Alors que les vacances débutent pour la zone A, trois nouvelles expositions sont à découvrir à Bordeaux. Sans oublier celles qui sont toujours sur les cimaises, comme au Fonds régional d’art contemporain Nouvelle-Aquitaine MÉCA qui propose, jusqu’au 26 février, une immersion dans l’art contemporain portugais. « Les Péninsules démarrées » confronte 35 artistes des années 1960 jusqu’à nos jours.
De son côté, le CPAC musée présente dans sa nef l’exposition « Barbe à Papa » jusqu’au 14 mai 2023 : un regard décalé sur la fête foraine, fruit du travail de 50 artistes, mêlant sculptures, vidéos, installations et performances. Exposition largement conseillée en famille.
1 -Dalí et Gaudí aux Bassins des Lumières
Après un mois de fermeture au grand public, la base sous-marine de Bordeaux met les voiles sur la Catalogne. Dans une rétrospective réussie, mêlant jeux de lumière et son, les œuvres oniriques et surréalistes de Salvador Dalí se dévoilent dans une exposition baptisée « Dalí, l’énigme sans fin », mise en scène par Cutback et produite par Culturespaces Digital.
350 000 visiteurs son attendus. Gianfranco Iannuzzi, directeur artistique de l’exposition, souligne l’importance immersive du lieu :
« Dalí ce n’est pas un peintre, c’est une œuvre d’art. Il aimait se mettre en scène. Cette exposition va plonger le public dans un monde surréaliste où ses œuvres flottent dans l’espace, et permet de pénétrer dans ses visions et ses rêves. »
Miroitant dans les eaux des Bassins des Lumières, les œuvres de l’artiste espagnol sont associées à la musique de Pink Floyd. Une « interprétation pertinente » selon Gianfranco Iannuzzi :
« Je me suis dit qu’il y avait quelque chose qui pouvait se passer entre les deux. Ce sont deux icônes dans la musique et dans la peinture, les mettre ensemble est une interprétation. Ils ont en commun le fait de pousser l’expérimentation au plus loin. L’un dans le surréalisme, l’autre dans le rock progressif. »
Gaudí, vestiges du rêve
L’immersion consacrée à Dalí occupe le programme de l’exposition (38 minutes). Elle est suivie de « Gaudí, architecte de l’imaginaire », un programme court (11 minutes). Une seconde partie menée en collaboration avec la Foundation Junta Constructora del Temple Expiatori de la Sagrada Família.
L’imaginaire de Gaudí entre en scène sur un flamenco, des fragments du parc Güell éclosent sur les murs et dans l’eau. Humbert Vuatrin, directeur des Bassins des Lumières, invite les visiteurs à redécouvrir la « créativité d’un génie sans limite », dont les bâtiments sont aujourd’hui classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.
« Dalí, l’énigme sans fin », jusqu’au 7 janvier 2024 aux Bassins des Lumières
Tarifs entre 9 et 15 euros, réservation conseillée
Informations et renseignements complémentaires
2 -Saint-Michel à l’honneur au musée d’Aquitaine
Jusqu’au 23 avril 2023, l’exposition « Être(s) à Saint-Michel » raconte l’histoire d’un quartier à travers des photographies et des témoignages de commerçants. Ses habitants et son évolution sont mis en valeur par trois artistes de la maison Spectre, Pierre Wetzel, Aurélia Coulaty et Jonas Laclasse.
Respectivement photographe, auteure et artiste visuel, ils ont associé leur spécificité afin de mettre en lumière le quartier. Exposé au musée d’Aquitaine, ce projet, réalisé en 4 ans, est également soutenu par l’association bordelaise ALIFS (Association du lien interculturel, familial et social) et par la Ville de Bordeaux.
14 portraits de commerçants
« Au départ, nous voulions faire un état des lieux », explique Pierre Wetzel. Un quartier en mouvement perpétuel, multiculturel, avec « ses joies et ses peines ». Pour incarner ces mutations, les artistes ciblent les commerçants.
