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« Qui a cru Kenneth Arnold ? » : le délire cosmique du collectif Os’o

Le collectif Os’o revient au Théâtre national Bordeaux Aquitaine jusqu’au 28 janvier pour « Qui a cru Kenneth Arnold ? ». Dans cette conférence-fiction, les Bordelais sondent les phénomènes aérospatiaux non identifiés (PAN) avec une bouffonnerie on ne peut plus sérieuse.

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« Qui a cru Kenneth Arnold ? » : le délire cosmique du collectif Os’o

Il y a sans doute une voix, venant du cosmos, qui a taquiné le collectif Os’o après avoir débarqué du vaisseau spatial de sa solennelle et sombre précédente création, « X ». « Mais dis donc, qu’est-ce que vous étiez sérieux ! » aurait-elle pu leur dire. Piqués au vif, ses comédiens auraient dessiné d’autres plans, choisissant Kenneth Arnold pour une nouvelle conquête de l’espace.

L’histoire raconte que cet américain, chef d’entreprise et aviateur, a aperçu un jour de juin 1947 neuf étranges objets volants. L’affaire est rapidement médiatisée et donne naissance aux « flying saucers », les soucoupes volantes devenues par la suite OVNIS (objets volants non identifiés) ou PAN (phénomène aérospatial non-identifié).

Dans la dernière création du collectif Os’o, « Qui a cru Kenneth Arnold ? », cet hurluberlu est réincarné en un jeune vacancier qui en Vendée, un soir d’été sur la plage, a aperçu cinq boules de feu. Ensuite, ce personnage aurait probablement été – mais ça reste à prouver – victime d’une abduction, phénomène décrit par les ufologues comme l’enlèvement d’une personne par des extraterrestres et ne laissant aucun souvenir à la victime après coup.

Fake news

En quête de vérité et avec la volonté de partager son expérience, la victime prend la route avec un spécialiste de l’IFPAN, Institut français d’étude des phénomènes aérospatiaux non-identifiés, avatar théâtral du GEIPAN, le très sérieux Groupe d’études et d’informations sur les phénomènes aérospatiaux non-identifiés. Les deux acolytes se lancent dans une tournée de conférences sur les mystères de l’univers, avec des références historiques compilées dans un diaporama au kitch incontestable.

Les spectateurs, dans le rôle de participants à la conférence, vont faire face aux turbulences d’un récit foutraque. Des géoglyphes énigmatiques de Nazca au Pérou, en passant par l’improbable envoi de « Johnny B. Goode » de Chuck Berry dans l’espace en 1977 par l’agence spatiale américaine dans l’espoir de communiquer avec une forme vie extraterrestre, une réalité alternative, à base de raccourcis qui font le terreau des « fake news », s’échafaude sous leurs yeux.

Et comme si l’information sérieuse n’était pas assez malmenée, surgit alors un troisième personnage. Un farfelu journaliste s’ajoute à cette farce et participe allègrement à l’absurdité du raisonnement et des douteuses démonstrations.

Tom Linton, Baptiste Girard, et Mathieu Ehrhard (Photo : Frédéric Desmesure)

Deux actes

C’est donc un nouveau format que le collectif Os’o entreprend pour sa dernière création, celui d’une parodie de conférence glissant vers la fiction totale. Un rebondissement projette le spectateur à la vitesse de la lumière dans une seconde dimension haletante pour certains membres de la rédaction de Rue89 Bordeaux, trop grand-guignol pour d’autres.

Les trois comédiens de cette première à Bordeaux, mardi 24 janvier, étaient Baptiste Girard, Mathieu Ehrhard, et Tom Linton. La distribution étant tournante, elle comprend également Bess Davies et l’invité Denis Lejeune.

A la dramaturgie, le collectif Os’o retrouve Riad Gahmi de La Traverse, collectif déjà partenaire dans « Pavillon Noir ». Leur nouvelle collaboration réussit une deuxième incursion dans le domaine des sciences en posant un regard lucide sur nos fragiles certitudes, non sans nourrir nos esprits d’un essentiel sens critique.

Informations sur le spectacle sur le site du TnBA


#Fake News

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