Fin de la manifestation : aucun incident
Les manifestants mobilisés pour ce 7 mars se dispersent et certains se retrouvent devant la maison éco citoyenne où un concert a pris le relais. Le bilan de la journée est largement positif pour les organisateurs.
Fabrice Cavareggio, secrétaire CFDT Interco 33, se réjouit déjà des chiffres qui « ont dépassé ceux du fameux samedi », le 11 février qui a réuni 80000 personnes (13500 selon la Préfecture).
« C’est une grosse mobilisation même si nous n’avons pas les chiffres définitifs pour les grévistes. Mais en regardant le cortège, on voit beaucoup de secteurs représentés : les secteurs agricole, énergie, transport… Pour la suite, on attend les directives de l’intersyndicale. Il y a des syndicats qui prônent des grèves reconductibles. De notre côté, nous allons sur des blocages. Mais ça devient très compliqué pour les salariés de faire grève. L’idée est de rester fort en restant avec l’intersyndicale, même si chaque syndicat a sa particularité. »
Aucun incident n’est à signaler en fin de parcours. Des rendez-vous sont donnés ce jeudi 8 mars à 10h au village des associations féministes, puis à 14h pour la manifestation.
Loïc Prudhomme veut maintenir « le rapport de force »
« Cette date du 7 mars fera la bascule en matière de rapport de force » affirme Loïc Prudhomme, député Nupes de Gironde.
« Il y a quand même une forte proportion de la population, quasi 90%, qui est opposée à cette réforme. Faire une politique contre sa population, ça ne me semble pas tenable à long terme. Il faut qu’il se passe des choses, soit le gouvernement Macron acte le rapport de force et trouve comment se sortir de l’impasse sans totalement perdre la face, soit on poursuivra la mobilisation. »
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Face à l’avancée au Sénat, l’élu Insoumis croit encore « à un recul » et rappelle qu’ « il y a déjà eu dans l’histoire des lois votées qui n’ont jamais été promulguées ».
« Réforme impopulaire »
Critiqué par son opposition pour avoir repoussé de 24 heures le conseil municipal prévu ce mardi en raison de cette journée de mobilisation, Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, était présent dans le cortège qui a défilé contre la réforme des retraites à Bordeaux.
« Je pense qu’il faut vraiment et enfin que le gouvernement entende ces oppositions à une réforme aussi impopulaire. Il ne faut pas qu’il s’enferme dans une radicalité hostile à toute ouverture. »
100000 manifestants selon les organisateurs !
100000 manifestants ce 7 mars sous la pluie à Bordeaux ! Un reccord par rapport aux journées de mobilisations précédentes. La journée du 19 janvier avait réuni 60000 personnes selon les organisateurs contre 16000 selon la préfecture. Le 31 janvier, 75000 contre 16500. Le 7 février, 50000 contre 9500. Le 11 février, le premier samedi des vacances d’hiver, 80000 contre 13500. Le 16 février, 30000 contre 9000.
Stéphane Obé, secrétaire général de l’Union départementale de la CGT, se félicite pour « la plus grosse mobilisation avec 100 000 personnes » :
« Nous les syndicats sommes déterminés, ça va se jouer après au niveau des salariés et du coût de la grève, même si des caisses de grève s’organise dans les entreprises. »
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L’intersyndicale manifestera demain aux côtés des mouvements féministes, une banderole spéciale sur la problématique des femmes et de la réforme va être déployée pour l’occasion.
« Le bars de fer »
Patrick, employé à la maintenance Sncf au Technicentre Aquitaine, est en grève « comme 50% du service », alors que chez les conducteurs, « ils sont 70% » :
« Nous avons déjà voté la reconduction de la grève pour demain. Même si le projet de la réforme se confirme, on continuera. On veut le retrait et, pour ça, il va y avoir un bras de faire. Cette fois-ci, on n’est pas tout seul comme en 2020 où il y avait seulement la Sncf et la Ratp. Là, il y a les salariés de plusieurs boîtes comme la pétrochimie ou EDF. On est nombreux. »
Baisses de charge à la centrale du Blayais depuis ce week-end
Cédric, salarié de la centrale du Blayais, s’expose dans son métier d’intervention à des risques par « la chimie et l’amiante ». Il est « père isolé de deux garçons » et met « de côté pour pouvoir tenir [la grève] longtemps » :
« Dès ce weekend, on a mis en place des baisses de charge. On est passé de 4000 megawatts de baisse ce week-end à 5000 cette semaine. Ça va se durcir et on a déjà des actions prévues jeudi sur le site. On ne veut pas mettre la France dans le noir, mais on veut que l’actionnaire principal, c’est-à-dire l’État soit prévenu. On ne lâchera pas, même si la grève me coûte cher. J’ai perdu 300 euros le mois dernier sur une salaire de 2100 euros brut. »
« On peut le faire »
Claude est retraitée. Elle dit croire « aux blocages et aux grèves reconductibles » :
« La Sncf et la Ratp le font. On n’a jamais vu une loi qui a autant été peu débattue. Ça va être difficile avec le gouvernement de demander le retrait, mais on peut le faire, je pense aux trois semaines de blocage du pays en 1995. »
« Ça va encore creuser les écarts entre les pauvres et les riches »
Margot 26 ans, est en CDD dans une collectivité. Elle manifeste une nouvelle fois tout en se disant « pessimiste » au vu des avancées de la réforme au Sénat :
« Je pense que ça va passer. Et ça va générer des conflits sociaux et encore creuser les écarts entre les pauvres et les riches. On profite du fait que les citoyens subissent certaines crises pour dire ensuite qu’il manque de l’argent dans les caisses et leur en prendre encore plus. Mais j’espère que le mouvement de gauche, et toutes les luttes, auront un impact. Le mouvement doit aller jusqu’au bout. Sous quelle forme ? Peu importe. Moi je manifeste, mais il faut aussi des actions collectives et concrètes. Malheureusement on n’a plus le choix. »
Le cortège remonte le cours Alsace-et-Lorraine sous une foule de parapluies
Ne pas perdre les acquis sociaux
Parmi les manifestants, peu sont impressionnés par les avancées de la réforme au Sénat. Certains confient être prêts à aller jusqu’au blocage du pays. Bruno, 59 ans et Compagnon du Devoir, affirme : « Il ne faut pas être modéré et continuer à demander le retrait de la réforme. On ne peut pas perdre les acquis sociaux. »
Le cortège démarre sous la pluie avec « beaucoup de monde »
Le Sénat accélère
Les débats sur la réforme des retraites ont fait un bond dans la nuit de lundi à mardi au Sénat. Le fameux article 7 sur le report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans pourrait être examiné dès ce mardi soir, après la mobilisation de ce jour, ce qu’espérait la gauche.
