Nicole, 52 ans, devait travailler cet après-midi. Salariée dans une clinique privée de la métropole, elle fait grève, comme tous les 8 mars. 15 000 personnes ont défilé dans les rues de Bordeaux, une marche « historique » selon l’AG Féministe, l’association organisatrice. La préfecture de la Gironde, elle, a recensé 2 500 personnes. Au lendemain de la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, l’intersyndicale a défilé en tête de cortège.
Inégalités
« Cette année je crois que c’est d’autant plus important d’être là pour défendre l’égalité », décrit Nicole, qui, avec la réforme, partirait à plus de 65 ans. Comme beaucoup de femmes, elle a une carrière professionnelle hachée, après s’être arrêtée pour élever ses deux enfants.
Dans le cortège des étudiants, Margaux, 23 ans, n’en n’est pas à sa première manifestation féministe :
« C’est important que les femmes de toutes les générations se mobilisent. Déjà sans la réforme, les femmes sont pénalisées car elles n’arrivent souvent pas à taux plein comme les hommes. Reculer l’âge de départ à 64 ans, c’est faire des femmes et des précaires les grands perdants de ce projet. »
1 milliard d’euros pour la lutte contre les violences
Lors de la manifestation, outre les revendications salariales et économiques, des pancartes ont rappelé la nécessité d’investir des moyens dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Dans le département, depuis le début de l’année, deux femmes ont été tuées par leurs conjoints ou ex.
Pour Annie Carraretto, co-présidente du Planning Familial de la Gironde, l’État doit « mettre les moyens ». À l’instar de l’Espagne, les organisations féministes réclament un budget d’un milliard d’euros pour mener à bien une politique volontariste et un parquet spécialisé :
« Nous parlons des protections des victimes, mais on parle aussi de tout ce qui peut être fait auprès des auteurs pour éviter la récidive. Il y a également la question de l’éducation à faire auprès des plus jeunes sur ces problématiques de violences. Il faut que les procédures soient accélérées à partir du moment où une femme dépose plainte. »
Deux féminicides en Gironde en 2023
Le 6 février, Laurence Clausse, 47 ans, a été assassinée par son mari à Gujan-Mestras. En cours de séparation, l’homme a tué sa compagne avant de retourner l’arme contre lui.
Le 3 mars, Catherine Martin, 54 ans, a été tuée à l’arme blanche par son ex-conjoint à Saint-Laurent-d’Arce. Ce dernier, qui s’est suicidé, avait été condamné à 20 ans de réclusion criminelle en 2006, par la Cour d’assises de Gironde, pour une tentative d’assassinat sur son ancienne compagne. Catherine Martin avait porté plainte à deux reprise en février à la gendarmerie de Saint-André-de-Cubzac.
Suite à ce féminicide, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a demandé une enquête de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale.
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