L’avocat des parents de Chahinez Daoud, assassinée violemment par son mari à Mérignac en 2021, a annoncé le lancement d’une procédure contre l’État pour faute lourde. Julien Plouton évoque des « dysfonctionnements de la justice » dans le traitement des nombreuses plaintes de la victime contre son mari Mounir Boutaa. Ces dysfonctionnements avaient d’ailleurs été confirmés par la Mission d’inspection dans son rapport remis au Premier ministre de l’époque, Jean Castex.
« L’actualité récente en Gironde nous rappelle qu’on en est encore là, qu’on n’a pas avancé sur la prise en charge de ces dossiers, » confie l’avocat à Rue89 Bordeaux.
Julien Plouton fait allusion à l’assassinat de Catherine Martin par son ex-conjoint ce 3 mars à Saint-Laurent-d’Arce. La victime avait auparavant porté plainte et son meurtrier, qui s’est ensuite donné la mort, avait déjà été condamné pour violences sur une ex-compagne et fait de la prison pour tentative d’assassinat.
« Faire réagir les esprits »
L’avocat bordelais précise que le dossier était déjà en cours de préparation avant ce dernier féminicide girondin et attendait que tous les enfants de Chahinez Daoud puissent y être associés. « Il fallait la dernière décision de justice pour obtenir la déchéance de l’autorité parentale du père. Celle-ci est tombée fin février 2023 », précise l’avocat. Ce dossier concernait le plus jeune des enfants, fils de Chahinez Daoud et Mounir Boutaa.
Dans la procédure révélée ce vendredi par Sud Ouest, la famille demandera un million d’euros de dédommagement. Maître Plouton insiste toutefois sur la « démarche citoyenne » destinée à « faire réagir les esprits » :
« Ce n’est pas un chiffre sorti du chapeau, on aurait très bien pu demander un euro symbolique de dommages et intérêts, mais il y a des méthodes de calcul et on s’est basé dessus. Il s’agit d’une perte de chance de survie qui un préjudice indemnisé selon un barème. Peut-être que cette somme ne sera pas accordée, mais le but est de faire reconnaître officiellement les erreurs de l’État. »
L’avocat de la famille Daoud rappelle par ailleurs que « des indemnisations seront prononcées dans le cadre de la procédure criminelle ». Il ajoute « avoir aussi souhaité agir à distance et non pas dans la continuité des événements, pour mener cette démarche de façon dépassionnée ».
« C’est une façon de signifier qu’il y a une hiérarchie des responsabilités dans cette affaire. Celle du passage à l’acte relève bien sûr de l’auteur des faits. »
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