt », pour les remplacer par des panneaux solaires fabriqués en Chine, écrit la commission du débat public.
Elle rappelle que certains intervenants jugeaient donc le bilan carbone catastrophique, avant même sa présentation par Engie et de Neon, à la mi-temps de la concertation. Pourtant, selon cette étude, le transport des panneaux depuis la Chine « contribuerait à hauteur de seulement 3 % à l’empreinte carbone totale du parc photovoltaïque, contre 65 % pour la fabrication des modules, 15 % pour la fabrication des cadres en aluminium et 10 % pour la fabrication des autres éléments du parc ».
Parallèlement, l’usage de la centrale pendant les 40 ans du bail émettrait 2,4 à 2,9 fois moins de carbone que si les mêmes services (production d’électricité, mais aussi d’hydrogène et data center) étaient fournis dans les conditions actuelles (avec un poids important du gaz, notamment), pointe cette étude. Cela compenserait largement l’impact du défrichement. Quand aux panneaux, ils sont ensuite recyclables à 95%, et pourraient l’être en Gironde.
Un îlot de chaleur en forêt ?
Mais le bilan carbone du prestataire d’Engie, contesté par plusieurs intervenants, devait encore être soumis à une revue critique, ce qui n’a pas encore été fait, relève la CPDP. Celle-ci recommande également au maître d’ouvrage de compléter les études sur les impacts possibles du projet sur le climat local : îlot de chaleur, ennuagement, modification de l’aérologie, baisse de la résistance aux tempêtes. Des aspects qui ont fait objet de très peu de travaux dans le monde, et qui ont suscité de nombreux commentaires, dont celui du Syndicat viticiole de Pessac-Léognan :
« Comme cela a pu être observé sur d’autres sites, une telle implantation ne manquerait pas, à l’évidence, d’induire une altération notable du climat : modification de la couverture nuageuse et du régime des pluies, augmentation de la température locale, risque de voir apparaître de nouveaux couloirs de grêle… (…) L’équilibre hydrique des sols, tributaire de laprésence de la forêt – plantée à l’origine pour assainir les terrains, faut-il le rappeler – ne manquerait pas de subir un infléchissement dommageable. »
Au cours de la concertation, Denis Loustau, chercheur à l’INRAE missionné par l’équipe projet Horizeo a indiqué que celle-ci prévoyait d’associer différents acteurs (industriels, viticulteurs, forestiers) dans un projet de recherche partenariale permettant de mesuer « le profil micro-climatique sur des parcs solaires existants, sur des forêts et sur du vignoble ».
3 – « Les incertitudes en matière de risques restent très importantes »
C’est la CPDP elle-même qui le dit, au vu des inquiétudes manifestées pendant les débats. Dans le cahier d’acteur qu’elle a soumis au débat public, la Communauté de Communes de Montesquieu les énumère :
« Malgré la sollicitation de multiple experts, un certain nombre de questions, difficilement exhaustives, restent en suspens. Quel est l’impact du projet sur le risque incendie pour le territoire ? Compte-tenu de l’histoire de la forêt des landes de Gascogne, quels pourraient être les impacts du projet sur les régimes hydrauliques du territoire ? Quel va être l’impact du projet sur les eaux de ruissellement ? Comment les porteurs du projet prennent-ils en compte les risques liés à la production, le stockage et le transport d’hydrogène ? »
Alors que cette région forestière est très sensible aux dangers du feu, de nombreux intervenants au débat se sont ainsi inquiété de précédents funestes, dont l’incendie d’une installation de batteries au lithium de NEON en Australie, ou celui d’un data center d’OVH à Strasbourg.
Sècheresse dans les Landes
Aussi, la CNDP a repris dans ses recommandations la demande d’un inventaire et d’un retour d’expériences sur les incendies et accidents ayant concerné des parcs photovoltaïques en Nouvelle-Aquitaine ainsi que des briques du même type que celles envisagées sur le parc. Jacques Archimbaud souligne qu’on « ne sait pas dans quel état sera la forêt des Landes dans 15 ou 20 ans » :
« A cause de la sécheresse causée par le réchauffement climatique, elle pourrait avoir une sensibilité aux incendies supérieur à celle de la forêt méditerranéenne du Maghreb ou de Grèce. Implanter des parcs photovoltaïque pourrait être utile car ce serait une façon de faire coupe-feu ».
