« J’espère que vous avez enlevé la pub Calzedonia, elle me donne envie vomir chaque fois que je la vois », commente une internaute sous l’une des publications Facebook de l’antenne bordelaise d’Extinction Rebellion (XR). « Plus d’une fois ! », lui répond le groupe.
Plus d’affiches donc pour la marque Calzedonia. A la place, un autocollant collé sur fond blanc : « Cette publicité a été supprimée suite à une demande citoyenne. » Il s’agit d’une action anti-pub, menée par le groupe XR à Bordeaux du 20 au 26 juin.
Des demandes citoyennes
Cette dernière se déroule dans le cadre de la campagne citoyenne nationale Respiro. Au total, les membres bordelais de XR, accompagnés de leurs camarades des organisations Youth for Climate Bordeaux et Action Non-Violente COP21 Gironde, ont retiré plus de 400 affiches publicitaires.
Soit autant de panneaux dans Bordeaux et son agglomération qui ont été vidés de leurs affiches de produits jugés « polluants, sexistes et incitant à la surconsommation » par le mouvement.
La campagne Respiro fait écho aux demandes formulées lors de la Convention citoyenne pour le climat, dont 89,6 % des participants étaient pour l’interdiction des panneaux publicitaires dans les espaces publics extérieurs, hors information locale et culturelle.
Extinction Rebellion a préalablement recensé les demandes de retrait de publicité par des citoyens sur une plateforme accessible à tout un chacun.
L’objectif de cette action de désobéissance civile non-violente, marque de fabrique d’Extinction Rebellion, est « d’attirer l’attention sur les impacts néfastes de la publicité sur l’environnement et d’inciter les élu·e·s à la retirer de leurs territoires », décrit le groupe local.
La publicité et sa part de responsabilité
Le 7 juin dernier, la ville de Bordeaux a renouvelé la concession du groupe JCDecaux, spécialisé dans la publicité urbaine, pour une durée de six ans avec la volonté de réduire l’affichage publicitaire. Il s’agit, entre autres, de la suppression des panneaux de 8m2 à l’intérieur des boulevards, des publicités animées et numériques, ou encore l’extinction du mobilier urbain la nuit. La commune de Bègles a par ailleurs interdit l’affichage publicitaire dans son centre-ville.
Pour autant, XR Bordeaux rappelle que ces mesures sont insuffisantes face à l’urgence climatique.
« La publicité capitaliste, incitant à la surconsommation, et donc détruisant les écosystèmes terrestres et maritimes, ne peut être simplement réduite ! La métropole de Bordeaux doit assumer ses revendications écologistes et stopper la publicité sur la place publique. Tant qu’il n’y aura pas de réaction radicale, nous continuerons d’attaquer le secteur publicitaire et en particulier celui sur l’espace publique », interpelle le groupe.
Urgence climatique
Dans son dernier rapport intitulé « Atténuation du changement climatique », paru en avril 2022, le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) souligne que la publicité influe les habitudes de consommation en créant des besoins chez le consommateur… dont il n’a pas besoin, ou du moins dont il n’aurait pas ressenti la nécessité sans publicité. Se dessine alors le lien avec la surconsommation.
« 40 à 70% de la réduction des émissions d’ici 2050 peut être atteinte grâce à l’atténuation de la demande », souligne le Giec.
Rappelons que, toujours selon le groupe d’experts, il ne reste plus que trois ans à l’humanité pour espérer atteindre les objectifs nécessaires à un avenir soutenable pour le vivant. Alors, si pour le moment l’action anti-pub est clôturée à Bordeaux, elle n’est que la première d’une série qui devrait avoir lieu sur différentes périodes, confie un membre du groupe local.
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