Il était venu ce 15 mars au commissariat de police pour pointer dans le cadre de son assignation à résidence, « dont il a toujours respecté les obligations » assure La Cimade qui a alerté sur ce cas. Rostom (pseudonyme) est aussitôt arrêté pour une expulsion prévue le lendemain matin vers son pays d’origine, la Géorgie.
Pourtant ce père de famille, qui préfère donner le moins de détails sur lui se sentant menacé dans son pays, venait de déposer le 7 mars une nouvelle demande de régularisation pour toute sa famille auprès de la préfecture. « Avant même que celle-ci n’ait le temps de prendre connaissance de cette demande », s’étonne La Cimade, il est enfermé dans un centre de rétention administrative (CRA) et expulsé, laissant derrière lui sa femme et ses trois enfants âgés de 2 à 6 ans.
La Cimade dénonce le procédé et rappelle que le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, dans un rapport de mars 2021, disait « qu’aucun placement en centre de rétention ne saurait être décidé dans le seul but de faciliter l’organisation de l’escorte ».
Dernière chance
Pour Rostom, la démarche administrative en cours était une dernière chance. Depuis son arrivée en France, en 2018, il a effectué trois demandes d’asile à la France, faisant valoir ses craintes d’atteintes à sa vie en cas de retour en Géorgie. Elles ont toutes été rejetées.
« En trois ans, les obligations de quitter le territoire français (OQTF) se sont enchaînées, détaille l’association de défense des droits des personnes étrangères. La première, suite au rejet de sa demande d’asile. La seconde avait été annulée par le Tribunal Administratif de Toulouse, après qu’il ait été enfermé au centre de rétention de Cornebarrieu ».
Celle-ci rapporte que, fin 2021, en raison d’un excès de vitesse, Rostom s’était « fait à nouveau contrôler par la police et [avait] fait l’objet d’une nouvelle mesure d’expulsion et d’interdiction du territoire français ». Cela avait entraîné son assignation à résidence et l’obligation de signer chaque semaine « pour se maintenir aux mains de l’administration » qui préparait son expulsion.
« Ces pratiques illégales se multiplient au CRA de Bordeaux » s’insurge La Cimade qui en appelle au respect des droits fondamentaux des personnes exilées en France : « le droit à une vie sûre, le droit au respect de leur vie privée et familiale, la liberté et la dignité. »
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