Selon l’ADEME (Agence de la Transition Énergétique), 10 millions de tonnes de produits sont gaspillés en France chaque année. Cela représente 29 kg par personne et par an de déchets produits dans le foyer, dont 7 kg de déchets alimentaires non consommés encore emballés. Ainsi, le gaspillage alimentaire représente 16 milliards d’euros par an dans l’Hexagone et un Français jette en moyenne 108 € chaque année.
Sur cette question, et au niveau mondial, la société HelloFresh allemande – qui fournit des repas préparés dans plusieurs pays – a réalisé une étude détaillée sur le gaspillage alimentaire. Ce dernier ne concerne pas seulement les foyers mais bien toute la chaîne de production, de la fabrication à la consommation. Ainsi, le gaspillage en France se répartit ainsi : 32% dans la phase de production, 21% dans la phase de transformation, 14% dans la phase de distribution et 33% dans la phase de consommation.
La part de la consommation (33%) conduit à une conclusion évidente : « nous achetons trop ». L’étude avance de nombreuses solutions : bonne conservation des produits, valorisation des excédents, méthodes de congélation, utilisation de la fermentation… Quant aux autres parts (notamment 32% de production), des initiatives anti-gaspillages qui s’inscrivent dans l’économie circulaire se développent. Sur la métropole bordelaise, en voici une sélection. N’hésitez pas à ajouter vos propositions dans les commentaires.
Pour faire ses courses
Nous anti-gaspi : acheter moins cher les invendus des grands distributeurs
Fondée en Bretagne en 2018, l’enseigne Nous anti-gaspi a ouvert une épicerie en août dernier, à Bordeaux, rue Sainte-Colombe. Le magasin rachète à la grande distribution des produits qui pourraient être jetés, suite à des retards de livraison ou ne correspondant pas aux cahiers des charges. Arnaud Laroque est directeur de l’épicerie à Bordeaux :
« Sur le produits frais, par exemple, on va proposer des légumes et des fruits qui sont mal calibrés et ne peuvent être vendus en grande surface : des melons ou des pommes trop petites… Nous travaillons avec 900 partenaires, qui sont autant des enseignes de grandes distribution ou des entreprises dans l’agroalimentaire. »
Carole, qui habite à côté, cours Alsace-Lorraine, y fait ses courses pour la première fois :
« Je m’attendais à des prix élevés, comme dans certains magasins bio. Ici, le kilo de pommes de terre est à 99 centimes par exemple. On trouve les mêmes marques qu’en grandes surfaces mais à des prix moindres. »
Selon Arnaud Laroque, un produit vendu à l’épicerie est 15 à 20% moins cher que dans les rayons des grandes surfaces. Au-delà du pouvoir d’achat, certains clients sont intéressés par la démarche environnementale, à l’instar de Samy :
« J’adore cuisiner et manger, mais pour ça je veux des produits de qualité. Ça fait longtemps que je ne vais plus en grande surface. J’ai la chance d’habiter au centre-ville et de pouvoir faire mes courses dans des petites épiceries. J’ai été déçu par certaines applications de click and collect. Je me suis retrouvé à aller récupérer des plats surgelés, qui n’étaient pas du tout des invendus. Là, au moins, je suis sûr d’être dans une démarche d’anti-gaspillage. »
Lorsque les produits de l’épicerie arrivent à la Date limite de consommation (DLC), Nous anti-gaspi propose des promotions ou les donne à des associations de maraudes. Il est aussi possible de venir récupérer des paniers via l’application Phenix, similaire à Too Good To Go, qui permet d’écouler les invendus alimentaires.
- Adresse : 21 rue Sainte-Colombe à Bordeaux
Ouverture du lundi au samedi de 9h30 à 19h30
Pour donner
Geev : une application pour démocratiser le réflexe du don
Fondée en 2017 par Hakim Baka et Florian Blanc à Bordeaux, l’application Geev compte aujourd’hui 3,7 millions d’inscrits. Outre des vêtements ou du mobilier, l’application facilite, depuis 2019, le don de produits alimentaires entre particuliers.
La « verticale nourriture » sur l’application s’est faite, selon Hakim Baka, « dans un prolongement d’usage et suite aux sollicitations plus que nombreuses des utilisateurs » :
« Il y a un réel besoin à se pencher sur la surconsommation d’aliments et le gaspillage. La moitié des produits qui finissent à la poubelle ne sont même pas déballés. Nous travaillons sur deux thématiques : le second emploi, et la revalorisation par l’usage, mais aussi le pouvoir d’achat. »
À l’aune de la crise Covid, l’entreprise a par exemple remarqué une plus forte utilisation de l’application par les étudiants :
« Nous aimerions que le service de dons rentre dans les usages du quotidien. Du côté de l’alimentaire, les choses avancent peut-être moins vite que du côté des objets. »
L’application comporte une version premium sans publicité, et une version gratuite, financée par la publicité. L’entreprise noue également des partenariats avec des enseignes d’ameublement pour la reprise d’anciens meubles. Depuis le 1er janvier et la promulgation de la loi Agec, les enseignes sont dans l’obligation de récupérer l’ancien mobilier de leurs clients en cas d’achat d’un nouveau produit.
Toutes les annonces sont vérifiées et modérées avant publication, comme le détaille Hakim Baka :
« Pour la typologie des produits, on se base sur la loi Garot qui régit les dons de la grande distribution aux associations. Pour poster une annonce, il faut renseigner la date limite de consommation (DLC). La plupart des annonces proposent des produits qui ne sont pas déballés. Il y aussi des utilisateurs qui proposent les récoltes de leurs jardins. Au final, c’est un peu comme des voisins qui donnent de la nourriture avant un départ. »
- L’application est téléchargeable gratuitement sur iOS ou Android
Pour les gourmands
Les Bonnes Choses : une nouvelle entité de La Toque Cuivrée
Depuis 2021, l’enseigne de canelés La Toque Cuivré a lancé la marque Les Bonnes Choses. L’objectif : proposer des plats élaborés à partir de la surproduction de légumes et de fruits locaux. En fonction des saisons, les produits sont transformés en compote, confiture, citronnade, gaspacho…
Les recettes sont réalisées sans conservateur et sans arôme artificiel. Les produits de base sont locaux et leur transformation se fait à Blanquefort et Cestas.
- Les boutiques sont à Artigues-près-Bordeaux, Arcachon, Bègles, Bordeaux (place Paul-Doumer), Eysines, Gradignan, Le Bouscat, Libourne, Mérignac (avenue Kennedy et avenue Saint-Médard), Pessac, Biscarrosse, Bouliac, Biganos et Andernos.
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