Outre des études plus poussées sur la prévention des risques et accidents majeurs, la Commission recommande de compléter les études hydrologiques. Car « le défrichement de la forêt sur de grandes surfaces et son incidence potentielle sur la remontée des nappes et le ruissellement sont apparus comme des préoccupations majeures, non seulement à Saucats mais aussi dans toutes les communes voisines situées en aval des deux cours d’eau concernés par le parc ».
4 – Un data center qui fait buguer
Le sujet « a été relégué au second plan du débat par les controverses dominantes sur la transition énergétique et le devenir de la forêt », signale la CNDP. Et pourtant, se réjouit sa présidente Chantal Jouanno, « on a enfin mis au débat un data center ».
Le centre de données constitue même « la brique la plus lourde en termes économiques puisque l’investissement correspondant est de 200 millions d’euros » (sur un total estimé à 1 milliard). Mais « c’est aussi celle qui a reçu spontanément le plus de manifestations d’hostilité » :
« L’économie numérique tente de se verdir mais l’associer à un projet photovoltaïque me semble comparable à produire de l’hydrogène pour alimenter les yachts des milliardaires », compare un participant au débat.
« Accompagner ce projet photovoltaïque d’installations à risque comme un parc de batteries Lithium/Ion, une unité de production d’hydrogène (un gaz hautement inflammable et explosif) et un centre de données, ne peut qu’augmenter le risque incendie et ses conséquences, juge la Sepanso. Ces installations n’ont clairement pas leur place au coeur des territoires forestiers, mais plutôt dans des zones industrielles prévues à cet effet. »
Briques en stock
« La juxtaposition des briques a alimenté le sentiment qu’avec le projet Horizeo il s’agissait de créer une zone industrielle », observe la Commission, nourrissant des doutes sur la réversibilité du site garantie par les promoteurs du projet – quand Horizeo s’arrêtera, tout sera démonté. Aussi, certains préconisent le renoncement à certaines briques :
« Autant le développement de capacités de production électrique photovoltaïque paraît nécessaire au regard des objectifs de la transition vers l’énergie décarbonée ; autant certaines briques du projet Horizeo soulèvent des interrogations sérieuses, indique ainsi dans son cahier d’acteur AcclimaTerra, le comité scientifique régional sur le changement climatique. L’abandon de l’électrolyseur (l’unité de production d’hydrogène, NDLR) et du centre de données n’entamerait en rien la pertinence du projet ».
Aussi, le panel citoyen – 16 personnes tirées au sort par la commission du débat public – a émis dans ces propositions la supression de la brique centre de données pour l’implanter ailleurs, « sur une zone déjà artificialisée », permettant ainsi de « réduire une part des méfiances contre le projet Horizeo ». La CPDP suggère aux entreprises d’expliciter leurs positions sur la taille du parc et la place des briques dans ce projet.
5 – Quelles alternatives ?
Mais pourquoi couper 1000 ha de forêt plutôt que d’installer sur les innombrables parkings ou zones commerciales du pays, se sont interrogées de nombreuses personnes lors du débat public ?
« Nous privilégions les projets sur des sols artificialisés comme les friches, et installons ainsi 50 à 100 mégawatt par an, leur a répondu lors du débat à Saucats Bruno Hernandez, directeur du projet Horizeo chez Engie. Mais le potentiel de ces sites est insuffisant, moins de 3 GW, quand l’objectif de la Région Nouvelle-Aquitaine (dans le Sraddet, schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires) est d’installer 6 GW supplémentaires de photovoltaïque d’ici 2030 (pour arriver à 8,5GW). Ce projet d’une ampleur inédite s’inscrit dans cette urgence pour accélérer la transition énergétique. »
Cette estimation qui ne comprend pas la progression des installations sur toiture, figure dans un document, « Stratégie de l’État pour le développement des énergies renouvelables en Nouvelle-
Aquitaine« , réalisée juste avant le débat public. Elle relève donc qu’entre « un tiers et une moitié des objectifs du SRADDET pourraient être réalisés sans consommation de terres naturelles agricoles et
forestières ».
