Média local avec zéro milliardaire dedans

L’EPR2 au Blayais barré par un amendement au Sénat

Malgré l’avis défavorable du gouvernement, la sénatrice écologiste de Gironde Monique de Marco a fait adopter mardi soir un amendement à la loi sur la construction de nouvelles installations nucléaires, afin d’interdire celle-ci en zone littorale inondable. La centrale nucléaire du Blayais est concernée.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Bordeaux, abonnez-vous.

L’EPR2 au Blayais barré par un amendement au Sénat

Et si le projet de loi d’accélération des procédures liées à la construction de nouveaux réacteurs nucléaires finissait par leur mettre des bâtons dans les roues ? Alors que le texte était examiné en première lecture au Sénat ce mardi 17 janvier, un amendement adopté en séance prévoit d’interdire leur installation dans des zones littorales vulnérables aux inondations et aux submersions marines.

« Chaque site nucléaire installée en zone littorale doit disposer d’une occupation du domaine public maritime, explique dans un communiqué Monique de Marco, la sénatrice écologiste de la Gironde qui a déposé cet amendement. A présent, cette occupation ne sera plus accordée aux projets de réacteurs situés dans une zone inondable ou dans une zone ayant déjà subi des inondations. »

Pour la parlementaire EELV, « l’adoption de cet amendement met un coup d’arrêt à un projet irresponsable : l’installation de nouveaux réacteurs EPR2 sur le site du Blayais ». Des élus locaux et les milieux économiques militent actuellement pour la construction d’une paire de réacteurs dans la centrale, afin de remplacer progressivement les tranches actuelles, vieilles de plus de 40 ans.

Une centrale « régulièrement sous les eaux »

Or le Blayais avait « frôlé la catastrophe » suite à une inondation en 1999 : les vagues étaient entrées dans la centrale endommageant le système de refroidissement, rappelle Monique de Marco. Si depuis l’accident, et suite également au retour d’expérience de Fukushima, la digue a été renforcée et des générateurs de secours installés pour refroidir les réacteurs en cas de panne électrique, les conditions de sécurité demeurent insuffisantes, d’après elle :

« En Gironde, le trait de côte pourrait reculer de 290m à 479m selon les prévisions du GIEC. La commune de Braud-et-Saint-Louis où est implantée la centrale du Blayais sera régulièrement sous les eaux. L’installation d’EPR2 sur ce site serait irresponsable. »

Malgré l’avis défavorable du gouvernement, l’amendement écologiste a pu être adopté avec l’appui en commission du rapporteur du projet de loi au Sénat, Daniel Gremillet (Les Républicains), « sensible à la question de l’exposition des centrales nucléaires à l’érosion », poursuit Monique de Marco. Elle relève qu’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, n’a pas posé son véto à cet amendement, adopté à minuit dans un hémicycle clairsemé.

Un amendement en sursis ?

Si le gouvernement décide de s’y opposer, l’amendement pourrait toutefois sauter lors du passage du texte à l’Assemblée nationale. Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé la construction de 6 nouveaux EPR, et de lancer des études sur la mise en chantier de 8 autres, ce projet de loi entend simplifier les procédures administratives – dispenser les sites d’autorisation d’urbanisme, assouplir le droit d’expropriation, commencer avant la clôture de l’enquête publique les travaux sur les bâtiments non destinés à recevoir des substances radioactives…

Le Sénat a par ailleurs supprimé l’objectif de réduction à 50 % de la part du nucléaire dans la production d’électricité d’ici à 2035, et imposé de revoir le décret prévoyant la fermeture de 12 réacteurs, en plus de Fessenheim. « Scandaleux », estime Greenpeace France, selon qui « le Sénat sabote le débat démocratique et court-circuite l’agenda législatif ».


#nucléaire

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

À lire ensuite


Partager
Plus d'options
Quitter la version mobile