Cette nuit, le collectif Collages féministes de Bordeaux a tapissé le monument de la place des Quinconces, à Bordeaux, des prénoms des « 147 adelphes assassiné.e.s en 2022 » en France (adelphe : terme désignant un frère ou une sœur de manière non-genrée). À l’occasion de la Saint-Valentin, le collectif, composé uniquement de femmes et de personnes trans, rappelle que ce jour « correspond souvent à l’augmentation des signalements pour violences sexistes et sexuelles ».
En France, « une femme meurt tous les 2 ou 3 jours sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon » précise le communiqué du collectif à propos de son action.
Alors qu’en France, le mot féminicide désigne, pour la majorité, le meurtre d’une femme par son partenaire ou ex, le collectif des Collages féministes adopte pour son comptage la définition espagnole d’un féminicide : celui d’un meurtre d’une personne pour son genre. Sont ainsi incluses dans ce décompte glaçant les homicides de femmes « oubliées par les institutions et les mouvements féministes : les femmes précaires, trans migrantes, sans domicile fixe ou qui se prostituent… ».
« En 2021, des hommes ont tués 114 femmes en raison de leur genre. En 2022, elles étaient 147 », souligne le communiqué.
Violence encore impunie
Les colleureuses, mot épicène qui désigne les colleuses et les colleurs, rappellent que 30% des auteurs de féminicides avaient déjà été condamnés par la justice pour des faits de violence, 29% des plaintes ne sont pas transmises au Procureur de la République et 80% des plaintes transmises à la justice sont classées sans suite.
« En colère, nous demandons : comment est-il possible que des personnes portent plainte et soient tuées quelques jours plus tard ? Pourquoi ces plaintes n’ont servi à rien ? Comment des hommes qui sont connus des forces de l’ordre comme étant violents, arrivent-ils aussi facilement à passer à l’acte ? L’inaction du gouvernement tue. »
C’est la troisième année consécutive où le collectif affiche les noms des personnes assassinées sur le monument aux Girondins. En 2021, leur femmage, hommage rendu à une femme, était resté plusieurs semaines avant d’être dégradé par des militants d’extrême droite. En janvier 2022, le groupe Génération Zemmour avait décollé les lettres en moins de deux jours.
Lundi 6 février dernier, Laurence Clausse, âgée de 47 ans, a été assassinée par son mari avant que ce dernier ne retourne l’arme contre lui dans leur domicile de Gujan-Mestras, sur le bassin d’Arcachon. Il s’agit du premier féminicide de l’année dans en Gironde, département où l’on meurt le plus en France dans son couple (avec le Nord).
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