Emoi émoi
Une note de la DREAL, présentée pendant la concertation, affirme que cette évaluation aurait été surestimée et ne permettrait d’atteindre les objectifs de programmation que dans une proportion d’environ entre un quart et un tiers, sur 75000 bâtiments en Gironde. Elle invoque de « très nombreux obstacles » sur le terrain – « nécessité de négocier avec un très grand nombre de propriétaires éparpillés, tendance à la hausse des prix du foncier dégradé quand il est repéré pour des opérations d’installation énergétique, coûts élevés de la pose sur des bâtiments déjà construits (par exemple échafaudages), capacité des toitures à supporter les installations… »
Le département de la Gironde a également revu à la baisse les chiffres du SRADDET.
« Ces évolutions dans l’évaluation du potentiel ont suscité un vif émoi, notamment parmi les opposants au projet Horizeo, relève la CPDP. Des participants ont d’abord objecté que si les réalisations en matière de sites artificialisés étaient si faibles, c’est aussi que les politiques publiques en la matière étaient trop lentes et peu
incitatives. Les opposants au projet sur des sols non artificialisés ont maintenu leurs positions et leur scénario alternatif. »
Car plusieurs propositions alternatives ont été élaborées par des acteurs locaux (des associations, mais aussi des entreprises comme Valorem ou Hespul). Enercoop a par exemple manifesté son « désaccord avec le dimensionnement et la centralisation de la production énergétique du projet Horizeo » :
« Dans un contexte où l’approvisionnement électrique s’annonce de plus en plus instable la résilience énergétique des territoires passe par un rapprochement entre producteurs et consommateurs d’énergie, dans une logique de circuit-court et de décentralisation. »
Grenelle du photovoltaïque
La Commission recommande aux porteurs de projet de répondre à ces propositions, et à l’Etat, en collaboration avec toutes les collectivités concernées, d’actualiser et de compléter les études sur le potentiel photovoltaïque des sites artificialisés et des toitures en Nouvelle-Aquitaine. Mais aussi de convoquer un « Grenelle » régional du photovoltaïque :
« Il faut plancher sur la trajectoire, estime Jacques Archimbaud. On sent tous qu’on a besoin de plus en plus de photovoltaïque, d’éolien, de biogaz… La question c’est où, quand, comment et avec quellle équité territoriale. Une planification descendante de l’Etat, avec des grands objectifs de gigawatts à atteindre, ne suffira pas. Il serait nécessaoire de mettre les gens autour d’une table, de dire combien d’hectares seront nécessaires, et avec quelles compensations, au vrai sens du terme, pour ceux qui accepteront les nuisances. »
Cela pourrait par exemple prendre la forme de tarifs d’électricité avantageux pour des entreprises ou des collectivités locales. Mais cette proposition se heurte au statut de société privée des maîtres d’ouvrages d’Horizeo.
« Peut-elle porter un projet d’intérêt général ? interroge la CPDP. Ce questionnement a sans doute été accentué par le faible ancrage territorial des porteurs de projet, bien qu’ils aient selon la commission particulière en charge du débat parfaitement respecté les principes et l’exercice du débat public. La demande est forte de co-construction du projet et de preuves de ses retombées économiques locales. »
La Commission du débat public demande donc à Engie et Neon de répondre aux attentes exprimées : participation des collectivités et des citoyens à la participation au capital et/ou à la gouvernance du projet – une doléance formulée par le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine et le Département de la Gironde -, accès à une offre grand public d’électricité produite par Horizeo, ou encore coopération avec les entreprises locales pour renforcer la filière nationale et régionale de fabrication d’équipements pour le parc et ses briques.
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