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Pour économiser l’énergie, l’Université de Bordeaux veut faire « dans la dentelle »

Sans attendre la publication les circulaires « en cours de rédaction au niveau du ministère », la direction de l’Université de Bordeaux a précisé ses objectifs pour réduire sa consommation d’énergies à court terme et « structurer la transition environnementale et sociétale » à plus long terme, avec un objectif de baisse de 40% de la consommation d’ici 2030. Contrairement à son homologue strasbourgeois, pas question de fermer 15 jours supplémentaires en hiver.

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Pour économiser l’énergie, l’Université de Bordeaux veut faire « dans la dentelle »

Chacun sa région, chacun sa méthode. Alors que l’Université de Strasbourg prévoit de fermer deux semaines supplémentaires ses locaux en janvier et février pour économiser l’énergie, celle de Bordeaux préfère l’anticipation et le cas par cas. Lors d’un point presse sur la rentrée universitaire, la question était à l’ordre du jour sans être le sujet principal.

Le président Dean Lewis l’a abordée dans le volet transitions environnementales et sociétales, accompagné d’Eric Macé, le premier vice-président à occuper le poste. Il sera notamment chargé de la la création prochaine d’un institut des transitions.

« Nous sommes en train de préparer un changement de civilisation » annonce solennellement le président. Parmi les priorités de son mandat, démarré ce janvier, il veut faire de l’Université de Bordeaux « un établissement de référence dans le domaine des transitions environnementales et sociétales ».

Avec 572000 m2 de locaux, 6000 personnels, 54000 étudiants, l’empreinte carbone de l’université représente en effet 65 000 tonnes de CO2 par an, équivalente à celle d’une ville de 25000 habitants comme Libourne. Le président promet de la réduire, entre autres, en diminuant la consommation d’énergie sur l’ensemble des installations, responsables à elles seules du quart des émissions de gaz à effet de serre. Les déplacements sont le premier poste (34% des émissions).

« De grandes responsabilités »

Parmi les nombreux chiffres présentés, on retient les 51 gigawattheures (GWh) de consommation annuelle d’électricité et autant de gaz, plus 80 m3 de fioul et 1 100 tonnes de bois. Les objectifs d’économies d’énergie de l’Université sont ambitieux : -40% d’ici 2030, -50% d’ici 2040, et -60% d’ici 2050.

Elles pourraient se faire notamment grâce aux travaux d’isolation lancés sur le patrimoine universitaire dans le cadre de France Relance, « qui a permis de traiter 5% des bâtiments », ainsi qu’aux 12000 m2 de panneaux photovoltaïques déjà installés et aux 30000 m2 qui pourraient l’être si le potentiel des toitures et parkings était utilisé.

Eric Macé (à gauche) et Dean Lewis Photo : WS/Rue89 Bordeaux

« Nous avons de grandes responsabilités scientifiques, pédagogiques et territoriales, déclare Eric Macé. Pour parvenir à devenir une référence, il faut mettre au cœur de la machine universitaire des équipements pour permettre à l’Université de se transformer elle-même et équiper nos étudiants pour agir dans un monde dégradé, et que nos recherches contribuent à équiper cette transition. »

« Le prix de l’inaction va se traduire par des coûts de plus en plus élevés au niveau financier mais aussi au niveau de la dégradation de la qualité de vie » conclut le vice-président.

19 °C

Les décisions à court terme s’appuieront sur « les leviers standards », afin d’atteindre les 10% d’économies en une année. Baisser le chauffage à 19 °C permettrait par exemple une économie de 7% de fioul sur certains bâtiments, souligne Dean Lewis. Remonter la température des climatiseurs pour les serveurs informatiques à 20 ou 21 °C au lieu de 19 est également une piste. Ou encore baisser la tension d’alimentation à 220 volts au lieu de 240.

« Baisser le chauffage dans les locaux, tout le monde connait, ajoute-il, mais nous voulons également identifier les spots les plus énergivores pour arriver à des économies d’électricité significatives. »

Exemples ? L’Institut européen de chimie et biologie de Pessac possède 150 hottes aspirantes qui tournent en permanence. Le laboratoire de chimie de Talence est doté de ventilateurs qui renouvellent l’air trois fois par heure et est régulièrement chauffé. Ou encore la « salle blanche » à Pessac qui nécessite que des paramètres tels que la température, l’humidité et la pression soient maintenues à un niveau bien précis.

Pas de consignes générales donc et les économies se feront au cas par cas, « de la dentelle ». Selon Eric Macé, grâce à des capteurs précis récemment installés, il sera possible de « partager des données de consommation pour que, de cette manière, chacun puisse savoir ce qu’il a à faire ».

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