10 à 12% des adolescentes scolarisées en milieu rural ont déjà manqué les cours faute d’avoir pu acheter des protections périodiques, selon une étude menée par la Direction des collèges du Conseil Départemental en 2021.
Et d’après le collectif Règles Élémentaires, chaque femme dépense en moyenne 10 euros par mois en tampons/serviettes hygiéniques et anti-douleurs. En France, 8% des femmes connaissent ainsi des difficultés pour s’acheter des protections hygiéniques.
Dans une perspective de lutte contre la précarité menstruelle et de réduction des inégalités, le Département de la Gironde équipe ses collèges de distributeurs de protections hygiéniques. Tous les établissements girondins sont concernés soient 111 collèges et 33 000 collégiennes. Une initiative déjà mise en place dans le Puy-de-Dôme, au printemps dernier.
Lever le tabou
Au collège de Bordeaux Belcier, ouvert en septembre 2022 dans le quartier Euratlantique, le distributeur a été installé dans le bâtiment de la vie scolaire. Un endroit accessible à tout moment de la journée, et moins « exposé » que la cour, comme témoigne l’infirmière de l’établissement :
« Les filles savent ce que c’est, mais des tabous persistent, comme le côté sale des règles. La plupart d’entre-elles souhaitent évoquer le sujet, mais pas en classe entière devant les garçons. »
Une idée que partage Jaden, 12 ans, élève en cinquième :
« C’est une bonne idée de mettre en place ce distributeur. On pourra toujours se servir si on en a pas dans nos cartables. C’est aussi l’occasion de parler des règles, même si je pense que les garçons sont moins sensibles au sujet. »
Loïc Lapeyronie, principal du collège de Bordeaux Belcier, évoque un dispositif « évolutif » selon le retour des élèves. Un dialogue va être engagé avec ces derniers, sur les heures de cours, via des professeurs référents sur l’égalité femmes/hommes.
Composés biologiques
C’est l’entreprise Marguerite&Cie, basée en Bretagne, qui a remporté l’appel d’offres lancé en août dernier. Le Département, lui, investira « 300 000 euros sur quatre ans », précise Isabelle Dexpert, vice-présidente en charge des politiques éducatives et des collèges. L’installation et le réapprovisionnement sont assurés par l’entreprise, qui fournit des protections périodiques composées de produits biologiques, respectueux de la santé et de l’environnement.
Marguerite&Cie est déjà présente à Bordeaux, sur les campus universitaires, où une trentaine de distributeurs ont été installés. Financées par la Contribution de vie étudiante et de campus (CVEC), des distributions de protections périodiques sont également organisées par l’Université Bordeaux-Montaigne.
Du côté des lycées, un appel à projets baptisé « Lutte contre la précarité menstruelle en Nouvelle-Aquitaine » a été lancé au printemps 2022, par la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS). 220 273 euros y sont dédiés.
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