C’est un « exercice presque inédit » auquel s’est attelé le groupe Bordeaux Ensemble de l’opposition municipale. Dans le cadre de l’adoption du budget de la ville de Bordeaux, ses élus tenaient à présenter une alternative et en débattre lors de la présentation des orientations budgétaires au conseil municipal ce mardi 31 janvier.
Outre le fait que la question n’est finalement pas à l’ordre du jour de ce conseil, Pierre Hurmic a refusé d’inscrire leurs propositions au débat. Les élus menés par Nicolas Florian en ont développé les grandes lignes à la presse ce lundi, par anticipation d’une éventuelle hausse des impôts.
« Profondément inquiets »
Nicolas Florian s’étonne de ne rien voir venir alors que « Bordeaux métropole a sorti ses orientations budgétaires en décembre et a voté son budget vendredi dernier [son groupe métropolitain a voté contre, NDLR] », rappelant que les services étaient mutualisés avec la municipalité.
« Quel est le problème avec la ville de Bordeaux ? Est-ce que ce sont des difficultés d’évaluation ? Est-ce une question d’arbitrage entre différents scénarios ? Ou ils ont du mal à afficher qu’ils vont augmenter les impôts ? »
C’est la dernière hypothèse que soupçonnent les élus du groupe. La majorité devra effectivement faire face à l’augmentation des dépenses de fonctionnement due à l’inflation d’une part, à l’augmentation des coûts de l’énergie et des matières premières d’autre part, et à la revalorisation du point d’indice pour la masse salariale.
« Profondément inquiets », ils accusent Pierre Hurmic d’avoir réduit les marges de manœuvre en « dégradant l’indicateur de santé budgétaire depuis le début du mandat » :
« Depuis le début du mandat l’endettement de la ville a explosé, ce qui va poser des problèmes d’investissement, commente Marik Fetouh. De toute évidence, depuis son arrivée, la majorité prépare une augmentation des impôts et c’est la classe moyenne qui va encore payer. En plus des 7% décidé par l’Etat sur la taxe foncière, la municipalité va décider d’une autre augmentation. »
Nouveau calendrier budgétaire
« La ville de Bordeaux a 15 millions d’euros à trouver pour compléter son budget de 2023 », présume Marik Fetouh, également président de la commission finances, poste que Pierre Hurmic tenait à confier à un élu de l’opposition. Pour contenir ces dépenses, Bordeaux Ensemble « propose à l’exécutif municipal un plan de réduction du train de vie de la collectivité ».
Son rapport prétend que « 2 millions d’euros d’économies peuvent être réalisées dès cette année sur les charges à caractère général ». Il cite parmi ces économies possibles « 1,05 million d’euros sur les contrats de prestation de service, alors que ce poste a bondi de 15% depuis 2020 » pour atteindre « 25 millions » selon Marik Fetouh : « il y a de la marge pour négocier. »
« Prenons l’exemple de Bordeaux Mag, poursuit l’élu. Il a été externalisé alors qu’il était réalisé en interne. On peut aussi se demander pourquoi faire du papier à l’ère du numérique, c’est paradoxal pour une municipalité écolo. »
Bordeaux Ensemble demande par ailleurs la révision du poste dépenses pour le personnel de la Ville de Bordeaux (rémunérations et cotisations sociales) pour pouvoir atteindre 168 millions d’euros au lieu de 171,2 annoncés en 2023. Sur ce total d’économies qui s’élèvent « à au moins 5 millions d’euros », deux millions pourraient ensuite être fléchés sur « deux priorités : la sécurité et la propreté ».
Reste à comparer avec les propositions de la majorité qui aura à voter son budget avant le 15 avril comme l’exige la loi. A Rue89 Bordeaux, elle justifie le retard de son calendrier budgétaire par « le contexte de choc inflationniste, notamment énergétique, et l’attente en fin d’année de la Loi de finances ».
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