« Nous les avons choisi car ils étaient influents. Pour avoir une vision globale, nous avons interrogé des anciens et des nouveaux. »
De 2019 à 2020, Pierre Wetzel, Aurélia Coulaty et Jonas Laclasse rencontrent 14 marchands. Luc et sa brocante, Nadia et son bar, Ashour et son restaurant… Tous posent fièrement devant leurs commerces et se livrent aisément. Un côté très « officiel », mais voulu :
« La technique crée une certaine solennité. Les modèles posent 4 ou 5 secondes. Souvent, ils ont le réflexe de se tenir très droit. Cela vient contraster avec les petits défauts liés au matériel ancien utilisé. »
Tous les clichés exposés sont réalisés avec la technique du collodion humide sur plaque de verre, ou d’aluminium. Avec ce dispositif datant de 1851, il faut 20 minutes pour réaliser une photographie. Un procédé adapté au portrait selon Pierre Wetzel, puisqu’il « souligne l’intensité des regards et des visages ».
Une enquête
À ce travail artistique s’ajoute un aspect plus sociologique, incarné par la (vraie fausse) « Grande Enquête ». Un questionnaire élaboré par les trois artistes, portant sur la vie à Saint-Michel. De 2021 à 2022, une centaine de questionnaires ont été distribués dans les bars et collés dans les rues, afin que chacun puisse y répondre.
Quelques-uns de ces questionnaires sont consultables dans l’exposition. Ils sont accompagnés d’enregistrements sonores de passants, livrant leurs sensations sur le quartier. Une expérience documentaire, poétique et artistique à voir jusqu’au 23 avril prochain.
« Être(s) à St-Michel », jusqu’au 23 avril 2023 au musée d’Aquitaine à Bordeaux
Ouvert du mardi au dimanche, de 11 h à 18 h
3 -L’engagement de SOS Méditerranée en images
« Un engagement citoyen », l’exposition de SOS Méditerranée, a été inaugurée mercredi 1er février à l’immeuble de Gironde (83 cours du Maréchal Juin). Elle a été créée en 2021, grâce au financement de 15 000 euros attribué par la Région Occitanie dans le cadre du budget participatif.
Pendant cinq ans, 14 photographes ont suivi les missions de l’Aquarius, puis de l’Ocean Viking, les navires de sauvetage de l’association. Ainsi, une trentaine de photos sont exposées afin de sensibiliser le public. Elles dévoilent des visages de femmes, d’hommes et d’enfants, ayant tenté de fuir leur pays au péril de leur vie.
Des histoires de vie
Des canaux en plastiques bondés, un enfant larmes aux yeux, un couple heureux de se retrouver. Derrière chacune de ces photos, une histoire. Jean-Pierre Lacan, administrateur chez SOS Méditerranée, les connaît toutes. Déambulant parmi les clichés, l’un d’eux attire son attention :
« Ici, nous sommes en février. La mer est glacée. Nous avions repéré une embarcation endommagée. Des gens étaient à l’eau et nous devions agir vite car ils risquaient l’hypothermie. Ce jour-là, quatre femmes sont décédées. »
Un peu plus loin, sur une autre image, une quinzaine de femmes se repose à l’écart des autres passagers. Toutes ont l’air épuisé. Là encore, Jean-Pierre Lacan marque une pause :
« Sur cette photo, beaucoup ont vécu le pire. Les viols et les agressions sexuelles sont quasi constants. Le moment du transfert vers le port est donc un moment de repos privilégié. »
37 268 personnes secourues
Depuis 2014, plus de 25 000 personnes ont péri en mer Méditerranée, selon Fabienne Lassalle, la directrice générale de l’association. En parallèle, 37 268 personnes ont été secourues depuis la création de SOS Méditerranée en 2016. Un succès qui nécessite des moyens, puisqu’une journée de sauvetage coûte environ 22 000 euros à l’association.
A cette occasion, l’association a reçu une aide de 50 000 euros attribuée par le département de la Gironde.
« SOS Méditerranée : un engagement citoyen », jusqu’au 2 mars 2023
Immeuble du Département de la Gironde à Bordeaux
Entrée libre du lundi au jeudi de 8h15 à 17h15 sauf le vendredi de 8h15 à 16h45
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