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A Bordeaux, une alimentation plus locale et moins carnée au menu

Le conseil municipal de Bordeaux a débattu ce mardi de la feuille de route de la Ville sur la résilience alimentaire, qui prévoit 55 actions d’ici 2026. Objectif : bien nourrir les Bordelaises et Bordelais tout en atteignant la neutralité carbone en 2050. En tendant notamment vers le 75/25, réduisant à un quart de nos repas la part de produits d’origine animale.

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A Bordeaux, une alimentation plus locale et moins carnée au menu

« C’est une nouvelle brique dans notre politique municipale » déclare Pierre Hurmic, qui rappelle que l’alimentation représente « un tiers de nos émissions de CO2 ». Le maire de Bordeaux se lance alors un objectif, celui de « changer les habitudes des Bordelaises et Bordelais tout en mangeant sain, local et bon ».

« Le contexte international vient nous rappeler une nouvelle fois notre dépendance aux importations », argumente l’édile pour défendre sa volonté d’une « ville nourricière ».

C’est pour l’heure loin d’être le cas : Bordeaux Métropole importe 96% de ses produits agricoles bruts et 70% de ses produits agricoles transformés, selon un diagnostic réalisé par VertigoLab et Let’s food. L’aire urbaine n’aurait que 7 jours d’autonomie alimentaire en cas de rupture d’approvisionnement. Avec 36 hectares de surface agricole utile (en comptant les jardins familiaux et partagés), la commune de Bordeaux a un taux de couverture théorique de ses besoins alimentaires de 0,04%, contre 0,79% à Rennes ou 0,11% à Lille.

Recettes d’avenir

A régime alimentaire équivalent, Bordeaux aurait besoin de 90000 ha pour nourrir ses habitants, soit le tiers de la surface agricole de la Gironde. Un objectif difficilement atteignable, reconnaît la mairie : avec « Bordeaux recettes d’avenir », sa feuille de route pour la résilience alimentaire présentée ce 3 mai au Conseil municipal, elle veut s’ « engager dans la résilience alimentaire puisque l’autonomie n’est pas possible », selon Eve Demange, conseillère municipale déléguée.

La Ville entend ainsi multiplier par trois sa capacité productive en légumes en installant des fermes urbaines et des jardins familiaux avec l’objectif sur ce mandat d’un nouveau par quartier – 2500 m2 ont déjà été livrés au Grand Parc, notamment. Et elle compte promouvoir une alimentation bio – l’objectif de 100% bio est fixé pour les crèches (80% dès 2022) – et moins carnée :

« Nous mangeons de la viande 1,4 fois par jour, indique Pierre Hurmic. C’est une proportion problématique pour la santé quand on sait qu’une plus grande proportion d’alimentation végétale fait gagner 10 ans d’espérance de vie. »

Bidoche

Au menu des « recettes d’avenir » figure donc la diminution de la consommation de protéines animales pour tendre vers une alimentation 75% végétale et 25% animale. Parmi les 21 actions identifiées comme prioritaires sur 55 au total se trouve ainsi la mise en place d’une deuxième repas végétarien par semaine dans les cantines scolaires, à compter de la rentrée 2022.

« La Ville a souhaité montrer l’exemple, affirme Pierre Hurmic. Son nouveau marché pour la fourniture des mets des réceptions et fêtes municipales prévoit un lot 75/25 qui sera très majoritairement actionné. »

Un tel changement de régime libèrerait aussi de l’espace : sur les 5847ha de surface agricole utile de Bordeaux Métropole, seulement 5% sont dédiés au maraichage et 1% aux cultures fruitières, contre 32% de prairies pour l’élevage et 34% de cultures de céréales, d’oléagineux ou de maïs, grandement dédiées à l’alimentation animale.

Sécurité sociale alimentaire

La feuille de route prévoit en outre de développer les circuits courts en s’appuyant notamment sur le Marché d’intérêt national de Brienne où la ville souhaite augmenter les filières girondines et mettre en valeur les produits locaux et bio.

Un volet important consiste à sensibiliser les habitants. Pour ce faire, huit conseils alimentaires de quartier vont démarrer la semaine prochaine avec le dispositif du parlement mobile, huit autres seront à l’attention des étudiants. Le projet de « sécurité sociale alimentaire », toujours à l’étude, est suspendu aux annonces du gouvernement sur la mise en place d’un « chèque alimentaire durable » de 50€.

Mardi, l’opposition a salué une feuille de route « très claire et documentée », selon Nicolas Florian. Le chef de file du groupe Bordeaux Ensemble s’est toutefois inquiété de « la liberté individuelle et publique » s’interrogeant sur la pertinence de « s’engager sur un ratio figé de 75/25 ». Thomas Cazenave (Renouveau Bordeaux) a lui demandé « des engagements plus concrets et plus précis ».

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