La saison 2022-2023 au Théâtre national Bordeaux Aquitaine (TnBA) promet de nombreuses nouveautés. Elle se veut placée sous le signe de la « légèreté », « mais il ne faut pas y voir un déni » ajoute la directrice Catherine Marnas au regard des événements et des crises qui secouent le monde.
« L’idée est de prendre du recul et de passer par la biais de la métaphore. En espérant que ce recul va nous permettre de prendre notre destin un peu plus en main », précise la directrice.
Bilan covid
Lors d’une conférence de presse pour présenter la nouvelle saison, Catherine Marnas a fait le bilan de celle passée avec la crise sanitaire de la Covid. Malgré les « 30 spectacles du programme, les 30 propositions de la saison bis, les propositions gratuites pour toucher un large public », les salles du TnBA – le Studio, Vauthier et Vitez – ont enregistré « 75 % de fréquentation globale, équivalant à 48000 spectateurs ». 83,5% du public provenant de Bordeaux et sa métropole.
« Nous avons perdu 15 % de spectateurs par rapport à 2019, année avant Covid. C’est miraculeux par rapport à la période difficile que nous avons traversée, et c’est bien mieux que la moyenne nationale des salles. Nous avons produit et co-produit 21 spectacles, beaucoup plus que d’habitude, parce qu’on a eu les mesures d’aide qui nous ont permis de le faire et qui ont toutes bénéficié aux artistes. »
La saison qui s’achève révèle d’autres chiffres intéressants : 492 dons lors des achats de billets ont permis à 185 personnes de bénéficier de billets solidaires – « souvent des jeunes » –, et certains sont reportés à cette année.
Création
Malgré les effets de la crise avec « un manque à gagner sur les spectacles à venir évalué à 200 000 euros », la saison 2022-2023 repart avec 30 spectacles, autant que la dernière, dont 11 créations parmi lesquelles 5 créations « maison ». A commencer par celle mise en scène par Catherine Marnas et Nuno Cardoso, directeur du théâtre de Porto, « Pour que les vents se lèvent » le 4 octobre. Celle-ci reprend les textes de l’artiste associé Gurshad Shaheman, déjà passé par le TnBA pour des créations autobiographiques (Les Forteresses, Pourama pourama…).
La saison s’enchaine avec d’autres artistes compagnonnes et compagnons et d’autres créations. « Salle des fêtes » de Baptiste Amann qui explore le monde rurale à travers ceux qui l’habitent : néo-ruraux, écologistes, agriculteurs et élus, pour aboutir à une fresque sociale étonnante et détonnante sur un milieu trop peu représenté sur les planches.
Citons également « Echo » de Vanasay Khamphommala qui laisse dans cette vision du mythe de la nymphe Echo, tirée de l’œuvre d’Ovide « Les Métamorphoses », une large place à la musique, discipline qu’on retrouve renforcée tout au long de la saison.
En avril, une autre création « décentralisée » prendra la route en format « light : une voiture avec montage et démontage en une heure ». « Fiesta ! », de la comédienne et metteure en scène Bénédicte Simon. Avec de jeunes acteurs, elle fera la tournée des établissements scolaires et des centres sociaux de la région Nouvelle-Aquitaine.
Estba en Force
A noter particulièrement des créations et reprises des anciens de l’Estba, l’école du théâtre, représentée en force cette année. Claire Aurore Bartolo s’inspire librement de la bande dessinée de Liv Stromsqvist, « L’Origine du monde », pour évoquer sans tabou son engagement féministe à travers l’histoire du sexe féminin que Gustave Courbet a évoqué dans son célébrissime tableau.
Simon Delgrange, passé lui aussi par l’école, est le co-auteur du texte « Et pourtant, il gardait sa tête parfaitement immobile » avec Franck Mazoni, également metteur en scène et interprète du spectacle. Ce dernier, directeur pédagogique de l’Estba, propose pour la premier fois un seul-en-scène inspiré de son expérience personnelle de père d’enfant épileptique.
Autre pur produit de l’Estba, le collectif Os’o fait une halte dans sa grande tournée au TnBA pour « Qui a cru Kenneth Arnold », une exploration cosmique autour des ovnis. Julie Teuf, aussi à l’affiche de « Libre arbitre » de Julie Bertin, fait aussi tourner son « Peter Pan » en Nouvelle-Aquitaine.
Présentation de la saison
A ne pas rater, un coup de cœur : « Féminines ». Reportée à cause de la crise, cette pièce a valu à Pauline Bureau le Molière de l’auteur francophone vivant. C’est une reconstitution d’une épopée des années 1960 où une équipe de football féminin fait face à des clichés sexistes. L’occasion de découvrir à Bordeaux cette comédie tendre et savoureuse.
Signalons également l’énorme performance attendue du chorégraphe belge, Jan Martens. Dans « Any Attempt Will End In Crushed Bodies And Shattered Bones », ses 17 interprètes traduiront en danse les différentes vagues de protestation sociales contemporaines dans une production en partenriat avec La Manufacture CDCN dans le cadre du FAB.
Sans oublier deux nouvelles créations invitées : Tiago Rodrigues, prochain directeur du festival d’Avignon, qui revient avec « Dans la mesure de l’impossible », et Jean-François Sivadier avec « Othello ».
La saison sera présentée au public ce mercredi 29 juin à 19h dans la grande salle Vitez (entrée gratuite). Les salarié.e.s du théâtre étant en grève, cette présentation va connaître des révisions que la direction n’a pu encore détailler. Quant au lancement des adhésions et de l’achat des places en ligne ou à l’accueil-billetterie, il se tient le jeudi 30 juin à 14h.
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