L’économie circulaire gagne la production à l’Opéra de Bordeaux et la première illustration d’une démarche durable et écologique sera le « Requiem » de Mozart qui se joue au Grand théâtre à partir de ce vendredi 20 janvier.
Voulu et annoncé par Emmanuel Hondré à la présentation de sa première programmation, le spectacle réutilise des éléments fabriqués pour des spectacles précédents. A Rue89 Bordeaux, le directeur explique :
« J’ai proposé l’idée à Stephan Braunschweig qui en a accepté le principe au moment de concevoir le projet. Les équipes techniques et les ateliers de l’opéra sont centraux dans la démarche, car l’opéra s’est transformé en laboratoire grandeur nature pour pouvoir mettre en œuvre une nouvelle méthode de travail. »
« Zéro achat »
Le Requiem estampillé « zéro achat » conjugue ainsi une double philosophie, celle du nouveau directeur mais également celle du metteur en scène, Stéphane Braunschweig, qui avait dit à la genèse du projet :
« J’imagine pour cette proposition scénique un espace sobre, mais puissant et symbolique… »
Si le Parisien, actuel directeur du Théâtre de l’Odéon, faisait allusion à « l’expérience de la mort à partir de la vie » chez Mozart (la composition de l’œuvre ayant été interrompue au deux tiers environ par sa mort), ses propos trouvent écho dans la démarche écologique et durable qui entend marquer le coup d’une nouvelle politique culturelle municipale.
« On a fait du recyclage quasi intégral, abonde Stephan Braunschweig. Les seuls éléments construits sont les cercueils. Mais ils ont été eux-mêmes conçus dans une démarche durable car offerts par un partenaire [Groupe Caisserie Bordelaise, NDLR] à partir de stocks de bois initialement destinés à une autre utilisation. Cela correspond bien à l’esprit du projet. Le face-à-face avec la mort impose une forme de dénuement ; on perd ses beaux costumes et on parvient à une forme de nudité. Les images produites par les décors et costumes recyclés sont fortes parce qu’elles amplifient l’impression de dénuement ou de pauvreté. Je n’ai pas vécu cela comme une contrainte. Et si c’en avait été une, elle se serait avérée positive. Aujourd’hui, cette question d’écoresponsabilité nous est posée à tous. On sait que tout ce que l’on produit détruit. »
40 000€ d’économie
Que du recyclage donc pour cette messe qui réunit l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine et le Chœur de l’opéra national de Bordeaux. Stéphane Braunschweig a choisi de réutiliser des châssis miroirs de la production « MacBeth », opéra de Verdi jouée en 2012 sur la scène du Grand-Théâtre, et a également repris des toiles utilisées sur le ballet « Celestial » joué en 2021.
Une adaptation technique de ces éléments a été nécessaire pour répondre à la nouvelle configuration scénique sans acheter de matière première. Le tout dans le tout, 40 000 € d’économie ont pu être faits pour cette première nationale. Le spectacle n’en pâtit pas pour autant. Il a été l’occasion pour Stephan Braunschweig de relever un défi à la hauteur de ce chef-d’œuvre :
« Quand l’ONB m’a contacté pour ce Requiem, j’ai d’abord été surpris : ce n’est pas une œuvre que l’on a coutume de mettre en scène ! J’ai tout de suite dit oui, pour Mozart, pour le challenge, pour l’œuvre. »
Un second rendez-vous de cette saison entend également être exemplaire sur le plan écologique : le projet scénique de l’Académie de l’ONB, « Didon et Énée revisited », attendu en février.
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