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Au Lieu sans Nom, « Bloc 45 » témoigne de l’autisme et du désir d’enfermement

La compagnie bordelaise La Nageuse au Piano présente « Bloc 45 » au Lieu sans Nom jusqu’au 20 novembre. La création théâtrale s’inspire du témoignage d’un employé de la RATP atteint du syndrome d’Asperger. Le texte de Virginie Barreteau traduit finement le désir d’enfermement du personnage, incarné avec une justesse déroutante par Olivier Galinou.

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Au Lieu sans Nom, « Bloc 45 » témoigne de l’autisme et du désir d’enfermement

Ce qu’il y a de remarquable dans le théâtre-témoignage, c’est qu’il renvoie indéniablement à une réalité de la société. « Bloc 45 », la dernière création de la compagnie La Nageuse au Piano, s’empare de cette réalité avec l’interprétation hyperréaliste du témoignage d’un employé de la RATP, atteint du syndrome d’Asperger.

Le texte fouillé et subtil de Virginie Barreteau et le jeu juste d’Olivier Galinou, pratiquement seul sur scène, parviennent à mener le spectateur à distinguer la réalité de l’interprétation, sans l’accabler d’un jugement ni d’un constat. Les deux compères accordent toute la place fondamentale au personnage.

Olivier Galinou dans la peau de Francis Photo : WS/Rue89 Bordeaux

Dormir en prison

Le texte est issu d’entretiens menés en 2019 avec un certain Francis, employé du réseau de transport en commun de la ville de Paris. Bien que celui-ci possède un appartement à Saint-Ouen, il dort devant le commissariat de Saint-Denis depuis des années.

« J’ai rencontré Francis par le biais d’une amie juriste qui s’occupe des droits de personnes atteintes d’un handicap, explique Virginie Barreteau. Elle m’a parlé de sa volonté de dormir en prison. Au même moment, j’écrivais un texte sur la liberté et j’ai donc voulu le rencontrer. On s’est entendu sur le projet de faire un texte pour le théâtre et il en était enchanté. »

A fil des entretiens, l’auteure est confrontée à des « témoignages labyrinthiques » et « quelqu’un qui rebondit sans cesse sur les sujets » :

« En suivant sa logique, je suis arrivée à son syndrome d’Asperger. Je n’ai pas cherché à traiter l’autisme en particulier. J’avoue que je me suis perdue avec toute la matière et j’ai choisi de resserrer le récit sur sa volonté d’enfermement. »

« Enfermé pour respirer »

« Alors moi je dis qu’il y a deux cas de figure. Il y a ceux qui peuvent respirer normalement dans leur environnement, les poissons. Les poissons respirent normalement dans l’eau avec leurs branchies. Et puis il y a ceux qui ne peuvent pas, comme les dauphins. Les dauphins remontent à la surface pour respirer. Moi j’ai besoin d’être enfermé pour respirer. » Francis, extrait du texte.

La concentration et la précision Photo : WS/Rue89 Bordeaux

« J’ai tout de suite pensé à Olivier Galinou. Il peut avoir la concentration et la précision que demande ce texte. J’apprécie également la qualité de ses silences, assez denses. Il y a un monde intérieur chez le personnage qu’il sait maitriser », poursuit Virginie Barreteau.

Olivier Galinou ajoute à son interprétation une authenticité qui traduit la complexité du rôle. A travers ses déplacements, ses hésitations, ses renoncements, et ses rituels, il réussit une performance théâtrale et gestuelle avec une sensibilité loyale à l’égard de son personnage et de son sujet.

« Parce que je crois qu’il ne faut pas à tout prix adapter les gens à la société mais prendre les gens comme ils sont et chercher, inventer des cadres qui leurs convient. » Francis, extrait du texte.

Si le théâtre-témoignage confirme l’importance de l’auteur dans l’écoute du témoin et de la mise en scène dans la retranscription d’une action pour retenir l’attention du public, « Bloc 45 » parvient à concilier sobrement les deux.

Une étape de travail a été diffusée sur la page Facebook de Rue89 Bordeaux
Site internet de Lieu sans Nom et infos sur le spectacle


#théâtre

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