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Nouvelle monnaie locale de Gironde, la Gemme sera utilisée pour payer des élus de Bordeaux

Adhérente depuis fin 2021 à la Gemme (anciennement la Miel), monnaie locale complémentaire à l’euro, la mairie de Bordeaux compte l’utiliser dans le versement d’indemnités à certains élus, puis le déployer dans les services. Elle pourrait servir à payer les droits de terrasse des commerçants, ou l’entrée des piscines. Une version numérique, disponible au premier trimestre 2023, doit permettre à la monnaie locale de sortir de la confidentialité.

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Nouvelle monnaie locale de Gironde, la Gemme sera utilisée pour payer des élus de Bordeaux

Fini la Miel, place à la Gemme, la nouvelle monnaie locale girondine. Cette dernière est née de la fusion entre la Miel, surtout présente dans l’agglomération bordelaise et le libournais, et de l’Ostréa, monnaie locale du bassin d’Arcachon.

Depuis ce mercredi 30 novembre, les billets de Gemme sont disponibles dans les 30 bureaux de change du département. L’association éponyme l’a présentée lors d’une conférence de presse au café Le Petit Grain, dans le quartier de la gare, qui fait partie de la soixantaine de commerces bordelais acceptant le paiement en monnaie locale.

Encadrée par la loi sur l’ESS votée en 2014, les monnaies locales complémentaires se diffusent à l’échelle d’un territoire restreint. Indexées à l’euro, elles ne sont pas spéculatives à l’instar des cryptomonnaies. Elles visent à développer les commerces et les services de proximité. La plus importante monnaie complémentaire européenne est l’Eusko, au Pays basque, avec l’équivalent de 3,3 millions d’euros en circulation.

Adhésion de la Ville

En juin 2021, le conseil municipal de Bordeaux a voté une feuille de route pour l’ESS. Dans ses axes : le développement de la monnaie locale dans les services de la ville. Une volonté qui résonne avec le statut de Bordeaux, capitale mondiale de l’ESS, comme l’a rappelé Jean-Baptiste Thony, conseiller municipal pour l’économie circulaire :

« Les monnaies locales opèrent une transition démocratique. Grâce à ces dernières, on travaille à la notion de citoyenneté économique. Elles sont aussi un enjeu de transition écologique puisque on favorise les circuits courts, qui accompagnent la transition de consommation vers des produits plus locaux et éthiques. »

Dès 2023, une quinzaine d’élus « cobayes » accepteront de recevoir une partie de leurs indemnités en Gemme. Sans donner de calendrier précis, la Ville espère aussi déployer la monnaie locale dans ses régies et services :

« La régie pilote pour 2023 concerne les droits de place des commerçants. Il s’agit des droits payés à la Ville pour les terrasses notamment. À terme, nous pouvons imaginer le développement de la Gemme dans les piscines municipales, les transports publics. La Gemme pourrait aussi atterrir dans ce qui est satellite de la ville ou délégataire de service public : SIVU, centre animation, CCAS… »

Actuellement, entre la Miel et l’Ostréa, l’équivalent de 30 000 euros sont en circulation sur le département. D’ici 2025, l’association de la Gemme ambitionne 100 000 euros en circulation. En Gironde, les collectivités de Bègles et de La Réole ont également adhéré à la Gemme.

Transition numérique

Mais la monnaie locale est un outil qui ne peut « fonctionner que si l’on s’en sert », relate Sacha Colsaet, coordinatrice de la Gemme, pour qui la visée est « d’aller chercher des producteurs dans tous les territoires » :

« Le but de la fusion de deux monnaies est de proposer une monnaie locale sur un bassin de vie qui correspond à la réalité des échanges économiques. L’intention est de créer une boucle économique locale avec un peu tous les types de commerces, d’entreprises et de producteurs. On pense évidemment à l’épicerie bio du quartier, mais aussi à toute une chaîne de production en amont. »

Pour accélérer le déploiement de la Gemme, une application sera mise en service au premier trimestre 2023. La Miel, présente depuis 2016 dans l’agglomération bordelaise, est restée trop confidentielle, circulant dans un réseau restreint. Pour les commerçants, il était difficile de faire accepter la Miel auprès des producteurs/fournisseurs, souvent éloignés de la métropole. Du côté des particuliers, passer par un bureau de change était nécessaire pour changer les euros.

Jean-Baptiste Thony et Sacha Colsaet en conférence de presse Photo : VB/Rue89 Bordeaux

Yannick Lung, coprésident de l’association évoque un transition vers le numérique nécessaire :

« Avec le Covid, la circulation de la monnaie locale a ralenti. On compte beaucoup sur la monnaie électronique pour la relancer. En exemple il y a Angoulême, où 75% des échanges en monnaie locale se font via le numérique. »

L’association escompte l’adhésion de 80 nouveaux professionnels par an au réseau, avec un « minimum de deux particuliers pour un commerce ».


#économie sociale et solidaire

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