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Les agriculteurs dans les rues de Bordeaux pour « sauvegarder la souveraineté alimentaire du pays »

À l’appel de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et des Jeunes Agriculteurs, des agriculteurs venus des 12 départements néo-aquitains se sont rassemblés à Bordeaux. Ils demandent des solutions de remplacement « efficaces » face à l’interdiction de certains produits phytosanitaires et dénoncent l’impact de la crise énergétique sur leurs coûts de production.

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Les agriculteurs dans les rues de Bordeaux pour « sauvegarder la souveraineté alimentaire du pays »

Jean-Marc et Jacquie travaillent dans une exploitation agricole céréalière de 120 hectares. Ils ont fait la route depuis les Deux-Sèvres pour rejoindre Bordeaux et protester contre « l’iniquité dans les interdictions de produits phytosanitaires » entre les pays européens.

Le rassemblement, organisé par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et les Jeunes Agriculteurs à Bordeaux vendredi 17 février, a réuni plus de 400 personnes selon les organisateurs. Tôt dans la matinée, une vingtaine de tracteurs, partis de Saint-Louis-de-Montferrand ont rejoint les manifestants au départ des Quinconces. Une délégation a été reçue en préfecture dans l’après-midi qui, pour l’heure, n’a pas communiqué sur les échanges.

« Si on interdit, il faut trouver des solutions »

« La France veut être première de la classe, mais en conséquence elle va produire moins », expose Jean-Marc, qui vend du blé à une coopérative locale :

« À force d’interdire, on crée une distorsion de concurrence avec nos voisins européens. Récemment, ce sont les néonicotinoïdes, surtout utilisés dans le nord du pays dans les champs de betteraves, qui ont été interdits par l’État. Seulement, aucune alternative n’existe pour le moment. Une indemnisation ne suffit pas. »

Un convoi d’engins agricoles est arrivé aux Quinconces en fin de matinée Photo : VB/Rue89 Bordeaux

Interrogé par France Info sur le sujet, Jean-Marc Bonmatin, chercheur au CNRS, soutient, au contraire, que des solutions alternatives sont possibles. Le chimiste cite un rapport de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) de 2021 qui donne « 22 alternatives aux néonicotinoïdes pour la culture de la betterave sucrière », dont 4 applicables « immédiatement ». Parmi elles, le paillage et de la fertilisation organique dans les parcelles cultivées afin de réduire les populations de pucerons.

Crise économique

Aux interdictions de productions phytosanitaires, Gaëtan Bodin, président des Jeunes Agriculteurs de Nouvelle-Aquitaine, pointe également l’augmentation des « coûts de production » liée au contexte économique et à la guerre en Ukraine :

« L’augmentation des coûts de production pèse beaucoup sur les exploitations. Il y a un déficit dans nos revenus face à ces coûts. La profession se sent abandonnée. Sur la partie environnementale, nous sommes pour changer nos outils et nos pratiques. Mais il faut qu’on nous propose des solutions. »

À une semaine de l’ouverture du Salon internationale de l’agriculture, la profession compte « mettre la pression » sur les pouvoirs publics. « Notre crainte, c’est de voir notre métier se faire liquider par la production venue de l’étranger », décrit Cédric Tranquard, président de la Fnsea Nouvelle-Aquitaine, qui dénonce l’importation de produits étrangers traités par des pesticides interdits en France. De son côté, la Région Nouvelle-Aquitaine, via sa feuille de route Néo Terra, entend se séparer des pesticides en 2030.


#agriculture

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