Il est environ 2h du matin ce samedi quand les cris se font entendre rues des Faures et des Menuts dans le quartier Saint-Michel à Bordeaux. Selon plusieurs riverains, réveillés dans la nuit, des affrontements ont eu lieu entre deux groupes d’une dizaine de personnes chacun, à coups de barre de fer et de jets de pierres. De nombreuses vidéos des heurts ont été filmées, certaines ont été publiées sur les réseaux sociaux, une a été envoyée à la rédaction de Rue89 Bordeaux.
« Visiblement, c’est un groupe de “nationaux“ qui a mené une forme d’expédition punitive vers 2/3h du matin. Ça a bien duré une heure. A priori que de la casse, la rue des Faures est ravagée ce matin [samedi], mais ce qui était violent c’est les insultes “mort aux arabes“ qui ont été clairement entendues », rapporte le témoin qui a filmé la scène.
« Slogans racistes »
Ce témoignage se recoupe avec celui publié sur twitter (voir ci-dessous) qui rapporte que des personnes « ont déambulé dans le quartier Saint-Michel en chantant des slogans racistes et ont agressé des riverains ». Il précise que « les auteurs de ces violences revendiquaient leur appartenance à Bordeaux Nationaliste à travers leurs cris et leurs slogans ».
Des habitants de la rue des Menuts confirment une « bataille rangée qui a duré une heure » et rapportent que des barrières et des barres de fer trouvées dans les parages jonchaient la rue le lendemain. Ils évoquent l’usage des bombes de gaz lacrymogènes :
« J’ai cru à une bataille entre dealers ou entre fêtards comme il en arrive parfois, rapporte l’un d’eux. C’est vrai que là, ils étaient assez nombreux. »
Vidéosurveillance
Contacté, Amine Smihi, adjoint au maire de Bordeaux chargé de la tranquillité publique et de la sécurité, confirme les faits :
« Une personne a été agressée et va porter plainte. J’ai saisi la Direction départementale de la sécurité publique pour missionner un officier de police judiciaire et réquisitionner les images vidéo. Il semble avoir reconnu son agresseur sur les photos qui tournent sur Twitter. »
Jointe par Rue89 Bordeaux, la victime affirme avoir pris un coup de poing dans la mâchoire et reçu un jet de gaz lacrymogène. Selon elle, le groupe avait quitté un bar sur les quais et remonté jusqu’à la place Saint-Michel en imitant des cris de singe. Il a ensuite traversé la rue des Faures criant « On est chez nous ».
Ce témoignage, comme les autres, contredit un post paru sur la page Facebook de Bordeaux Nationaliste ce dimanche où ils évoquent, « porte de Bourgogne, un couple de riverains en train de se faire raquetter par 25 anglais [sic!] armés de gazeuses, de couteaux, de tessons de bouteilles et d’armes à feux dont ils font usage en tirant en l’air à plusieurs reprises ».
« Aucun signalement de coups de feu ce soir-là et aucune plainte pour agression » répond Amine Smihi qui évoque l’ouverture d’une enquête.
Extrême droite « décomplexée »
Dans un communiqué, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) Gironde a dénoncé une « expédition punitive » et rappelé les agressions durant la Marche des fiertés qui « a subi les injures homophobes avec une banderole dénonçant “la folie LGBT”, et des agressions de partipant·e·s qui pourraient être le fait d’autres groupes d’extrême droite ».
« L’extrême droite, jusqu’à présent fort discrète en Gironde et à Bordeaux, sort désormais de manière décomplexée. […] L’élection de deux députés Rassemblement national pour la première fois en Gironde contribue-t-elle à cette extériorisation de la parole et des actions réactionnaires ? » peut-on lire dans ce communiqué.
La LDH Gironde annonce « redoubler » son action contre l’extrême droite en Gironde et appelle « citoyen·ne·s, associations, syndicats et organisations politiques à se mobiliser collectivement ».
Plus tard, SOS Racisme Gironde a demandé dans un communiqué « que tout soit mis en œuvre pour que les auteurs des faits soient condamnés fermement ». L’association ajoute que « dès lors que leur appartenance au groupuscule d’extrême droite Bordeaux Nationaliste sera établie, [elle] œuvrera pour la dissolution de ce groupe ».
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