C’est un très beau recueil de photos de François Ducasse que publient les éditions Sud-Ouest pour cette fin d’année 2022. Parmi son immense œuvre de photo-reporter, Ducasse a choisi les clichés qu’il n’a cessé de prendre de ce monde rural en voie de disparition.
Il ressort de ce livre une nostalgie qui émouvra ceux d’entre nous à qui cette réalité parle encore et il offrira aux jeunes générations la démonstration qu’un autre mode de vie a été possible.
Noir et blanc
Les photos sont en noir et blanc. Chacun pourra en dresser son palmarès. J’avoue un faible pour les visages – ceux des enfants : comme celle de ce gamin, petit écolier de Bazas, en 1977, dont les yeux brillants montrent l’intensité de la réflexion devant la question que le maître vient de lui poser ; ou celle qui fait la couverture du livre d’une enfant blonde qui tient dans ses bras un lapereau qu’elle semble protéger d’un grand chien noir qui n’a pourtant pas l’air bien méchant.
Ceux de ces paysans au marché de Bazas ou de Villeneuve-sur-Lot, dont le visage buriné est plein de malice, ou de ceux qu’on devine en pleine discussion commerciale.
Toute une culture est évoquée qui n’a pas encore été réduite au rang de folklore pour touristes – des retraites au flambeau au concours de jeu de quilles, des corridas aux matchs de rugby dans la boue, de la fête des bœufs gras de Bazas au marché aux truffes de Sarlat, des pèlerins de Lourdes au séchage du tabac à Tonneins – c’était en 1977 !
« Des mots chéris qui nous disent »
Les photos de Ducasse sont accompagnées, pour notre plus grand plaisir, de textes de Jean Eimer qui, avec son humour habituel, en commente en contrepoint le déroulé.
« Notre grande région décline donc ici ses bontés et ses beautés. Aux historiens d’en faire bientôt leur miel. Aux observateurs d’aujourd’hui de s’émerveiller. Et sur l’époque si vite disparue qu’elle en paraît si lointaine, et sur la sensibilité qui se trouvait derrière la pellicule chargée d’enregistrer ce monde qui fut, c’est selon, celui de notre jeunesse, celui de nos parents ou de nos grands-parents. Oui, l’histoire alliée à la géographie d’un pays bien-aimé, le nôtre. Truffe, chistera, palombe, loubine, bastide, plage, pottok, gave, cèpe, rugby, pin, cépage […] Des mots chéris qui nous disent, qui nous font. »
On ne comprend bien un pays que quand on en connaît l’histoire. Les photos de Ducasse et les textes d’Eimer donnent une illustration pleines de sensibilité de cette vérité.
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