À partir de 14h30 ce mardi, les sénateurs reprendront donc leurs travaux avec l’article 6 du projet de loi. Ensuite ils auront à traiter 160 amendements de la gauche avant l’article 7.
Bien qu’aucun amendement de la gauche n’ait été retenu, il en reste 2475 à étudier d’ici dimanche soir pour faire voter le texte dans les temps. Les articles 3, 4 et 5 ont été votés cette nuit et les deux premiers l’ont été lundi dans la journée.
Monique de Marco propose une « Taxe robot » pour payer les retraites
Lundi 6 mars, lors de l’étude de l’article 2 Ter du projet de réforme des retraites au Sénat, Monique de Marco, sénatrice écologiste de Gironde, a défendu 5 amendements pour créer une « Taxe robot ».
Alors que la France compte plus de 500 000 robots dans nos entreprises, et que l’OCDE prévoit l’automatisation de 16% des emplois dans les années à venir, la sénatrice appelle à « anticiper les conséquences en matière de cotisations sociales ». Elle propose de taxer les robots au même niveau que les salariés qu’ils remplacent afin de contribuer au financement des retraites.
« Il est légitime qu’une petite partie de la richesse produite en économisant sur le coût du travail contribue à notre système de sécurité sociale. Une fois de plus, ces amendements prouvent que la réforme du Gouvernement est idéologique. Nous ne sommes pas obligés de reculer l’âge de départ à la retraite à 64 ans. Les solutions alternatives pour équilibrer notre système de retraite sont nombreuses », a déclaré Monique de Marco.
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Cette nouvelle contribution mensuelle serait plafonnée à 103 euros par mois et par robot pour ne pas freiner l’investissement. La sénatrice affirme que cette taxe « est soutenue par le rapport Mady Delvaux du Parlement européen, ainsi que par le milliardaire Bill Gates et l’entrepreneur Michel-Edouard Leclerc ».
Les sénateurs ont longuement débattu ce lundi des propositions de la gauche pour financer le système des retraites comme alternative au relèvement de l’âge de départ de 62 à 64 ans prévu par le gouvernement. Pas une seule n’a été retenue.
Moins de grévistes à l’Académie de Bordeaux
38,14% ce 7 mars, contre 41,89% le 19 janvier 2023. Les enseignants et personnels de l’Académie de Bordeaux sont légèrement moins nombreux à faire grève aujourd’hui, et c’est surtout au second degré que la baisse est nette : 32,78% ce jour contre 42,63%.
Soutenus par les sections syndicales, des élèves du lycée Jean-Moulin de Langon ont manifesté et tenu un barrage filtrant devant leur établissement ce mardi matin.
Des étudiants de SciencesPo Bordeaux ont bloqué leur établissement ce mardi matin, et cela pourrait se poursuivre dans les jours à venir, annoncent-ils dans cette vidéo. « Un acte symbolique pour repolitiser l’IEP et marquer notre soutien aux travailleurs et aux travailleuses et notre opposition à la réforme des retraites », indiquent-ils.
La direction de l’IEP invite ses étudiants à « basculer leurs activités en télétravail ou enseignement à distance ».
En raison du mouvement social, les lignes de tram fonctionnent avec une fréquence réduite, plusieurs lignes de bus ne roulent pas du tout, prévient TBM. De nombreux TER sont aussi perturbés dans la région Nouvelle-Aquitaine depuis lundi soir.
A Bordeaux, un concert est prévu sur les quais avant le départ du cortège à midi place de la Bourse.
Soyez les bienvenu.e.s pour suivre en direct sur Rue89 Bordeaux cette nouvelle journée d’actions de l’intersyndicale mobilisée contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, actuellement en cours de discussion au Sénat.
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